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jeudi 29 novembre 2012

J'ai vu mon père embrasser le Père Noël

Daddylovessanta

Une campagne de l'Union nationale des étudiants britanniques (NUS) en faveur du mariage pour tous. Plus d'infos sur la page web de la NUS.

Le livre de la jungle au Deutsches Theater. Une comédie musicale pour petits et grands.

Le Staatstheater am Gärtnerplatz et le Deutsches Theater nous invitent en décembre et en janvier  à revivre l'histoire de Mowgli dans la version pour comédie musicale d'Alexander Berghaus, d'après le célèbre roman de Rudyard Kipling, sur une musique de Bob Edwards et de Hans-Wolfgang Bleich. La mise en scène et la chorégraphie en ont été confiées à Alexandra Frankmann. C'est Andreas Kowalewitz qui dirige l'orchestre.

Josef E. Köpplinger, le nouvel intendant du Théâtre de la Gärtnerplatz, est familier de cette comédie musicale puisqu'il l'avait mise en scène à Berlin en 1994, où il avait alors recueilli un grand succès. Près de 20 ans après, il a reprogrammé à Munich cette oeuvre qui convient particulièrement bien aux enfants et aux familles. 

Le tigre rôde dans la jungle et les animaux de la forêt se font du souci pour Mowgli, un jeune humain qu'ils ont recueilli et élevé. Baghera la panthère et l'ours Baloo parviendront-ils à sauver le  fils de l'homme des attaques et de la convoitise du tigre?

Dates des représentations:

Le 30 novembre
Du 1er au 22 décembre
Et du 3 au 13 janvier 
Pas de représentations les lundis
Prix spéciaux pour les familles
Theater-Hotline (089) 55 234 222 

Forever Crazy: le Crazy Horse est en tournée à Munich



LE CRAZY HORSE POUR LA 1ÈRE FOIS EN TOURNÉE INTERNATIONALE!

Le célèbre cabaret parisien présente Forever Crazy, un spectacle conçu tel un hommage à Alain Bernardin, fondateur du Crazy Horse Paris. C’est la première fois que, dans le cadre de ces représentations exclusives, le Crazy Horse Paris organise une tournée internationale.

Du 2 au 15 décembre au Postpalace de Munich

Tickets sur muenchentichets.de

mardi 27 novembre 2012

L'intelligence du coeur


Trouvé sur la toile

Le sida gagne du terrain en Allemagne: nouvelle estimation de l'Institut Robert Koch

Drei junge Mädchen mit AIDS-Schleife. Quelle: © michaeljung/Fotolia.comMauvaises nouvelles sur le front du sida en Allemagne: le nombre des personnes porteuses du virus VIH a atteint un niveau record en 2012. Il y aurait environ 80000 personnes séropositives, dont 14000 n'en sauraient rien: beaucoup d'entre elles seraient porteuses du virus depuis des années. Cela signifie que le combat contre le virus n'est actuellement pas couronné de succès et que la plus grande vigilance s'impose.

L'Institut Robert Koch de Berlin (RKI) a communiqué ces chiffres ce lundi. L'Institut estime à 3400 le nombre de nouvelles infections, contre 3300 en 2011, ce qui porte à 78000 le nombre de personnes séropositives. Le chiffre des personnes qui ignorent qu'elles sont porteuses du virus est bien sûr statistique et est induit à partir du nombre de nouveaux cas décelés. Ces 14000 personnes posent particulièrement problème puisque ce sont surtout elles qui contribuent à la propagation du virus.

L'expansion du nombre des personnes infectées tient également au fait que les thérapies sont plus efficaces, ce qui réduit la mortalité: en 2012, environ 550 personnes sont décédées du sida. 50000 personnes sont soumises à une thérapie, 14000 personnes ne reçoivent pas de traitement (soit qu'elles n'en ont pas besoin, soit qu'elles le refusent surtout en raison des effets secondaires des traitements) 14000 personnes sont infectées sans le savoir.

51000 des 78000 personnes séropositives sont des hommes qui ont ou ont eu des rapports sexuels avec d'autres hommes.

Ces chiffres sont alarmants, ce qui entraîne qu'il faut intensifier le combat contre la maladie et y apporter les crédits nécessaires. Il faut notamment intensifier le nombre des contrôles, selon l'Institut Robert Koch.

dimanche 25 novembre 2012

ARTE fête cette nuit les 70 ans de Rosa von Praunheim




Ce soir sur Arte, hélas alors que la plupart seront déjà couchés, ARTE diffusera un documentaire réalisé à l'occasion du 70ème anniversaire d'une des plus grandes figures du mouvement de libération gay, Rosa von Praunheim. Si vous n'êtes pas noctambules, à vos enregistreurs!


Voici la présentation du documentaire sur le site d'ARTE! 70 ans de vie et 70 productions à son actif! Voir aussi le site du cinéaste.

Rosa von Praunheim fête ses 70 ans. Cinq réalisateurs brossent son portrait intime.
DÉTAILS
WDR / © Kordes und Kordes Film

dimanche, 25 novembre 2012 à 23:45

Rediffusions :
11.12.2012 à 02:15
Les enfants de Rosa 
(Allemagne, 2012, 90mn)
WDR
Réalisateur: Julia von HeinzChris KrausAxel RanischRobert ThalheimTom Tykwer
Image: Dennis Pauls
Montage: Milenka Nawka
Acteur: Rosa von PraunheimJulia von HeinzChris KrausAxel RanischRobert ThalheimTom Tykwer
Production: KORDES & KORDES FILMWDR / ARTE
Producteur: Alexandra KordesMeike Kordes
Rédacteur: Andrea HankeAndreas Schreitmüller
VOSTStéréo16 / 9HD natif
Pionnier du cinéma gay et ardent militant de la cause, Rosa von Praunheim fête ses 70 ans. Cinq réalisateurs brossent son portrait intime.
Ils sont cinq réalisateurs - quatre hommes et une femme -  aux personnalités pour le moins éclectiques. Mais ils ont décidé de relever ensemble un drôle de défi : tracer, via le cinéma, un portrait de Rosa von Praunheim et évoquer leurs rapports respectifs à cette figure tutélaire.
Rosakinder est un film intime et autobiographique qui interroge le métier de cinéaste, la création, la provocation, la relation maître-élève, la violence, le sexe et la tendresse. Si Rosa von Praunheim adore les paillettes et le "m'as-tu-vu", comment est-il quand les projecteurs sont éteints ? Quel ami est-il au quotidien, une fois la caméra posée ? Et quel professeur ? Une question taraude plus encore les réalisateurs : comment mettre en scène un personnage qui sait si bien le faire lui-même ? Un patchwork en forme de déclaration d'amour à celui qui a croisé leur route à un moment ou à un autre, et qui les a durablement influencés.

vendredi 23 novembre 2012

Pink Christmas: le marché de Noël gay et lesbien de Munich


A l'instar de Francfort et de Cologne, Munich a la particularité de vous proposer de préparer Noël en rose ( ou en fuchsia si vous préférez). Le quartier gay vous propose la huitième édition de son désormais célèbre PINK CHRISTMAS. Cette année, vous aurez l'occasion de le visiter pendant plus de trois semaines, une période plus longue que les années précédentes: du lundi 26 novembre jusqu'au 23 décembre.

Comme partout ailleurs, vous aurez l'occasion d'y déguster vin chaud et spécialités culinaires en retrouvant des amis ou en faisant de nouvelles connaissances et d'y faire vos achats de Noël. Mais ce marché se distingue aussi par sa décoration: les sapins y sont plus souvent roses que verts et les couleurs de l'arc-en-ciel, emblématiques du monde gay, donnent le ton.

Photo

Chaque soir vers 19 heures, un spectacle typiquement LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) animera le marché. Pendant une demi-heure ou davantage, un spectacle de travestis, de magie ou de cabaret vous tiendra en haleine pendant que vous dégusterez Glühwein, Hot Caipi ou Prosecco. On annonce de grand.e.s artistes comme Gene Pascale, Ikenna Beney et Chantal G. Le samedi le DJ James animera la soirée, 4 soirées seront animées par son collègue le DJ Louie Pacard. On annonce aussi les célèbres Silvia Francesca et Franziska Ball, et l'excellent cabarettiste Holger Edmaier. Cette année les années épinglent la présence de Patrick Lindner, Gitti & Erica et de Linda Teodosi. Pour accéder au programme détaillé, cliquer ici.

Le Pink Christmas: une occasion en or (en rose ou en lilas) de côtoyer la communauté gay et lesbienne de Munich.

Où et quand: Stephanplatz (U bahn Sendlingertor, sortie Müllerstrasse)
Du lundi au vendredi: de 16 à 22H
Samedi et dimanche: de 12 à 22 H

Plus d'infos: cliquer ici

On peut avoir un avant-goût du Pink Christmas en regardant la video de l'édition 2011:

samedi 10 novembre 2012

L'Illusion conjugale, une pièce en français à la Tankstelle de Munich

illusion-fb.jpg

Un public de francophones ravi et complice a pu assister hier soir à la première de l'Illusion conjugale que représente la  Compagnie Antéros à la TANKSTELLE.

Le texte d'Eric Assous est réglé comme du papier à musique. Intelligent, rapide, acerbe, redoutable et éminemment drôle, il nous donne à voir une nouvelle version d'une situation classique du théâtre français, celle qui met en présence le trio habituel du mari, de la femme et de l'amant supposé.

PhotoUn couple infidèle décide de régler ses comptes et de jouer au petit jeu dangereux de la vérité, mais les partenaires sont inégaux, au mari m-as-tu-vu qui affiche une réussite professionnelle cinglante avec un profil de gagnant grande gueule fait face une femme perspicace et incisive qui restera maîtresse du jeu. En fait le jeu se joue à douze contre un, le mari finit par avouer une douzaine de maîtresses  éphémères, sur le mode vite fait bien fait, des maîtresses coincées entre deux réunions de ses voyages d'affaires, alors que la femme ne concède qu'un seul amant, une liaison de 9 mois, dont on ne sait si elle est terminée, avec un seul homme. D'un côté des passades, de l'autre ce qui a tout l'air d'une relation amoureuse. Les enjeux sont différents, et tous les stéréotypes habituels qui opposent psychologie féminine et masculine sont utilisés. On est au vingt-et-unième siècle, la pudeur et les sens du secret ne sont presque plus de mise, la psychologie relationnelle de bazar est passée par là, on est frottés au discours freudien et même lacanien, notre société compétitive est modulée par des techniques agressives de vente auxquelles on a tous été confrontés ou que nous utilisons nous-mêmes, on a fait des thérapies et si on n'est pas passé soi-même sur le divan, notre meilleur(e) ami(e) en fait une depuis trois ou quatre ans. De nouvelles modalités relationnelles en résultent nécessairement, et cette pièce en est l'expression.

Jeanne et Maxime pourraient avoir été élevés par George et Martha, les protagonistes de Qui a peur de Virginia Woolf?, mais Eric Assous traite le jeu de la vérité avec beaucoup moins de cynisme destructeur et davantage d'humour et de tendresse que dans la pièce d'Edward Albee. Comme chez Albee, il leur faut un témoin sans lequel le jeu  ne serait pas complet, et comme Maxime soupçonne son meilleur ami, un dénommé Claude, d'être l'amant de sa femme, et que justement le meilleur ami téléphone pour proposer une partie de tennis à Jeanne, il l'invite à déjeuner. Le trio est réuni, et enfermé, avec une situation à la Huis clos, mais sans que le jeu des quatre vérités devienne jamais vraiment tragique. On ne saura jamais si Claude et Jeanne sont amants, c'est Maxime, plus balourd, qui se fera piéger, et qui avouera avoir couché, entre autres, avec l'ex femme de Claude, qui l'a récemment quitté. A la réussite matamoresque et goujate de Maxime, qui étale succès professionnels, voitures de luxe et de nombreuses maîtresses, Assous oppose le personnage de Claude, un loser doux et tendre, plus réservé. A la fin de la pièce, on n'est pas plus avancé qu'au début, l'amour, les amours et l'amitié semblent cependant l'emporter. La vie va continuer, avec sa complexité, ses petits arrangements et ses petites menteries. Les amis resteront amis, le couple continuera à fonctionner, et peut-être Claude et Jeanne resteront-ils amants, ou le deviendront-ils, alors que Maxime continuera à jouer les coucous. Eric Assous a ciselé sa pièce avec toute l'efficacité de l'esprit français qui fuse à toutes les répliques. C'est notre monde qui est représenté là, il nous en présente le miroir avec suffisamment de tendresse pour que nous sortions amusés et ravis du spectacle.

Les décors ne jouent pas un grand rôle dans cette pièce. Les trois comédiens portent le poids de la pièce et de sa réussite. C'est l'exploit que réalisent Marcus Morlinghaus (Maxime), Marie Nebel (Jeanne) et Thierry Seroz (Claude) qui ont su rapidement abolir la distance théâtrale et nous faire  participer au jeu de l'amour, des amours, de la tragédie, de la tendresse et de l'humour. De superbes comédiens, avec une forte présence en scène, beaucoup de naturel  et de vivacité, une excellente diction, l'enthousiasme et l'art du métier.

Un bon moment francophone à Munich, une pièce à ne pas manquer.

Une coproduction de la Cie ANTÉROS* et du TEAMTHEATER TANKSTELLE.
Les dates

le 10 novembre
du 14 au 17 novembre
du 21 au 24 novembre
du 28 novembre au 1er décembre
à 20 heures

Renseignements et réservations
cliquer ici

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vendredi 9 novembre 2012

Opéra: création du Bal d'Oscar Strasnoy à Munich

Oscar Strasnoy, composer
Oscar Strasnoy
Avec la création munichoise  hier soir du Bal au Prinzregententheater, l' opéra en français d'Oscar Strasnoy créé à Hambourg en 2010, en est à sa troisième production, mais à sa deuxième mise en scène puisque lors de sa récente présentation au Châtelet lors du festival Présences, il s'agissait d'une version concertante mise en espace par le librettiste Matthew Jocelyn. La création munichoise s'est déroulée en présence du compositeur, qui a fait le déplacement depuis Bordeaux où il est en train de créer son nouvel opéra, intitulé Slutchaï.

Au Prinzregententheater, Le Bal était présenté en deuxième partie d'un spectacle organisé par l'Académie de théâtre August Everding en collaboration avec le  Münchner Rundfunkorchester. En première partie, les élèves de l'Académie théâtrale ont présenté I pazzi per progetto de Gaetano Donizetti. La mise en parallèle des deux oeuvres au cours d'une même soirée fait sens, puisque les deux livrets mettent en scène des personnages dont l'histoire touche de diverses manières à la folie: alors que chez Donizettti les protagonistes se rendent dans un asile sans être véritablement fous mais en simulant parfois la folie, les personnages de l'opéra de Strasnoy déjantent et ont des comportements qui dépassent l'acceptable: une mère hystérique, une gouvernante irlandaise timbrée,  des adultes ayant des comportements sexuels débridés en présence d'une adolescente naturellement effarouchée blessée dans son intimité et sa pudeur. Ainsi la folie sert-elle de fil thématique conducteur à la soirée. Dans le Donizetti, on remarque particulièrement l'impressionnante performance de la soprano Sumi Hwang qui domine une distribution de qualité dans une époustouflante interprétation du persdonnage central de Rosina. La coréenne avait récemment enchanté le public munichois en remportant le deuxième prix du concours international 2012 de l'ARD.

La mise en scène des deux oeuvres a été confié à Karsen Wiegand, qui dirige actuellement le Théâtre national de Weimar. Pour la farce de Donizetti, il a imaginé un caisson à trois compartiments aux murs capitonnés qui figure l'hôpital psychiâtrique, alors que le Bal se déroule dans un intérieur au luxe tapageur et criard d'un mauvais goût à la nouveau riche. Les décors de Bärbl Hohmann et Anika Söhnholz séduisent par leur efficacité évocatrice.

Avant le spectacle, le compositeur argentin a répondu à quelques questions que lui adressait un dramaturge lui aussi en formation à l'Académie Everding. Oscar Strasnoy y a insisté sur l'importance qu'il accorde au choix du récit à partir duquel il compose ses opéras. Il est primordial qu'il se sente inspiré par le récit et par le livret qui en est tiré. Cette inspiration, il l'a éprouvée à la lecture du roman  éponyme d'Irène Némirovsky. Quant à la composition, Oscar Strasnoy évoquait son goût pour la citation. C'est le cas à diverses reprises dans le Bal, où des bribes de musique populaire irlandaise se font entendre dans la partition de la gouvernante irlandaise, et d'autres de musique klezmer pour évoquer les racines juives du père d'Antoinette, un Juif converti au catholicisme mais resté marqué par sa culture d'origine. Il ne s'agit pas de citations musicales directes, mais plutôt de créations d'atmosphères musicales évocatrices. Ici aussi le parallèle avec la farce de Donizetti est rendu possible  puisque l'art de la citation, rossinienne en l'occurence, ou de l'auto-citation (Una furtiva lacrima par exemple), y est aussi présent (quelles soient dues à l'auteur ou ajoutées pour les besoins du spectacle).

La tragédie familiale du Bal est traitée avec humour et ironie, et cela s'entend dans la partition: bruits de machine à coudre en début d'opéra, soufflerie puissante et bruyante  qui vient disperser et faire s'envoler les morceaux des lettres d'invitation déchirées par Antoinette et qui prendront la voie des airs à la place de l'acheminement postal, des lettres qui ne parviendront jamais à leurs destinataires, ce qui mènera au fiasco de la soirée de bal que voulait donner la mère parvenue, citations amusées des musiques klezmer et irlandaise. Les effets de la partition de Strasnoy participent à la théâtralisation de l'oeuvre, avec un traitement très réussi des voix, spécialement des voix féminines avec de belles stridences dans l'évocation de la folie de la gouvernante, de l'hystérie de la mère ou de la révolte de l'adolescente, avec ausssi des vents et des cuivres qui savent ménager des effets comiques. Son écriture musicale interpelle, intéresse et séduit, le ton en est à la fois nouveau et intelligible, même à certains moments, la composition semble trop convenue comme lors de l'utilisation du tic tac de l'horloge pour marquer le temps qui passe et l'attente. 

Les étudiants de l'Académie Everding nous font vivre des moments d'opéra d'extraordinaire qualité, avec toute la fougue et l'enthousiasme de débutants aux talents déjà affirmés. Si plusieurs ont maille à partir avec la diction française, on apprécie les performances vocales, les talents d'actrice et le soprano aigu de Dorothee Koch qui incarne la mère et le remarquable jeu de scène de Katharina Ruckgaber qui donne une adolescente torturée et facétieuse en pleine révolte contre des parents m'as-tu-vu, parvenus et d'une indécence sexuelle qui serait monstrueuse si elle n'était pas simplement caricaturale.

Le compositeur a semblé ravi de la production et, invité sur scène aux applaudissements, a reçu un accueil à la mesure de la qualité de son écriture musicale. On sort enthousiasmés du travail des étudinats de l'Académie Everding et ravis d'avoir pu assister à la création d'un nouvel opéra sur les scènes munichoises.

Prochaines représentations:
Les 10, 16 et 18 novembre à 19H30
Soirée jeune public le 14 novembre à 19 heures (pour jeunes à partir de 14 ans)
Matinée scolaire le 11 novembre à 11H (uniquement Donizetti)
au Prinzregententheater de Munich

Plus d'infos sur www.br.de/radio/br-klassik/muenchner-rundfunkorchester
Tél.: (089) 21 85 19 70

Post précédent sur le sujet: cliquer ici

Plus d'infos sur le compositeur: visiter son site http://www.oscarstrasnoy.info/

jeudi 8 novembre 2012

Humour allemand: Mitt Romney

Glâné sur facebook où cela fait le buzz

Curieuse irruption de la publicité au Bayerisches Staatsballett



On voit fleurir sur internet une nouvelle forme de collaboration entre une firme de produits cosmétiques et le Ballet national bavarois. Le Bayerisches Staatsballett semble avoir passé un accord publicitaire avec la firme Artdeco, une ligne de produits de maquillage professionnel, de soins pour le corps, les mains, le visage, les pieds et ongles. Et sur la page facebook du Ballet national, on peut lire que la firme Artdeco fournirait gracieusement les danseuses du ballet national en produits de beauté. A l'occasion de cette nouvelle collaboration, le Ballet national bavarois offre deux places pour assister à sa nouvelle production, le ballet Forever young. Et des sets de produits de beauté sont à gagner.

Voila un curieux pas de deux. Il est d'usage courant que de grands consortiums sponsorisent de prestigieuses institutions culturelles, mais cette nouvelle forme de collaboration franchit un pas supplémentaire: l'image du ballet est utilisée pour promouvoir une marque. Cela n'est pas sans poser question lorsqu'il s'agit d'institutions culturelles qui bénéficient largement de subventions publiques. Verra-t-on bientôt dans nos salles de théâtre des intermèdes publicitaires comme c'est le cas dans les salles de cinéma? Il ne s'agit plus de mécénat, cela a plutôt l'air d'une forme de collaboration commerciale.

Et les danseurs masculins dans tout cela? La Ballet national n'annonce pas qu'ils bénéficient des mêmes cadeaux en produits de beauté. On aimerait lire une savoureuse analyse socio-anthropologique de ce type d'encart publicitaire. 

Source de la photo publicitaire et plus d'infos sur le concours: voir la page Facebook du Bayerisches Staatsballet.

mardi 6 novembre 2012

La Cour suprême espagnole bétonne le mariage pour tous

Imagen de la visita virtual del Tribunal ConstitucionalJoie suprême dans les communautés gay espagnoles et internationales et pour tous les progressistes: la Haute Cour espagnole, le Tribunal constitutionnel (El Constitucional) a rejeté en début de soirée le recours déposé par le Partido popular, qui avait argué de l'inconstitutionnalité du mariage des personnes du même sexe que le Parti Socialiste avait légalisé en 2005. Les juges du Tribunal constitutionnel ont rejeté le recours du parti de Rajoy par 8 voix contre 3. Sept juges progressistes et un juge conservateur ont voté en faveur du mariage pour tous, trois juges conservateurs ont voté contre et un juge conservateur a eu l'élégance de s'abstenir car il avait publiquement pris parti contre le mariage des personnes du même sexe avant qu'il ne soit voté.

La Haute Cour constitutionnelle approuve ainsi le mariage des personnes du même et le bétonne. Le recours du Partido popular se retourne en quelque sorte contre lui puisque les juges l'ont refusé à la majorité absolue. Le recours concernait essentiellement l'utilisation du mot 'mariage' pour désigner l'union de personnes du même sexe, mais les Constitutionnalistes ont estimé que la Constitution ne définit pas le terme de mariage de manière restrictive, même si par le passé on l'employait pour désigner l'union d'un homme et d'une femme.

On peut imaginer qu'à la joie des progressistes espagnols correspond la rage des conservateurs et notamment du clergé catholique qui a mené des campagnes véhémentes contre le mariage pour tous. Dura lex sed lex.









Le Bal d'Oscar Strasnoy et I pazzi per progetto de Gaetano Donizetti au Prinzregententheater


Oscar Strasnoy
"Le Bal"
pour six voix et orchestre
Gaetano Donizetti
"I pazzi per progetto"
Farce en un acte

Ulf Schirmer dirigera l'Orchestre radiophonique munichois (Münchner Rundfunkorchester) pour cette production qui donne l'occasion aux étudiants de l'Académie bavaroise de théâtre August Everding de faire l'expérience de la scène, et dont la mise en scène est réalisée par Karsten Wiegand. Pour le public, c'est aussi l'occasion de découvrir de jeunes talents et un opéra récent du compositeur franco-argentin Oscar Strasnoy, Le Bal, un opéra basé sur un roman d'Irène Némirovsky, et un livret de Matthew Jocelyn qui a été créé à l'Opéra de Hambourg en mars 2010. Le roman de Némirovsky raconte l'histoire d'une jeune adolescente de 14 ans qui désire participer à un bal et se heurte au refus courroucé de sa mère.


Première le 8 novembre 2012 à 19H30
Représentations suivantes les 10, 16 et 18 novembre à 19H30
Soirée jeune public le 14 novembre à 19 heures (pour jeunes à partir de 14 ans)
Matinée scolaire le 11 novembre à 11H (uniquement Donizetti)


Tél.:     (089) 21 85 19 70      


dimanche 4 novembre 2012

Forever Young par le Ballet d'Etat bavarois

The Moor's Pavane. Proben. ©Dayuth Kol

La nouvelle production du Bayerisches Staatsballet, Forever Young, réunit trois ballets aux qualités intemporelles: 
  • Le trio Broken Fall, créé en 2003 par le chorégraphe Russell Maliphant pour Sylvie Guillem, William Trevitt et Michael Nunn au Royal Opera House Covent Garden, une oeuvre qui traite du danger de la chute, un danger qui guette constamment l'être humain. Maliphant joue sur la force de gravité avec une soliste qui escalade ses partenaires masculins avec un jeu subtil de chutes et de rééquilibrages.
  • José Limón avait chorégraphé la tragédie shakespearienne Othello dans une Pavane d'une quinzaine de minutes: la  Moor's Pavane, créée en 1949, est un témoin de la 'Modern Dance', une chorégraphie pour quatre danseurs qui nous entraînent dans l'histoire abyssale d'Othello, de Desdemone, de Jago et d' Emilia. 
  • Enfin le Ballet d'Etat bavarois présentera le premier ballet abstrait de l'histoire du ballet, Choreartium, un ballet sans action dramatique et sans étude psychologique des protagonistes. Léonide Massine a transposé la structure et l'atmosphère de la quatrième symphonie de Brahms en langage chorégraphique, en suivant l'instrumentation de la partition.
Cette fois, contrairement à la tradition du Ballet bavarois, les ballets ne seront pas reconstitués selon les productions originales, mais réinterprétés  par le hollandais Keso Dekker, un des maîtres du décor et du costume contemporains. C'est qui dirigera l'orchestre d'Etat bavarois.


Première le samedi 17 novembre
Puis les 19, 23 et 29 novembre 2012 au Théâtre National

Human Rights Campaign contre Mitt Romney



Mitt Romney wants you to think he'll be an advocate for the LGBT community, but his actions and words have proved he's the opposite.

Mitt Romney veut vous faire croire qu'il défend les droits de la communauté LGBT mais ses actions et ses mots prouvent le contraire.

Pour en savoir davantage sur la position de HRC: http://www.HRC.org/Romney

vendredi 2 novembre 2012

Création de Babylon de Jörg Widmann à l'Opéra de Munich

L'Opéra de Munich vient de présenter au public le 27 octobre la création mondiale du deuxième opéra de Jörg Widmann, Babylon. L'oeuvre est dirigée de main de Maître par le directeur musical de la maison, Kent Nagano, qui en est à sa dernière saison à Munich, avant de partir rejoindre Hambourg la saison prochaine. Un plateau remarquable: Jussi Myllis dans le rôle de Tammu, Claron McFadden dans celui de l’Âme, Anna Prohaska dans celui d'Inanna et Willard White dans ceux du Prêtre-roi et de la Mort.  La mise en scène a été confiée à la compagnie de la Fura dels Baus,  célèbre pour ses remarquables productions, sous la direction de Carlus Padrissa. Elel avait déjà invitée la saison passée pour monter Turandot à Munich.

Un Rubik's cube des alphabets du monde
Le livret a été rédigé par le philosophe et essayiste allemand Peter Sloterdijk, qui produit ici son premier livret d'opéra. Au vu du sujet de l'oeuvre qui évoque la Babylone antique du temps de la déportation des Juifs, vers 600 avant notre ère,  il est peut-être important de rappeler qu'on doit notamment à Peter Sloterdijk un ouvrage marquant centré sur la thème de la colère en psychologie politique,  La folie de Dieu (2008). Il y  dénonce les excès des trois monothéismes zélateurs se réclamant du récit d'Abraham, que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam. Un ouvrage qu'on pourrait lire ou relire à l'occasion de cette nouvelle production: il y expose l'intolérance de ces religions de l'Un, et propose une nouvelle manière de résoudre les conflits par la communication et la valorisation d'une éthique de la civilisation. C'est que Sloterdijk et Widmann créent avec Babylon un Gesamtkunstwerk (une oeuvre d’art totale), qui donne une nouvelle approche du mythe babylonien. Nous connaissons généralement Babylone par le truchement de la Bible, un ensemble de livres qui stigmatisent Babylone comme la ville du péché par excellence: une ville polythéiste, déjà punie par Dieu dans les épisodes de la tour de Babel et du déluge, une ville orgueilleuse et dominatrice qui a soumis Jérusalem à sa loi et a déporté en exil le peuple juif. Mais ce n'est pas la Babylone de la colère et de la punition divine qui a retenu l'attention du compositeur et du librettiste. La vision partiale de l'histoire vue du point de vue biblique n'est pas retenue, mais bien celle des scientifiques qui à partir de la fin du 19ème siècle découvrent une Babylone qui invente l'écriture, une invention bouleversante qui marquera fondamentalement toutes les civilisations de la planète, une Babylone qui invente et planifie la Ville, qui codifie la Loi, et sait ordonnancer une société comme elle ordonnance l'urbanisme, la Babylone de l'érotisme et de l'amour libre, en somme des valeurs qui nous sont très actuelles. La Babel de Sloterdijk et Widmann n'est pas orgueilleuse et défiant Dieu, mais une ville vivante et créative, une métropole polyglotte et multiculturelle, un creuset dans lequel des cultures diverses se côtoyent et apprennent à vivre ensemble, avec toute la richesse et les développements que cela permet. Une ville qui fait l'expérience de la souffrance et du chaos, mais dans laquelle c'est à l'humanité de se prendre en charge et d'instaurer un ordre terrestre.

L'Euphrate (Gabriele Schnaut)
Deux civilisations se heurtent et se rencontrent 600 ans avant notre ère. Les livres bibliques attribués aux prophètes Jérémie et Ezéchiel en rendront compte à leur manière. Dans le nouvel opéra, ce choc civilisationnel s'incarne dans les protagonistes: la difficile relation amoureuse entre la prêtresse babylonienne Inanna et l’exilé juif Tammu qui met en relief les différences culturelles entre les deux peuples. Le héros juif Tammu sera tiraillé entre son attirance pour l'Âme, un personnage allégorique qui incarne la nostalgie de la terre natale et le désir d'y retourner, la fidélité à la nation juive, et son amour pour la prêtresse Inanna, ce qui n'est pas sans rappeler les déchirements de Tannhaüser entre le pôle amoureux et érotique de Vénus et le pôle sage, ordonné et philosophique d'Elisabeth. Lorsque Babylone vit sous la menace de cataclysmes, le Fleuve Euphrate élève la voix (extraordinaire Gabriele Schnaut) pour clamer son innocence et refuser d'assumer la responsabilité de la catastrophe. Le Prêtre-Roi propose alors aux  Babyloniens d'offrir une victime expiatoire: ils sacrifieront  Tammu pour apaiser la colère des dieux. Mais Innana, en contre-Orphée, ira à la rencontre  de la Mort et la convaincra de l'impensable: ramener Tammu à la vie. La force de son amour finira par convaincre la Mort qui permettra le retour de Tammu à la vie, à la condition que les deux amants ne se quittent pas une seconde des yeux pendant la remontée vers le royaume des vivants.

Magie du nombre sept, phalluset vulves
Enfin, les Babyloniens ne sont pas seulement les inventeurs de l'Alphabet et de la Ville, ils sont aussi le ordonnateurs du temps. Pour rétablir l'ordre et sortir le monde du chaos, ils inventent la règle de la semaine de 7 jours. L'opéra est placé sous le signe du Sept: sept tableaux, sept phallus et sept vulves géants qui évoquent les fêtes orgiaques du cycle des saisons, sept personnages en costumes d'Arlequins qui figurent des planètes qui correspondent chacune à un jour de la semaine. Les musicologues s'attacheront sans doute à retrouver le chiffre sept dans la partition de Jörg Widmann.

En somme, Widmann et Sloterdijk nous proposent une Babylone fantasmée à partir de la Babylone historique, et dont le destin évoque les problématiques des mégapoles modernes et pose la question de la faisabilité et de l'utopie de la vie multiculturelle commune: à l'opposé du mythe d'Orphée qui perd son Euridyce, l'Amour d'Innana ramène Tammu à la vie; l'Amour et  l'Ordre pourraient-ils vaincre les dissensions religieuses et culturelles? Notre société est-elle capable de civilisation et de culture? Au sortir de l'opéra, la question reste posée et la réponse en est ouverte. le tableau final, celle d'une Babylone envahie par des hommes-scorpions qui croissent et se multiplient à grande vitesse, n'incite cependant pas à trop d'optimisme.

La mise en scène de Carlos Padrissa et de la Fura del baus est à l'aune de la partition de Widmann et du livret de Sloterdijk: au déferlement des sons et des idées  correspond un déferlement de vagues visuelles  parfaitement orchestrées et d'une beauté souvent confondante, avec une visualisation rimbaldienne du langage qui donne vie et  couleurs aux lettres des alphabets de toutes origines, des pictogrammes cunéiformes aux alphabets grecs et latins. Les lettres déferlent de toute part, s'articulent en architectures pour former les murailles et les portes gigantesque d'une Babylone mythique. L'Euphrate lui-même est figuré par des panneaux mouvants portés à bout de bras dans des tranchées de scènes. Et quand ce monde de lettres s'effondre, un mythique homme-scorpion survit dans les décombres de la civilisation et se démultiplie, envahissant les ruines de la mégapole.

Les couleurs, le fleuve et les sons se répondent, l'orchestre déborde lui aussi de son cadre habituel et envahit les loges d'avant-scène où prennent place des percussionnistes qui à l'aide d'instruments plus exotiques vont rendre compte de la babélisation du langage, la diversité musicale contribue au multiculturalisme ambiant. Tamtams, xylophones, vibraphones, gongs, tambourins, castagnettes et autres maracas, un nombre impressionnant d'instruments des musiques du monde est sollicité pour évoquer le creuset citadin de la diversité. Ce n'est pas sans rappeler l'orchestre mobilisé pour le Saint François d'Olivier Messiaen. Kent Nagano, en expert des musiques du XXème siècle, navigue avec une compétence heureuse sur le fleuve de la partition. Un moment plus léger de la soirée est donné lors du cortège babylonien de l'an nouveau, alors que Widmann donne des tons d'opérette ou de comédie musicale à sa musique avec des emprunts gaudriolesques notamment au folkore musical bavarois: la Fura del Baus s'est prêtée à coeur  joie à la création d'un cortège carnavalesque qui tenait du carnaval vénitien et de l'Oktoberfest, on ne pouvait pousser le bouchon du melting-pot culturel plus loin. A l'opposé, on trouvera des moments plus intenses et plus graves, comme celui très émouvant où Widmann écrit un somptueux duo pour clarinette et soprano en introduction d'un des tableaux.

Il y a cependant des ombres à cette orgie de tableaux visuels et sonores: on est pris dans un étourdissement de sensations, c'est un monde de tableaux et de représentations toujours mouvantes qui sollicitent l'attention au détriment de l'individualisation: les protagonistes ne semblent que peu en communication, on ne ressent pas de grands bouleversements et déchirements intérieurs en Tammu qui devrait pour tant être tiraillé entre amour de la patrie et passion amoureuse, la tempête macroscopique ne semble laisser que peu de place à la densité psychologique, Tammu n'est pas Tannhaüser. Il faudra prendre le temps de l'analyse du livret et de la partition, et de la nécessaire décantation, pour déterminer s'il n'y a là qu'une impression due à une mise en scène aussi réussie qu'orgastique. Ce samedi 3 novembre, les amateurs du monde  entier pourront s'en faire une idée puisque le Bayerisches Staatsoper nous offre une retransmission de l'opéra sur internet en video-streaming.

Prochaines représentations: les 3 novembre (avec captation et webstreaming), 6 et 10 novembre au Théâtre national de Munich. Et le 21 juillet 2013, dans le cadre du Festival d’opéra de Munich (Münchner Opernfestspiele).

Crédit photographique: Wilfried Hösl

Trailer

jeudi 1 novembre 2012

Monkey Sandwich, une recherche-spectacle de Wim Vandekeybus au Dance festival 2012 de Munich



Bouffe c'est du singe? Ou bouffe c'est de l'humain? Avale, cannibale! 

Wim Vandekeybus nous invite à un spectacle de la transgression, un de ces spectacles dont on sort perplexes, intéressés ou dégoûtés, révulsés même, nos sens et notre intellect ont été sollicités, captivés, vraiment captivés, -le public est quasi pris en otage-, et il faudra bien la nuit pour digérer les nourritures humaines qu'il nous a servies. Un spectacle qu'on n'applaudit pas: Vandekeybus organise son tableau final de telle manière qu'on ne soit pas sûr que le spectacle est terminé, d'ailleurs au moment où quelques timides applaudissements et de tout aussi timides huées se font entendre, on vient de commencer le travail de digestion et on sort avec des lambeaux de chair de spectacle dans la bouche, dans le ventre et dans la tête. Des objets métalliques ont été jetés à la tête du public, le protagoniste a dirigé le jet d'un tuyau d'arrosage vers la salle, on est touchés, transformés, certains diront salis, souillés, lavés (?). Quelque chose s'est passé, on a été forcé de l'avaler, nourris de force qu'on était, maintenant il faut l'assimiler ou le vomir. 

Digérons, assimilons.

Parfois un peu d'exégèse ne fait pas de tort. C'est quoi un sandwich au singe, exactement? L'expression viendrait du néerlandais Broodjeaapverhaal qu'on peut traduire par un récit-sandwich à la viande de singe, de là peut-être une histoire qu'on nous fait avaler. Le terme et le concept de broodjeaapverhaal s'est répandu en néerlandais après que feue l'écrivaine Ethel Portnoy a publié en 1978 une série de récits  dans un livre intitulé  Broodje Aap. De folklore van de postindustriële samenleving. Petit pain au singe, le folklore de la société post-industrielle.  Dans un des récits, le bruit se répand qu'un restaurant servirait de la viande singe à ses clients. Le broodjeaapverhaal, c'est la légende urbaine, une élucubration de café du commerce. Un monkey sandwich typique est l'histoire selon laquelle une femme (une mère, une soeur) tombe enceinte pour s'être baignée dans l'eau du bain où un adolescent (son fils, son frère) venait de se masturber. Il y a des tas de monkey sanwiches qui concernent des personnalités: Walt Disney s'est fait cryogéniser après sa mort, alors qu'en fait il s'est fait incinérer, Catherine II de Russie est morte en se faisant saillir par un cheval...

On est prévenu, végétariens, rationalistes s'abstenir! Mais si on n'est pas prévenu on risque de subir l'effet Pulp fiction: là où un jury a décerné la Palme d'or à Cannes en 1994, des spectateurs se sont sentis plongés dans un bain d'hémoglobine avec injection d'héroïne en intraveineuse à la clé. Il y a de l'actionnisme viennois dans le spectacle de Vandekeybus, âmes sensibles et traditionalistes s'abstenir aussi...

D'ailleurs c'est quoi ce spectacle, du cinéma, de la danse, un happening, une performance? C'est que le belge Wim Vandekeybus est à la fois danseur et chorégraphe de danse contemporaine, metteur en scène et réalisateur. Cela aidera peut-être aussi de savoir qu'il est fils de vétérinaire...Le spectacle qu'on a pu voir  à Munich hier soir tient un peu de tout cela, tendance spectacle total sauf que le chant y est remplacé par des bruits simiesques et porcins, le singe est un porc qui s'ignore c'est bien connu...Monkey sandwich est un spectacle hybride: un film est diffusé sur un écran géant surplombant un décor encombré de papiers chiffonnés entassés qui ressemblent à des formes humaines et de ferrailles diverses avec des tas de ventilateurs pour certains encagés (on est prévenu, cela va décoiffer!) et un grand aquarium. Le spectacle va consister en un film réalisé par Vandekeybus en 2010 qui couvre quasi tout le temps de la représentation et dans le jeu d'un acteur/danseur qui entre en interaction avec le film: le film dure depuis un bon moment lorsque un des protagonistes s'effondre terrassé par une attaque cardiaque, au moment où il s'effondre, le corps nu de l'acteur tombe sur scène, comme si le corps de l'acteur avait traversé le miroir d'Alice pour entrer, en se transformant en homme-singe, dans un monde parallèle. Un corps comme tombé du ciel cinématographique au travers d'un trou noir spatio-temporel, deus ex machina contemporain.

Le monde du bas, la scène, va alors s'animer et vivre la forme complexe d'un dialogue avec le film, parfois en retrait , parfois en parallèle, parfois en avant-scène. Corps, corps imagé, corps imaginé, corps incorporé, avalé, immergé...

Le cadre s'ouvre alors pour inclure la réalité vivante de ce corps et de son espace propre : la scène. Le spectacle s'invente, avec la complicité du spectateur, dans la rencontre entre ces deux espaces mis en présence, dans le dialogue à fleur de peau du corps et de l'image.

Le film raconte des récits différents mais sans frontière réelle entre eux, de la même manière que chaque récit raconté questionne notre rapport au vrai, au véridique, à la vraisemblance, et à leurs représentations. Les vieilles questions du théâtre classique français, celles de la bienséance et de la vraisemblance sont remises en lumière dans la création iconoclaste de Wim Vandekeybus. La question du jusqu'où peut-on aller trop loin? n'est pas de mise ici, elle est d'emblée dépassée, de manière quasi insoutenable. Et la vraisemblance n'est concevable que si le monde selon Vandekeybus est un monde fou, déjanté. Mais notre monde ne l'est-il pas? Quelles sont les valeurs qui nous restent? C'est d'ailleurs la question que pose le festival: Was ist wichtig? Qu'est-ce qui est important? Les transgressions de Vandekeybus correspondent à cette question: peut-on évoquer ou représenter le cannibalisme, peut-on manger de la chair humaine, imposer à autrui d'en manger, comme dans cette histoire que rappelle le film de forçats envoyés aux confins de la Sibérie et qui pour survivre ont mangé la chair de ceux qui épuisés par la faim et le froid étaient morts en chemin? Qu'est-ce qui est réel dans un film et comment rendre le réel dans le travail d'acteur? Peut-on donner à voir le mal dans toute son horreur: couper un doigt ou une main  sur scène comme dans le spectacle donné par Trimalcion dans le Satyricon de Fellini? Chasser des humains comme s'il s'agissait de gibier, organiser une traque puis les tuer et entasser leurs cadavres sur le toit d'une voiture pour partager ensuite les trophées qu'on ira tranquillement déguster chez soi?

Le spectacle de Vandekeybus nous invite à nous interroger sur notre rapport au réel: qu'est ce qui est vrai dans ce que nous tenons pour vrai. Il manque un doigt au réalisateur du premier récit du film. Dans chacun des récits, l'origine de l'ablation du doigt est réinterprétée, ainsi à partir d'un fait précis, l'amputation d'un doigt, on entend plusieurs interprétations différentes au cours du film. Un film en quatre histoires sans frontières: celle d'un metteur en scène tyrannique qui exige à l'hystérie qu'un acteur dévore réellement sa partenaire, celle d'un pionnier qui décide de fonder une famille et un village qui finiront pas être noyés dans un déluge car le barrage ou les digues construites pour protéger le village ont cédé, dans la troisième partie un homme cherche à retrouver son enfant, en fin de film, comme un ourobouros, un viel homme sur une banquise où a été ouvert un trou de pêche prétend venir de l'autre côté du miroir, d'un autre monde apparemment quelque part sous la banquise et propose au protagoniste d'y aller voir, il n'y a pas de danger, tout est illusion...

Ces quatre parties du film sont jouées, brillamment, par un même acteur, Jerry Killick, mais s'il s'agit du même acteur, s'agit-il du même personnage à diverses époques de sa vie ou de quatre personnages différents dont les histoires présentent certaines analogies? Vandekeybus ouvre des portes sur des mondes mais les serrures métaphoriques n'ont pas de clés symboliques, le spectateur est invité au travail de réflexion.


Et pendant ce temps là, sur la scène, un homme seul entièrement nu qui se déplace comme un singe et s'exprime par des cris inarticulés, un acteur-danseur endurant, Damien Chapelle, évolue dans un monde de ventilateurs, de ferrailles et de papiers chiffonnés qu'il tente d'articuler en autant de formes humanoïdes, un monde auquel il semble essayer de donner un sens avec un succès plus qu'incertain. La solitude mentale du protagoniste du film, qui était entouré de personnages qui ne le comprennent en rien et avec qui il ne parvient pas à communiquer sinon dans les expressions de sa folie, cette solitude mentale se trouve reflétée dans la solitude physique de l'acteur du monde du bas: l'homme-singe fabrique d'horribles poupées de papiers chiffonnés qu'il entasse comme des corps pour un holocauste, on pense immanquablement aux charniers de tous les génocides de notre monde dément: d'Auschwitz à Srebenica en passant par les génocides arménien ou tutsi, j'en passe et des plus vomissantes. A diverses reprises, l'homme-singe va noyer sa souffrance en se plongeant dans un aquarium où il reste totalement immergé de longues minutes en position foetale, recroquevillé dans ce liquide amniotique qui seul permet d'oublier un moment l'horreur de l'existence et de nos semblables, nos frères...Il respire par un fin tuyau en forme de cordon ombilical. La résistance physique de Chapelle est remarquable, deux heures de plateau sans interruption et, en plus,  ces immersions. Il communique par video interposée avec le personnage du dessus dont l'image finit par venir se projeter dans le monde d'en bas. Un moment, avant de disparaître avec le film du dessus, laissant l'homme singe qui s'est entre-temps un peu plus humanisé, avec son désespoir et ses instruments dérisoires. L'envers du miroir a encore moins de sens que l'avers.

Et la question nous reste là, une question que Wim Vandekeybus nous a imposée avec sa violence scénique et cinématographique: c'est quoi ce monde dans lequel nous vivons, qu'est-ce qui est important, was ist wichtig, et quand allons-nous enfin changer, quand allons-nous donner du sens à notre vie et  au monde? A moins que nous ne soyons tous fous, et qu'il ne soit trop tard. Bien sûr on peut sortir choqué par les provocations de Vandekeybus et refuser de voir et d'entendre ce qu'il nous crie, caparaçonnés dans nos bienséances bien-pensantes. On a, encore, le choix.

Trailer du film Monkey sanwich