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lundi 26 mars 2012

Expo Marcel Duchamp à Munich 1912 au Kunstbau



La Lenbachhaus commémore le centième anniversaire du séjour de Marcel Duchamp à Munich par une grande exposition au Kunstbau.  L'exposition s'ouvre le 31 mars et durera jusqu'au 15 juillet.

Le Français Marcel Duchamp (1887-1968) bouleversa le monde artistique. Sa peinture Nu, descendant un escalier n ° 2 (1912) a capturé les idées et les influences de toute une époque. Avec ses ready-made, il a modifié la vision de la nature même de l'art , de la façon dont les artistes le produisent, de ce qu'est un musée en tant qu'institution, ses ready-made le rendent également partie prenante de la fondation de l’art conceptuel. 

L'artiste séjourna pendant trois mois à Munich en 1912, alors qu'il était âgé de 25 ans. Ce séjour, qui précède exactement l'invention du premier ready-made,  allait modifier durablement la conception de l’art de Duchamp, et ainsi, de tout l’art moderne, et lui procurera de nombreuses sources d'inspiration pour ses productions ultérieures.

Le soir du 21 juin 1912, Marcel Duchamp arrive à la gare principale de Munich, où son ami, le peintre Max Bergmann, passe le chercher. L’invitation vient à point, Duchamp traverse une crise profonde, artistique et privée. Il laisse à Paris Gabrielle Picabia – la femme de son meilleur ami – qui dédaigne son amour. Il est pour ainsi dire possédé par les théories en vogue sur une quatrième dimension, veut dépasser le cubisme, est agacé par ses amis peintres parisiens, déçu par son échec au Salon, et à la recherche de quelque chose de totalement nouveau sur le plan artistique. Ultérieurement, Duchamp n’évoquera plus jamais le nom de Bergmann, il ne parlera plus que d’un peintre de vaches qui l’aurait invité. L’artiste français attirera d'ailleurs ses interlocuteurs sur de fausses pistes en prétendant par exemple qu’alors, il n’avait jamais parlé à personne et vivait dans une chambre d’hôtel.

Duchamp utilise alors une partie de l'appartement du jeune ingénieur August Greß: il y sous-loue une pièce de dix mètres carrés qu'il utilise aussi comme atelier.  L'Almanach du Blaue Reiter le mentionnera bientôt comme un talent intéressant. Pendant les trois mois de son séjour, il créera plusieurs œuvres importantes, dont certaines peuvent être vus aujourd'hui dans ses musées comme par exemple le MOMA de New-York, qui possède la peinture "Le Passage de la Vierge à la Mariée". Ce qui prépare à d'autres œuvres produites après le séjour munichois, dont "Le Grand Verre". Lors de sa visite du Deutsches Museum et de l'exposition des Arts et de l'Artisanat bavarois, il a découvert d'importants détails techniques qui ont inspiré son travail. On sait aussi qu'il a écrit des cartes postales de la Hofbräuhaus et du château de Nymphenburg, et a qu'il s'est fait prendre en photo par Heinrich Hoffmann. Il s'est fréquemment rendu à l'Alte Pinakothek, où  il admire les peintures de Lucas Cranach l'Ancien qui devaient avoir une influence durable sur son travail. Anecdote amoureuse: au départ de Munich, il passera toute une journée dans un train pour rejoindre pour quelques heures seulement Gabrielle Buffet-Picabia à Andelot dans le Jura français.

Plus tard, Duchamp écrira à propos de son séjour dans la capitale bavaroise: "Mon séjour à Munich a été le théâtre de ma libération complète." L'été 1912 marque effectivement un tournant capital dans l'art de Duchamp. Rentré en France, Marcel Duchamp délaisse la  peinture et, quelques mois plus tard, “invente"  son premier ready-made: la Roue de bicyclette (1913). Rappelons que le ready-made est la redéfinition d'un objet produit industriellement comme une œuvre d'art. Est-ce à Munich que Duchamp a développé ses premières idées pour ce moment révolutionnaire dans l'histoire de l'art? A-t-il puisé son inspiration au Deutsches Museum? C'est aussi à Munich que Duchamp a acquis le livre de Wassily Kandinsky "Du spirituel dans l'art" , et qu'il a pris des notes à même son exemplaire alors qu'il le lisait. Cette période à Munich a été très productive pour Duchamp. 

Quelles ont été les influences qui ont conduit à une telle redéfinition radicale de la notion d'art? Telle est la question que pose l'exposition de Munich. Le motif initial pour le voyage de Duchamp semble clair - il quitte Paris  après que son "Nu, descendant un escalier n ° 2" a été rejetée par le Salon des Indépendants. Aujourd'hui, cette oeuvre alors dédaignée est considérée comme l'un des tableaux les plus célèbres de la période moderniste. Cela fait  de nombreuses années cette peinture n'a plus été exposé en Europe, et elle n'a jamais été exposée en Allemagne. C'est à présent chose faite puisqu'elle fait partie des oeuvres présentées au Kunstbau.  Aucune exposition n'avait jusqu'ici été consacrée au seul Marcel Duchamp à Munich. Aucun musée munichois ne possède d'oeuvres de l'artiste, ce qui fait de l'exposition de la Lenbachhaus un événement particulier et exceptionnel!

L'exposition présente des oeuvres appartenant au Musée d'Art de Philadelphie de l'art, au Musée d'Art Moderne de New York, à la Tate Gallery de Londres, à la Menil Collection à Houston, au Centre Georges Pompidou de Paris, au Staatliches Museum de Schwerin et à de nombreux prêteurs privés.

Une publication accompagnera l'exposition avec des textes de Kornelia von Berswordt-Wallrabe, Steffen Bogen, Ecke Bonk, Molderings Herbert et Michael R. Taylor, ainsi que de Paul B. Franklin, Helmut Friedel, Thomas Girst, Gerhard Graulich, Matthias Mühling , Helena Pereña, Felicia Rappe et Kornelia Röder.

Du 31 mars au 15 juillet, au Kunstbau (Métro Königsplatz), du mardi au dimanche de 10 à 18 heures.

Source principale: Lenbachhaus/Kunstbau

1 commentaire:

  1. bonjour, j'ai été voir l'expo hier et je dois dire que je n'avais (dois-je l'avouer) jamais entendu parler de Marcel Duchamp auparavant. L'expo est intéressante, mais heureusement que je me suis renseigné par moi-même avant, car j'ai trouvé que tout était décousu et assez déroutant, il n'y a aucune interactivité : par exemple pas très loin du "grand verre" sont présentées les notes personnelles de l'artiste, soit; mais d'une part, même en Français, on n'arrive pas bien à déchiffrer, alors que tout au fond de la salle d'exposition se trouve une boite avec les mêmes fiches, cette fois-ci en tapuscrit avec la traduction en Allemand. Alors pourquoi n'ont-ils pas placé cette boîte juste à côté du "grand verre" afin que nos amis allemands tout au moins puissent y comprendre quelque chose (et moi perdre moins de temps à déchifrer). C'est déjà suffisamment abstrait comme ça pour ne pas rajouter de la difficulté. De plus l'éclairage est assez mauvais (ombres sur le haut des tableaux) et le prix pas donné (8€). Bon point selon moi : les vidéos et interviews (en Anglais) de l'artiste qui apprennent beaucoup de choses sur le personnage.
    Bravo pour le contenu de cet article en tout cas, c'est très fourni et bien écrit! Je recommande quand même l'expo mais en évitant de débarquer comme une fleur sans petite recherche préalable. tschüssli, Olivier

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