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dimanche 31 mars 2013

Le Spiegel sous le signe de Wagner

Titelbild
Le 14ème numéro du magazine allemand Der Spiegel est placé sous le signe de Wagner, qui fait la couverture. A découvrir, en kiosque ou en version digitalisée ou encore en version pour iPad/Androïd

samedi 30 mars 2013

Bonne fête de Pa...rsifal!



Richard Wagner
Parsifal (1882)
Alexander Kipnis -- Gurnemanz
Fritz Wolff -- Parsifal

Richard Wagner, Parsifal, acte III, L’Enchantement du Vendredi Saint, avec Alexander Kipnis (1891-1978) en Gurnemanz, l'une des plus grandes basses du XXème siècle. 
Orchestre du Festival de Bayreuth 1927, dir. Karl Muck (1859-1940)



vendredi 29 mars 2013

Expo Elisabeth Peyton à Baden-Baden

2011, Huile sur bois © 2013 Elizabeth Peyton,
courtesy neugerriemschneider, Berlin
L'exposition de printemps de la Staatliche Kunsthalle Baden-Baden (Galerie d'Art d'Etat de Baden-Baden) présente au public une série de portraits de musiciens par l'artiste new-yorkaise Elizabeth Peyton. Aux cimaises de la Galerie sont accrochées des toiles représentant des artistes de renom comme David Bowie, Pete Doherty, Jessye le Normand ou Jonas Kaufmann. L'artiste a choisi de les représenter alors qu'ils sont en train d'entrer en scène. L'opéra occupe une place de choix dans l'exposition. Aux côtés de ces chanteurs contemporains, on peut également voir des oeuvres représentant des artistes fameux du passé comme ce portrait du couple Ludwig et Malvina Schnorr von Carosfeld en train de représenter Tristan et Isolde (ci-contre).

Peyton choisit ainsi de représenter un des moments où l'artiste est le plus vulnérable, qui est en même temps un moment décisif dans le processus de création artistique : le moment dans lequel les musiciens entrent en la scène et établissent le contact avec le public. Ces oeuvres témoignent d'une double créativité, celle de l'artiste représenté que rencontre le propre processus créatif d'Elizabeth Peyton.

E.PeytonWhat Wondrous Thing 2011 2012
Elizabeth Peyton: "What Wondrous Thing Do I See... 
(Lohengrin, Jonas Kaufmann)", 2011-2012, Huile sur bois, 
© 2013 Collection de l'artiste, New York
Au total, 30 peintures à l'huile et œuvres sur papier des 20 dernières années de la carrière de Peyton sont exposées à Baden-Baden. La grande majorité des oeuvres  proviennent de collections américaines privées qui n'ont pour la plupart jamais été exposées en Allemagne. En complément,  Elizabeth Peyton expose pour la première fois un certain nombre de photographies préparatoires, des prises de vue qu'elles a effectuées sur le vif et à partir desquelles elle a réalisé ses toiles. C'est bien le processus de la création artistique qui est au coeur de cette exposition. Le catalogue reproduit tant les oeuvres picturales que les photographies.

Jusqu'au 23 juin
Staatliche Kunsthalle
Baden-Baden
Lichtentaler Allee 8a
76530 Baden-Baden
Source et plus d'infos: voir le site de la Galerie d'Art

Post précédent sur l'artiste: Louis II de Bavière par Elisabeth Peyton

jeudi 28 mars 2013

Les lunettes de Wagner (2)


La question du port de lunettes par Richard Wagner a été longuement évoquée dans un post précédent (Cliquer ici pour lire le post).  En voici une photographie en excellente résolution qui vient de me parvenir.  L'analyse optique des verres a révélé une puissance de trois dioptries. 
Crédit photographique et copyright de la photo: Madame Katrin Braun (Munich). Avec son aimable autorisation.

Pitié pour l'agneau pascal. Arrêtez le massacre!

6 motivi per non mangiare agnello a Pasqua [IMMAGINI SHOCK] La plus grande fête de la chrétienté est chaque année la cause d'un massacre horrible. Des millions d'agneaux âgés d'un mois à peine sont massacrés.

Chaque année des millions d'agneaux sont massacrés à Pâques. Pour la seule Italie, Animal Equality dénombre 800000 exécutions. Ces agneaux subissent des souffrances inimaginables et tout cela pour une tradition des plus cruelle. A l'approche de Pâques, Animal Equality a placé sur le web des photos et des videos de ce qui se passe dans les élevages et les boucheries en ce moment de l'année.



Par le biais d'une campagne d'information, intitulée Salva un agnello (Sauve un agneau) Animal Equality lance un appel pour que l'on arrête le massacre des petits agneaux âgés d'un mois à peine, et pour ce faire, le meilleur moyen est d'arrêter d'en consommer, de faire diminuer les ventes et, partant, l'abattage.


Les motifs pour vous inviter à ne pas participer à ce massacre

Les risques: l'agneau exécuté est laissé pour plusieurs jours à l'extérieur, dans un état de décomposition avancé, souvent dans un enclos où se trouvent d'autres agneaux et des brebis, avec le risque de contamination que cela comporte. 
Le stress et le confinement: les agneaux et les brebis sont confinés dans des espaces très restreints pendant plusieurs heures avant l'exécution, des conditions dans lesquelles ils se piétinent et sont soumis à un stress incroyable. Des conditions sanitaires souvent inexistantes, un manque d'hygiène, et souvent des hypothermies.
La cruauté de la pesée: Animal Equality a constaté des pesées en groupes, une pratique illégale.
La cruauté de l'exécution: l'agneau est saisi par le cou, traîné par terre et exécuté avec violence.
Une électro-narcose sommairement appliquée qui fait que de nombreux agneaux sont conscients au moment de l'exécution.

Visitez le site d'Animal Equality (source de l'info et des images)

La vidéo

mercredi 27 mars 2013

Noël au balcon, Pâques aux tisons en Allemagne. Un hiver record.

Pâques 2013 sera plus froid, et de loin,  que la Noël 2012 dans l'est et le sud de l'Allemagne. Le 25 décembre 2012 on jouissait de températures qui dépassaient les 15 degrés dans le sud (plus de 20 degrés à Munich) comme dans l'est du pays, des températures proches de celles qui ont peut-être entouré la naissance du petit Jésus à Bethléem. Pour Pâques, on peut faire une croix dessus! On n'atteindra sans doute  les 10 degrés dans le sud du pays qu'en de rares endroits et dans le Nord, les météorologistes prévoient des températures tournant au maximum autour des 5 degrés. 

On vient de vivre l'hiver le plus sombre depuis qu'on mesure les durées d'ensoleillement, une pratique qui remonte à 1951. Mars 2013 a de bonnes chances de devenir le mois de mars le plus froid en Allemagne depuis 100 ans. Il est déjà de quatre degrés inférieur  aux moyennes enregistrées entre 1981 et 2010. Hambourg et Berlin battent des records d'enneigement depuis le début des observations météorologiques. Les records de températures ne sont pas en reste: Dresde bat le record de 1917, Postdam celui de 1899. Cela fait 5 mois qu'on a observé les premières neiges puisque même les plats pays ont été recouverts de neige le 26 octobre, là aussi un record de précocité pour de nombreuses régions du pays.

Du coup, la nature a trois à quatre semaines de retard.

Noël au balcon, Pâques aux tisons. Apocalypse now!

Du coup c'est le Père Noël qui livrera les oeufs de Pâques cette année, les lapins ont estimé qu'il fait encore trop froid pour sortir, même en fourrures, comme l'a si bien imaginé le dessinateur allemand Peter Thulke.

Le lapin de Pâques a trouvé qu'il faisait trop froid!

mardi 26 mars 2013

Madame Butterfly, Rizzi/Asagaroff- Zurich 2013

Fotograf: Suzanne Schwiertz
Photo Suzanne Schwierz
L'Opéra de Zurich reprend cette saison Madame Butterfly de Puccini dans une mise en scène de Grischa Asagaroff datant d'octobre 2009, avec Adina Nitescu dans le rôle-titre.

Grischa Asagaroff a opté pour une mise en scène efficace qui recourt à un ordre symbolique simple, clairement défini et parfaitement lisible. Lors de l'ouverture et pendant les intermissions, un rideau d'avant-scène reçoit des projections vidéo d'animations stylisées en noir et blanc: d'abord un vol de papillons, puis des bambous, enfin une pluie d'ailes de papillons morts tombant entre des bambous brisés. Le décor et les costumes jouent sur trois couleurs, le blanc, le noir et le rouge, là aussi avec une symbolique épurée et immédiate, avec la prédominance d'une des couleurs au cours de chaque actes: le blanc de la pureté et de l'innocence de Cio-Cio San domine tout le premier acte, le noir de la séparation, de l'absence et de la disette du deuxième acte se teintera encore du rouge du coeur brisé et du sang du hara-kiri du troisième acte. La mise en scène colle à l'action et en renforce la lisibilité, elle souligne de manière appropriée et sans outrance la progression du drame. Une sobriété intelligente et efficace tout au service de l'énoncé tragique et surtout de la musique.

Si les décors participent d'une esthétique plutôt contemporaine, les costumes gardent quant à eux des références stylisées à la tradition avec parfois le recours à la caricature par exemple pour celui de l'oncle bonze ou encore celui de Yamadori . La maison de Butterfly est ingénieusement esquissée par l'armature d'une tour blanche à deux paliers dont on ne voit que l'ossature , un escalier à colimaçon menant à la chambre de Suzuki au premier étage, et à celle de Butterfly au second. Des stores blancs, comme le bois de l'armature ou le mobilier du premier acte, et qui peuvent se lever ou se baisser, évoquent les shōjis. La modernité du décor peut se comprendre comme un soulignement discret de l'actualité et de l'universalité du drame que vit Butterfly, la traite des femmes sous couvert de mariage n'ayant malheureusement pas disparu de la planète depuis l'époque à laquelle Puccini a écrit son opéra. La sobriété du décor de base permet  des changements d'atmosphère par le jeu des couleurs et de quelques éléments ajoutés: au deuxième acte les fauteuils blancs sont devenus noirs comme les vêtements que portent à présent la jeune femme abandonnée et Suzuki, et deux statues de la Vierge Marie occupent les pièces de réception et la chambre de Cio-cio San, avec des photos encadrées de Pinkerton qui sont placées devant les statues comme pour  implorer la protection de la mère du nouveau dieu de Butterfly. Une statue du Bouddha continue d'orner la chambre de Suzuki. Des drapeaux américains viennent un moment souligner l'amour et la fierté patriotique ingénue de Cio-Cio San qui insiste pour qu'on l'appelle de  son nom américain, Madama Pinkerton.

Des figurants en pagne blanc, enfarinés des pieds à la tête et silencieux déplacent quelques parois, plus tard ils hanteront la maison en costumes de Pierrots portant collerette se passant un bateau de papier blanc d'un étage à l'autre ou se feront porteurs d'un palanquin aux parois transparentes quand le riche Yamadori arrive pour faire sa cour. Leurs mains changeront de couleur pour se teinter de rouge ou de noir. Ils contribuent à donner une atmosphère poétique , étrange, et un peu fantastique à la tragédie, témoins silencieux et furtifs sur lesquels viennent s'imprimer les marques colorées des intrigues et des bassesses du drame et des épreuves et des souffrances de la délaissée. C'est sans doute là l'empreinte de Reinhard von der Thannen, le créateur tant des décors que des costumes. Sa création de l'oncle Bonze en vieux sorcier échevelé dans sa rage orangée est aussi fascinante que l'exquis kimono brodé de Suzuki. Le costume doré de Yamadori qui souligne l'arrogance de sa richesse n'est pas en reste pas moins que son crâne de vieux dandy portant une coiffe d'un bleu hallucinant. L'officier de marine Pinkerton est quant à lui  flanqué d'un mousse avantageusement musclé tout droit sorti du Querelle de Brest de Fassbinder ou d'une création de Pierre et Gilles. 

Avec Carlo Rizzi au pupitre et Adina Nitescu en Butterfly ce sont deux grands passionnés de la musique de Puccini qui se rencontrent pour le plus grand bonheur du public, et spécialement dans la deuxième partie. Rizzi, dont la maîtrise du répertoire italien est connue, soutient le travail des chanteurs avec un doigté attentif et s'attache à transmettre une vision unifiée de l'oeuvre. On sait que le rôle de Butterfly nécessite un jeu d'actrice délicat: alors qu'il exige une performance vocale inconcevable sans une  technique confirmée qui ne s'acquiert souvent qu'à la maturité. Il s'agit d'interpréter au premier acte la pureté et la pudeur fragilisée d'une toute jeune femme, presque une enfant encore, quinze ans à peine. Adina Nitescu, qui a chanté Cio-Cio San de Paris et Toulon à Moscou et de Toronto à Tokyo, a plus que l'expérience du rôle, mais donne un premier acte plutôt retenu, très juste, mais sans éclat, sans parvenir à incarner  la jeunesse et les espoirs brûlants d'une geisha que la vie a déjà livrée à un cruel destin. Dès le deuxième acte, elle développe une puissance à laquelle on ne s'attendait plus et incarne avec passion tant les certitudes de Butterfly que son désespoir et les affres d'une femme reniée à la maternité cruellement outragée. Un même réveil caractérise le Pinkerton de James Valenti, qui a quant à lui parfaitement le physique de l'emploi et joue fort bien les bellâtres machos à la sensualité égocentrée: sa prestance s'accompagne d'une belle voix du premier acte, qui ne révèlera cependant toute sa puissance qu'au trio du troisième acte. Judith Schmid est brillante en Suzuki de la première note à la dernière, et fait une prestation en tous points remarquable, récompensée par des applaudissements très nourris, avec une belle pénétration psychologique du personnage qu'elle traduit tant dans le chant que par le jeu de l'actrice. Ruben Drole fait des débuts remarqués à Zurich en donnant  un très beau Sharpless, alors que le Goro d'Andreas Winkler manque de consistance, d'ampleur et de puissance. En ajoutant que les seconds rôles sont bien occupés, on passe une excellente soirée italienne à l'opéra de Zurich, et plus particulièrement dans la deuxième partie, ce qui correspond bien à la progression dans l'intensité du drame.

Prochaines représentations de la saison: le 30 mars et le 6 avril 2013
Tickets via le site de l'opéra de Zurich.



jeudi 21 mars 2013

Expo Jan Brueghel l'Ancien à la Vieille Pinacothèque de Munich


Jan Brueghel the Elder Large Fish Market, 1603
Grand marché aux poissons, vers 1603
Du 22 mars au 16 juin

Jan Brueghel l'Ancien, dit aussi Jan Brueghel de Velours (1568-1625) est un des peintres flamands les plus importants du début du 17ème siècle. Il a développé son propre style individuel fort tôt dans sa carrière: ses peintures de paysages de petit format, ses œuvres florales réalistes et ses allégories richement détaillées étaient révolutionnaires pour la peinture baroque flamande de l'époque.

Peter Paul Rubens and Jan Brueghel the Elder Madonna in a Garland of Flowers, ca. 1616/18Jan Brueghel l'Ancien est richement représenté dans les collections de l'Alte Pinakotek de Munich qui comportent  pas moins de 49 toiles peintes de la propre main de l'artiste, des oeuvres qui permettent de documenter  les nombreux aspects de son oeuvre. En outre, plusieurs œuvres majeures ont été créées en coopération avec d'autres artistes - comme la Vierge à la guirlande de fleurs qu'il a peinte de concert avec Pierre Paul Rubens vers 1616 ou encore le magnifique  Cycle des saisons peints en collaboration avec Hendrik van Balen. 



De plus, le Musée met en évidence les œuvres d'une famille entière d'artistes: aux côtés des oeuvres de Jan Brueghel l'Ancien, on pourra y admirer celles Pieter Bruegel l'Aîné, Pieter Brueghel le Jeune, Jan Brueghel le Jeune et Jan van Kessel.

A l'occasion de cette exposition, des oeuvres en provenance tant de musées internationaux comme Madrid, Budapest, Florence, Rotterdam, Londres, Paris et Vienne, que des musées allemands, entre autres ceux de  Cobourg, Dresde, Brunswick et Dessau, sont venues compléter les collections munichoises.  


Cette exposition n'offre pas simplement une vue très complète de l'oeuvre de Jan Brueghel l'Ancien, elle donne également un aperçu fascinant de la production picturale à Anvers autour de 1600.

Une des expositions majeures de la saison munichoise! 

Renseignements pratiques: voir le site de l'Alte Pinakothek de Munich

Jan Brueghel the Elder A Study of Hunting Dogs, ca. 1615/16
Etude de chiens de chasse, vers 1615

mercredi 20 mars 2013

Grande rétrospective Gillian WEARING au Brandhorst Museum

Wearing Self Portrait at 17 years 01
Gillian Wearing, Self Portrait at 17 Years Old, 2003
© Gillian Wearing, Courtesy Maureen Paley, London

Du 21 mars au 7 juillet 2013

Une exposition de la Pinakothek der Moderne au Musée Brandhorst de Munich, en collaboration avec la Whitechapel Gallery de Londres et la Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf.

Munich est la troisième étape de cette rétrospective qui a déjà été présentée à Londres et Düsseldorf. C'est la première fois qu'une rétrospective de cette ampleur présente l'extraordinaire oeuvre de cette artiste britannique en Allemagne. On y verra tant son travail photographique que son oeuvre de vidéaste.

L'exposition se déploie sur 9 salles où l'oeuvre de Gillian Wearing est présentée dans la variété de ses spécificités esthétiques. L'humain se trouve au coeur de l'oeuvre  Gillian Wearing qui développe des stratégies artistiques pour explorer les relations sociales. Que voyons nous, qui voyons nous quand nous entrons en relation avec autrui, et comment nous voyons nous? L'artiste se pose la question des projections mentales dans les mécanismes de la perception interpersonnelle. Quelle est la part de la projection, combien voit-on l'autre réellement quand nous pensons le voir?

Si la question n'est pas nouvelle sur le plan psychologique, elle devient révolutionnaire sur le plan technique conceptuel dans son exploration des relations humaines. Wearing s'intéresse aux expressions et aux comportements des personnes dans des situations existentielles les plus diverses. Elle observe avec un regard emprunt tant de candeur que de circonspection les citoyens ordinaires comme les personnes sans domicile fixe, les pensionnés comme les enfants qui se rendent à l'école. Et cela donne des portraits  dans lesquels elle nous donne à voir l'équilibre fragile entre la conscience de soi et celle de l'image que l'on donne à voir, entre la sphère privée et la sphère publique, la vérité intérieure, ce qu'on désire projeter de soi et ce qu'on projette réellement.

Dans ses premières oeuvres, en 1992/1993, elle réalise un travail de rue en demandant à des quidams d'écrire un message spontané sur une feuille de papier, puis de poser en présentant le message à la caméra. Cela donne une série de 600 portraits intitulés Signs that Say What You Want Them to Say and Not Signs that Say What Someone Else Wants You to Say. Une stratégie photographique qui permet de rendre compte de la manière dont nous essayons de contrôler ce que nous donnons à voir de nous à l'autre, entre le contrôle et la perte du contrôle.

Wearing Sixty Minute Silence video still 01
Sixty minutes silence © Gillian Wearing, Courtesy Maureen Paley, London

Viennent ensuite ces portraits vidéos de groupes ou d'individus où l'artiste filme de personnes qui prennent la pose pour se faire photographier et réalise un travail fascinant sur le point d'équilibre entre le statique de la pose et la dynamique de mouvements imperceptibles. Une des oeuvres majeures de cette technique est un groupe de 26 hommes et femmes en uniforme de policier qui posent dans un caisson à l'architecture à peine perceptible. Au premier coup d'oeil on prend cela pour une photo géante puis on se rend compte qu'il s'agit d'un film. Cette installation video intitulée Sixty Minute Silence, datée de 1996, donne les portraits subtils de personnages qui posent pendant une heure. On croit qu'il s'agit de vrais policiers, mais ce sont en fait des acteurs costumés en bobbies. Quant aux  portraits vidéos individuels, ils  sont projetés sur des écrans plasma, ce qui donne une netteté dans la définition de l'image et une luminosité de la meilleure qualité. La vie qui anime ces portraits aux mouvements parfois imperceptibles est tout simplement fascinante. Pour le public, il s'agit de prendre le le temps de la contemplation et se laisser imprégner par ces portraits vivants, il s'agit d'entrer en relation avec ces personnages muets, qui nous parlent imperceptiblement d'eux-mêmes.

Gillian Wearing s'interroge aussi sur les relations des personnes au sein des familles et se pose  la question de savoir quelle est la part de nos parents et de nos familles que nous portons en nous. Elle matérialise ce questionnement en créant des masques des membres de sa propre famille, qu'elle fait réaliser à partir de vieilles photographies. Elle se fait poser un masque en silicone sur le visage où seuls ses propres yeux lui appartiennent et, ayant revêtu les vêtements, copié la coiffure et imité la pose de ses proches, elle se photographie dans la peau de son père, de sa mère, de son frère ou de son oncle, ou même dans sa propre peau, ce qui donne le fameux portrait de l'artiste à 17 ans. Je est, aussi, un autre. Elle devient l'autre, qui est un peu le même parce que de sa propre famille, et rentre dans sa peau tout en gardant son regard propre. On le voit, la pensée conceptuelle sous-jacente est très puissante et ne reste pas abstraite, comme c'est souvent le cas dans l'art conceptuel. Chez Gillian, le concept se fait chair et vient habiter parmi le public. Ici aussi, il est question d'un équilibre instable avec ces jeux sur les notions du temps et des générations, de proximité et de distance. Les barrières entre les membres de la famille s'estompent sans être totalement rompues, et l'artiste nous force au questionnement identitaire.

Une video particulièrement éprouvante, par moments insoutenable, se penche sur les rapports de violence dans les familles. Dans Sacha and Mum (1996), une mère corrige sa fille en l'agrippant par les cheveux et lui inflige douleur et humiliation en alternance avec amour et caresses. Même on se doute bien qu'il s'agit d'acteurs en représentation, la video est travaillée comme un témoignage pris sur le vif et  on ne peut qu'être troublés et dérangés par cette scène de sado-masochisme familial qui représente avec une brutalité emphatique l'ambiguïé de trop nombreuses relations familiales. 

Le travail de Gillian Wearing ne peut laisser indifférent tant le public est constamment interpellé dans son identité propre et quasi forcé à la réflexion. C'est ce qui fait tout l'intérêt de cette exposition qui ne se limite pas à donner à voir un travail aux très grandes qualités esthétiques mais bien davantage invite à l'interaction et va au coeur de notre être, exerce la fascination de ce qui nous touche au plus profond de nous-mêmes. Une exposition incontournable.

A voir absolument.

Voir aussi le site du Musée Brandhorst. (Accès, heures d'ouverture, collections permanentes, etc.)

mardi 19 mars 2013

La saison 2013-2014 du Bayerische Staatsoper

Photo : 1943 – 1963 – 2013

Mehr dazu gibt's morgen bei unserer Pressekonferenz zur Spielzeit 2013/14. Ab 10 Uhr könnt ihr per Live-Stream dabei sein und Fragen stellen: http://bit.ly/jahrespressekonferenz
1943 et 2013, 50ènne anniversaire de la réouverture (1963)
C'est un Directeur général tout sourire, détendu et ravi qui a présenté ce matin à la presse la saison 2013-2014 du Bayerische Staatsoper. La présentation était retransmise en live sur internet et les internautes pouvaient poser leurs questions que relayaient un opérateur présent dans la salle. 

Kirill Petrenko. © Wilfried Hösl
Kirill Petrenko
Le Directeur général, Nikolaus Bachler, a d'abord présenté le nouveau Directeur musical, Kirill Petrenko. Les deux hommes se connaissent bien et s'apprécient, et font preuve d'une complicité manifeste. Petrenko, dont la carrière est remarquable, arrive à la direction musicale d'une des plus prestigieuses maisons d'opéra tout auréolé du sa désignation parallèle au Festival de Bayreuth où il dirigera le Ring à partir de cet été, et sans doute pour plusieurs saisons. Le public de l'opéra de Munich bénéficiera de l'expérience de ce double engagement lorsque Petrenko dirigera dans les années à venir à Munich les reprises du Ring monté la saison dernière dans la mise en scène d'Andreas Kriegenburg.

Pour marquer le 50ème anniversaire de la réouverture de la Maison, détruite par les bombardements de 1943 et réouverte en 1963, le Théâtre National reprend Die Frau ohne Schatten, qui fut précisément l'opéra de Richard Strauss qui ouvrit la saison 1963-1964. L'année 2013 sera placée sous la bannière nietzschéenne puisque le thème de la saison prochaine provient de Ecce homo, un écrit autobiographique du philosophe:  Wie man wird was man ist? Comment l'on devient ce que l'on est?  Un thème qui convient fort bien en cette année anniversaire. 1943 – 1963 – 2013. Des années phares, on peut l'espérer aussi pour 2013 avec la nouveauté toujours marquante pour une grande maison d'opéra d'un changement de la direction musicale, et un remarquable ensemble de nouvelle sproductions. Qu'on en juge:

Kirill Petrenko dirigera fin novembre Die Frau ohne Schatten, que met en scène Krzysztof Warlikowski. On pourra ensuite voir La forza del destino mis en scène par  Martin Kušej, avec Asher Fisch au pupitre. De Mozart, Kiril Petrenko dirigera La clemenza di Tito dans une mise en scène de Jan Bosse. Au printemps 2014, Kirill Petrenko s'attaquera à Die Soldaten de Bernd Alois Zimmermann, une oeuvre exigeante qui aux dires du nouveau directeur musical suppose un travail de préparation intense. L'oeuvre sera jouée dans une mise en scène d'Andreas Kriegenburg. Le Festival d'été 2014 se fera sans la présence du directeur musical retenu par le Ring à Bayreuth. Il s'ouvrira par le Guillaume Tell de Rossini,dirigé par Dan ettinger et mis en scène par Antu Romero Nunesqui fait ses débuts à l'opéra de Munich. Enfin L’Orfeo de Monteverdi rentre au répertoire du Bayerische Staatsoper vers la fin du festival , mis en scène par dDvid Bösch et dirigé par Ivon Bolton.

35 autres productions seront reprises dont Babylon, Boris Godounov, La Calisto, L’Enfant et les sortilèges / Der Zwerg, Eugene Onegin, Rusalka,Salome, Il turco in Italia et Wozzeck. Un concert est prévu pour commémorer le 150ème anniversaire de la naisssance de Richard Strauss. L'Opera Studio The Rake’s Progress au Théâtre Cuvilliés.

Nikolaus Bachler s'est dit très heureux de l'expérience du live stream qui en un an a compté plus d'un million de visiteurs pour 9 productions. Cette expérience de démocratisation de l'opéra est plus que concluante et sera poursuivie et encore améliorée tout au long de la saison prochaine.

On retrouvera en 2013-2014 des artistes de renommée internationale comme, pour ne citer qu'eux,  Diana Damrau (en Violetta), Edita Gruberova (Lucrezia Borgia), Anja Harteros (Tosca), Anna Netrebko (Macbeth), Joseph Calleja (présent pour cinq productions dont les Contes d'Hofmann et Butterfly), Ildebrando D'Arcangelo (Il turco in Italia), Jonas Kaufmann (Il trovatore), Erwinn Schrott (Le nozze di Figaro).

LES PREMIERES

Richard Strauss
Die Frau ohne Schatten
Kirill PetrenkoKrzysztof Warlikowski
Le 21 novembre 2013 (Nationaltheater)

Giuseppe Verdi
La forza del destino
Asher FischMartin Kušej
Le 22 décembre 2013 (Nationaltheater)

Wolfgang Amadeus Mozart
La clemenza di Tito
Kirill Petrenko / Jan Bosse
Le 10 février 2014 (Nationaltheater)

Igor Strawinsky
The Rake's Progress
par l'Opera Studio
30 avril 2014 (Cuvilliés-Theater)

Bernd Alois Zimmermann
Die Soldaten
Kirill Petrenko / Andreas Kriegenburg
25 mai 2014 (Nationaltheater)

Gioachino Rossini
Guillaume Tell
Dan Ettinger / Antú Romero Nunes
Festival, le 28 juin 2014 (Nationaltheater)

Claudio Monteverdi
L'Orfeo
Ivor BoltonDavid Bösch
Festival le 20 juillet 2014 (Prinzregententheater )

Le Festival de Musique ancienne d'Innsbruck aura lieu du 7 au 25 août


Comme chaque été, le Festival d'été d'Innsbruck nous propose pendant trois semaines un programme passionnant qui ravira les amateurs de musique ancienne, un voyage musical dans les musiques renaissante et baroque. cette année le coup d'envoi (Aufbruch, en route!, qui est aussi le titre que s'est donné cette année le Festival) sera donné le 7 août.

En points d'orgue, on pourra voir  „La clemenza di Tito“ de Mozart, „Venus and Adonis“ de Blow, „Dido and Aeneas“ de Purcell ainsi que le premier opéra à avoir été imprimé: „L'Euridice“ de Giulio Caccini. Pendant le festival aura également lieu pour la quatrième fois le concours international  Pietro Antonio Cesti d'opéra baroque.

Parmi les artistes invités, on pourra entendre Giovanni Antonini, Alessandro De Marchi, Fabio Biondi, Rinaldo Alessandrini, Riccardo Minasi, Kate Aldrich, Andreas Scholl, l'écrivaine Donna Leon, et des ensembles tels Il Giardino Armonico, l'Academia Montis Regalis, Il Pomo d'Oro, le Concerto Italiano, Europa Galante, l'Akademie für Alte Musik Berlin, le RIAS Kammerchor.

Réservations et plus d'infos, en allemand et en anglais sur le site du festival.

Les candidatures pour le Concours d'opéra baroque doivent être déposées avant le 13 mai.

dimanche 17 mars 2013

Le contre-ténor Valer Barna-Sabadus

11.jpgValer Barna-Sabadus  est né en 1986 à Arad en Roumanie. Sa famille émigra en Allemagne alors qu'il était âgé de cinq ans. Il commença sa formation musicale par l'étude du violon et du piano. A l'âge de dix-sept ans il fut reçu à la Haute école de Musique et de Théâtre de Munich ( Hochschule für Musik und Theater München) où il étudia sous la direction du Professeur Prof. Gabriele Fuchs. Depuis 2009 il est devenu membre de l'Académie de théâtre bavaroise August Everding, où il est en train de terminer sa maîtrise (Musiktheater-Meisterklasse).

Il fit ses débuts à l'opéra avec la Capella incognita à St.Pölen alors qu'il  était âgé de 21 ans dans le rôle de Rinaldo dans l'opéra éponyme de Haendel. En 2009, dans le cadre de sa formation, il chante le rôle titre dans l'Orlando furioso de Vivaldi au Prinzregententheater de Munich. En 2011 il se produit dans le rôle de Iarba dans un opéra récemment redécouvert de Johann Adolph Hasse, la Didone abbandonata, sous la direction de Michael Hofstetter. En 2009 on put l'entendre chanter à Stuttgart (Musik Podium) dans Didone abbandonata ainsi que, en 2011,  dans Orphée et Eurydice  de Glück.

En 2009, il fit ses débuts au Festival de la Pentecôte à Salzbourg (Adraso dans Demofoonte de  Niccolò Jommellis, sous la direction de Riccardo Muti). Cette même production, pour laquelle le Forum Musical America le désigna comme artiste du mois, fut ensuite présentée au Festival de Ravenne et à l' Opéra National de Paris.

Valer Sabadus accumule les succès: Sesto dans La Clemenza di Tito à l'Eté musical de Schwetzingen sous la direction de Dan Ettinger (2010 et 2012),  Ruggiero dans l'Orlando Furioso de Vivaldi à l'Opéra de Francfort (2010), Armindo dans Partenope au Théâtre d'Etat de Karlsruhe, Rinaldo encore au festival Haendel de Halle en 2011. 

En 2011 il chante aussi dans Last desire au Staatsoper de Berlin, une oeuvre du compositeur contemporain Lucia Ronchetti.

L'année 2012 le voit faire ses débuts à l'Opéra royal de Versailles dans la Didone abbandonata de Hasse et en  Endimione dans La Calisto de Francesco Cavalli à l'Opéra de Francfort. Au Semperoper de Dresde, on put l'entendre dans  l'intermezzo La Dirindina de Giovanni Battista Martini. A la fin de l'année il fit une tournée d'opéra avec le Concerto Köln dans l'Atarsese de Leonardo Vinci (Nancy, Lausanne, Cologne, au Theater an der Wien et au Théâtre des Champs Elysées). Cet Atarsese a été enregistré chez  EMI/VirginClassics. (direction Diego Fasoli).

En 2013 il prend le rôle titre dans Xerxès de Haendel à l'Opéra allemand du Rhin et fera ses débuts au  Festival International d'Art Lyrique d'Aix-en-Provence en Menelao dans Elena de Francesco Cavalli. En 2013/2014 il se produira à deux reprises au Théâtre de la Ville de Giessen en Nerone (Agrippina de Haendel) et en Idamante (Mozart, Idomeneo)

Valer Sabadus s'est également déjà fait remarquer dans l'oratorio et le récital de chant notamment avec les Talens Lyriques de Christophe Rousset à Francfort et à Utrecht ou encore avec l'orchestre L'arte del mondo dirigé par  Werner Erhardt  à Postdam (Festival Sanssouci) et également dans le rôle d'Aci à la Kölner Fest für Alte Musik (Haendel, Aci, Galatea e Polifemo).

Sa discographie est impressionnante au regard de son âge: vous pouvez la découvrir sous
http://www.valer-barna-sabadus.com/discografie.phtml.  Pas moins de 7 CDs de ou avec la participation du jeune haute-contre!

Pour suivre la carrière de Valer Barna-Sabadus, découvrir ses enregistrements et son agenda, on peut visiter son site: http://www.valer-barna-sabadus.com/

Crédit photographique: Arne Schultz

samedi 16 mars 2013

Les lunettes de Richard Wagner



L'exposition sur la période munichoise de Richard Wagner qui vient de s'ouvrir à la Bayerische Staatsbibliothek (Bibliothèque d'Etat de Bavière) de Munich présente une paire de lunettes de lecture ayant appartenu au compositeur. Les lunettes sont présentées avec leur étui sur lequel est gravé le mot "Lesung" (lecture). Elles proviennent d'une collection privée. Comme ces lunettes sont hors catalogue, on ne sait pas quand Wagner en a fait l'acquisition ni s'il les portait déjà pour la lecture lors des deux années passées à Munich.

C'est anecdotique bien sûr, mais ce type de petit objet qui a dû passer maintes fois dans les mains du compositeur a quelque chose d'émouvant. L'objet m'a interpellé car je ne connaissais pas de photographie, de portrait ni de sculpture du compositeur le représentant avec des lunettes.

Quand Wagner a-t-il commencé à porter des lunettes? Quel était son problème de vue? L'a-t-il jamais évoqué dans un écrit, ou des témoins qui ont côtoyé le compositeur l'ont-ils mentionné? Y a-t-il une photo représentant le compositeur portant ses lunettes? 

Les curateurs de l'exposition n'avaient pas de réponse immédiate à ces questions. C'est grâce aux  participants d'un forum consacré à la vie de l'opéra que des premiers éléments de réponse ont commencé à apparaître. L'un d'entre eux m'a apporté des références intéressantes en signalant deux ouvrages qui évoquent les problèmes de vision de Richard Wagner.

Première référence, le site internet pathos.compositeurs du Dr Bernard Charton consacré aux pathologies des grands compositeurs. Voici que qu'écrit le docteur à propos des problèmes de vision de Richard Wagner:

Il est une particularité médicale rare qu'il faut relever chez Richard Wagner, c'est son strabisme vertical, appelé Hypertropie : L'axe vertical de l'œil droit est décalé par rapport à celui de l'oeil gauche. Ce qui est parfaitement visible sur les photos, que l'on observera de près. Son fils Siegfried était atteint de la même malformation. Cette particularité gênante s'ajoute à sa myopie, assez importante d'ailleurs. Cette réflexion étant utile pour expliquer les fréquentes migraines et céphalées endurées presque quotidiennement par le maître, d'autant qu'il avait horreur de porter des lunettes. Ceci explique cela. (lien)

J'ai contacté le Dr Charton en lui posant la question de savoir s'il disposait de sources livresques. Le Docteur Charton m' aussitôt répondu, en m'autorisant à publier sa réponse. Voici son courriel:

Bonjour et merci pour votre missive.
Je n'ai aucune référence à vous fournir au sujet des yeux de Wagner et de sa pathologie, sinon la mienne. À Ma connaissance, aucun biographe n'a fait référence à ce strabisme et cette malformation rare de R.W. Étant médecin, j'ai été frappé par cette malformation, ou de cette pathologie qui explique bien des choses, tant chez lui que chez son fils Siegfried.
Il n'est que de contempler les multiples portraits de R.W. pour s'en rendre compte, encore faut-il savoir observer ! ( Père et fils, donc génétique et transmissible)
Je vous envoie ce petit extrait de mon travail sur Wagner. Vous pouvez disposer de la totalité de ce travail sur Wagner si vous le désirez.
Les biographes en général ne s'intéressent que très peu à la pathologie des compositeurs, et c'est bien dommage, et même une grosse erreur, car la pathologie, le caractère et le psychisme du compositeur influent énormément sur ses compositions.C'est ainsi que j'ai traité 75 compositeurs, un ouvrage terminé mais pas encore publié.
À votre service; Dr. B. Charton

Une curiosité :

Il est une particularité médicale rare et curieuse que nous nous permettons de relever chez Richard Wagner, c’est son strabisme vertical, appelé aussi Strabisme sursumvergent, ou Hypertropie ou Hétérophorie, ou Déviation verticale dissociée (DVD) : C’est-à-dire que l’axe vertical de l’œil droit est décalé par rapport à celui de l’oeil gauche. Ce qui est parfaitement visible sur certaines photos, et même sur certains portraits exécutés par plusieurs peintres, comme Lenbach, par exemple, que l’on observera de près avec intérêt. L’on remarquera que l’oeil gauche regarde vers le haut, par rapport à l’oeil droit.
Son fils Siegfried était atteint de la même malformation strabique. Cette particularité gênante s’ajoute à la myopie importante de Richard Wagner, ainsi qu’à son astigmatisme. Cette réflexion concernant cette triple malformation oculaire étant extrêmement instructive pour expliquer et comprendre les fréquentes migraines, ou céphalées, endurées quotidiennement par le maître, d’autant plus qu’il avait horreur de porter des lunettes. Ceci explique cela.
(À notre connaissance, nous n’avons pas trouvé la description de cette particularité dans les nombreuses biographies consultées.)


Seconde référence apportée sur le forum: le même participant annonce avoir trouvé deux planches représentant le compositeur représenté avec des lunettes, dans le livre de René Dumesnil "Richard Wagner" - Editions Rieder 1929. Voici ce qu'il écrit: 


On y trouve un portrait de Wagner (sans lunettes) par Renoir de 1884 d'après une esquisse de Renoir en 1880, des manuscrits, des photos etc., et des caricatures dont celle de "Wagner Chef d'orchestre" portant des lunettes, dessin de Gustav Gaul et un "Wagner (portant lunettes, il me semble) pendant une répétition au Théâtre wagnérien à Bayreuth" - dessin d'Adolph Menzel de 1875.

Cela ouvrait une nouvelle piste, celle de la caricature. Et de fait, des caricaturistes ont portraituré Wagner portant des lunettes 

C'est le cas de Sir Leslie Matthew Ward (21 Novembre 1851 – 15 Mai 1922), SPY de son nom de crayon, dans Vanity fair en 1877.


En questionnant un moteur de recherche avec pour mots-clés 'Wagner' et 'caricatures', on trouve rapidement mention de l'ouvrage   'Richard Wagner en caricatures' de John Grand-Carteret, que l'on peut entièrement consulter et lire en ligne (cliquer ici), et qui est une véritable mine d'or.   On y trouve en page 4 la caricature de Gustave Gaul, qui date de 1886. Plus loin, un 'portrait-charge'  montre Wagner de profil, avec des lunettes, en robe de chambre , en mouvement, un pied levé. Il provient du Wiener humoristisches Jahrbuch, un almanach de 1864. Cette caricature est reproduite à la page 73 du livre. Ce même livre reproduit une caricature très mordante du Moonshine, dans sa galerie des 'Beautés professionnelles' , avec Wagner portant là aussi des lunettes. Le compositeur y porte un cor autour du cou (page 77)

Wagner porte donc des lunettes au moins à partir de 1864, précisément la période que couvre l'exposition de Munich, il a alors 51 ans.

La caricature ci-contre où on le voit frapper à la porte du de la caisse du cabinet doit dater de sa période munichoise (1864-1865). (Je n'en sais actuellement ni l'auteur ni où elle a été publiée).

Reste la question de savoir pourquoi le compositeur n'est représenté avec des lunettes que dans la caricature, pourquoi n'est-ce généralement pas le cas des peintures, des photographies et des sculptures le représentant. Une hypothèse: Wagner n'avait pas de contrôle sur les caricaturistes, alors qu'au moment de la photographie il pouvait ôter ses lunettes. A-t-il exercé son 'droit à l'image'?  Etait-il soucieux de la manière dont on le rerprésentait. Toute information à ce sujet est la bienvenue. A suivre donc.

Caricature de Gustave Gaul



































Post précédent sur l'exposition à la Bibliothèque d'Etat de Bavière : cliquer ici

Remarque: cette fiche est en construction, elle sera modifiée en fonction de l'arrivée de renseignements nouveaux.


jeudi 14 mars 2013

Les lunettes de Richard Wagner



L'exposition sur la période munichoise de Richard Wagner à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich présente une paire de lunettes de lecture ayant appartenu au compositeur. Les lunettes sont présentées avec leur étui sur lequel est gravé le mot "Lesung" (lecture). Elles proviennent d'une collection privée. Comme ces lunettes sont hors catalogue, on ne sait pas quand Wagner en a fait l'acquisition ni s'il les portait déjà pour la lecture lors des deux années passées à Munich

C'est anecdotique bien sûr, mais ce type de petit objet qui a dû passer maintes fois dans les mains du compositeur a quelque chose d'émouvant. 

Quand Wagner a-t-il commencé à porter des lunettes? Quel était son problème de vue? L'a-t-il jamais évoqué dans un écrit? Y a-t-il une photo représentant le compositeur portant ses lunettes? Merci de me communiquer vos renseignements à ce sujet.

Un post précédent présente sur cette exposition: cliquer ici

L'expo sera inaugurée ce soir à la Bibliothèque d'Etat de Bavière.

Des caricaturistes ont portraituré Wagner portant des lunettes 

C'est le cas de Sir Leslie Matthew Ward (21 Novembre 1851 – 15 Mai 1922), SPY de son nom de crayon, dans Vanity fair en 1877.
Spy (Leslie M. Ward)  - Richard Wagner the German Musician Conducts

La Lenbachhaus rouvrira ses portes le 8 mai


Photo : DAS NEUE LENBACHHAUS... noch 65 Tage bis zur WiedereröffnungLa rénovation complète de la maison Lenbach de Munich aura duré quatre ans. Le bureau d'architectes Foster + Partners a été chargé de la construction d'un bâtiment adjacent rue Richard-Wagner. Le Musée et son extension ouvriront leurs portes au public le 8 mai.

Aux cimaises du musée on pourra admirer la collection permanente de tableaux du 19ème siècle à laquelle vient s'ajouter le récent legs de la Fondation Christoph Heilmann Stiftung avec des tableaux de l'école romantique allemande et de l'école de Barbizon. On retrouvera également avec plaisir les célèbres toiles du Blaue Reiter avec entre autres des oeuvres de Wassily Kandinsky, Gabriele Münter, Franz Marc et August Macke. 

Un nouveau site internet est en cours de construction.

Détail de la façade du nouveau bâtiment

Vue du nouvel ensemble depuis la Place Royale

mercredi 13 mars 2013

Opéra de Munich: l'incomparable Jenůfa de Tomáš Hanus

Photo : "So muss Oper sein: markerschütternd und bis in die Haarspitzen hinein brennend bei allen Beteiligten." (Klaus Kalchschmid, Süddeutsche Zeitung) – Morgen Abend als Live-Stream auf www.staatsoper.de/tv: Leoš Janáčeks JENUFA!
Gabriele Schnaut en sacristine

Le Bayerische Staatsoper reprend actuellement la Jenůfa de Leoš Janáček dans la mise en scène de Barbara Frey de 2009-, une mise en scène sobre et cohérente qui a pour grand avantage de soutenir l'action et  de la rendre aisément lisible, et qui utilise admirablement bien l'espace scénique. Les lignes visuelles et la dynamique des personnages principaux et des choeurs sont aussi belles qu'efficaces. 

La base du décor est installée au premier acte: des émergences rocheuses sur ce qui pourrait être une grève encombrée de fûts en acier, pour certains à demi enfoncés dans le sol, avec l'image d' éoliennes en mouvement projetée sur la toile du fond de scène, avec un très beau camaïeu de gris plombés. Au premier acte, les rochers de droite reçoivent une simple table de cuisine avec des chaises, la vieille Buryja y épluche ses légumes. Au deuxième acte, une pauvre maison en coupe sur pilotis qui laisse supposer une zone inondable par des crues ou ou des marées surplombe les rochers à gauche de la scène, la maison de la sacristine qui a été construite exactement sous une éolienne dont on ne voit que la partie inférieure du pilier, un mobilier aussi pauvre que la maison style années 60 avec un petit poste de télévision. Au troisième acte pour la scène du mariage, la maison a disparu, seul reste le mobilier au même emplacement. Barbara Frey a un art consommé du tableau et les décors de Bettina Meyer sont particulièrement réussis, dans une esthétique de la simplicité avec un emploi subtil, tendre et nuancé de la couleur, soutenu par le beau travail des lumières de Michael Bauer.

La symbolique de la disparition des murs et du toit de la maison au troisième acte se comprend aisément: l'enfant de Jenůfa est mort, assassiné par la sacristine, par son mariage Jenůfa partira de la maison et la sacristine sera sans doute emprisonnée, on assiste au drame de la désagrégation d'une maisonnée. Ce qui pose question, c'est l'anachronisme de la modernité de cette mise en scène, le décor  années 50 ou 60 de la maison qui semble un reliquat de l'après-guerre , le poste de télévision et, anachronisme dans l'anachronisme, les éoliennes du début du 21ème siècle. Passe encore pour le symbolisme des éoliennes: la maison est installée sous une éolienne, ce qui souligne la pauvreté extrême de la famille de Jenůfa (Qui donc voudrait vivrait sous le bruit constant des ces grandes ferailles mugissantes?); la présence d'éoliennes supposent un pays aussi venteux et désolé que l'est le destin des femmes chez Janáček. Autant en emporte le vent! Le problème est que toute la structure sociale dans cet opéra est typique d'une société rurale de la fin 19ème siècle, dans laquelle les rôles sont partagés par la tradition, la femme à la maison, l'homme à la glèbe, au charbon ou à la guerre, et dans laquelle l'émancipation de la femme n'existe même pas à l'état de rêve: la femme n'est pas autonome, n'a pas accès au travail rémunéré, son destin dépend de son apparence physique et l'apparence de sa vertu, une fille-mère défigurée est une femme perdue. Au temps des éoliennes, Jenůfa serait une maman comme les autres, son enfant vivrait dans une famille monoparentale et serait placé à la crèche pendant que sa mère va travailler. Les éoliennes de Barbara Frey, pour métaphoriques qu'elles soient, n'en sont pas moins un anachronisme incongru dans cette mise en scène par ailleurs bien huilée, toute au service de l'action et fidèle au livret, et qui laisse toute la place au chant et à la musique.

La direction musicale est confiée au chef Tomáš Hanus, un Tchèque qui a une connaissance intime et un amour que l'on sent viscéral de la musique de son pays, et particulièrement de celle de Janáček.   Il parvient à exprimer la douceur et l'unité symphonique d'une musique qui, au-delà des hystéries des drames individuels et collectifs des personnages, communique un message rédempteur de pardon et d'espoir, avec  une compréhension profonde et compassionnelle de l'humaine condition. La proximité de Tomáš Hanus et de Leoš Janáček et évidente: le jeune chef a étudié à l'Académie  Janáček pour la musique et le drame de Brno, la ville qui a vu la création de Jenůfa en 1904; on a pu ces dernières années apprécier ses interprétations d'autres oeuvres du compositeur sur plusieurs grandes scènes européennes. Il réalise un travail complice avec l'excellentissime orchestre d'Etat de Bavière, visiblement ravi de travailler sous sa direction, et dont il obtient le meilleur. Le résultat est magnifique, va droit au coeur et touche profondément l'âme. Les choeurs préparés par Sören Eckhoff participent de la même unisson et de la même excellence. Et comme la distribution n'est pas en reste, tout au contraire, on a l'occasion de vivre un moment musical qui relève de la perfection. La musique de Janáček s'en trouve déclinée dans toute sa beauté, dans toute sa puissance, dans toutes ses tensions dramatiques et ses secousses pourtant sous-tendues par d'humaines douceurs. Le travail de Tomáš Hanus privilégie une lecture romantique de l'oeuvre qui donne accès à une compréhension plus empathique des personnages, on a déjà entendu  ailleurs
des Jenůfa plus saccadées qui mettent davantage l'accent sur sa modernité et où l'on discerne moins l'unité sous-jacente de l'oeuvre, qui roule comme une vague de fond que révèle parfaitement le chef tchèque. Avec Tomáš Hanus, les diversités rythmiques de l'oeuvre et sa richesse instrumentale se voient reliées dans l'histoire dramatique d'un poème symphonique. Cette interprétation donne un sens musical en nous conduisant à l'aboutissement de l'oeuvre: le pardon, le repentir  et l'espoir qui animent la fin du drame.

La distribution des rôles principaux est tout bonnement exceptionnelle, avec des chanteuses et chanteurs tout au service de l'oeuvre et des personnages qu'ils incarnent et jamais à la recherche d'un panache personnel. La soprano finnoise Karita Mattila donne une  Jenůfa éclatante de sensibilité et épouse les contours de cette âme féminine éperdue puis tourmentée tant par sa performance vocale que par son jeu d'actrice, avec une présence en scène impressionnante qui nous transporte dans l'action et abolit la distance scénique, tant elle sait parfaitement dessiner son personnage. Gabriele Schnaut fait cette année un second retour remarqué à Munich en sacristine, avec une puissance souveraine de la voix, une présence scénique imposante, mais aussi une capacité d'attention, de soutien et de collaboration avec les autres chanteurs, une grande chanteuse avec une technique vocale impressionnate. La malédiction qu'elle jette en interdisant pour un an le mariage de Jenůfa a l'intensité et les accents de la tragédie antique. Son interprétation du monologue du deuxième acte est une pièce d'anthologie, de même que la scène finale où elle avoue son crime. Le Steva Buryja du tchèque Pavel Černoch, lui aussi issu de l'Académie Janáček, confirme sa performance de l'opéra de Brno où il avait déjà incarné avec bonheur le personnage,  il rend bien la personnalité  d'un bellâtre alcoolisé qui a échappé à la conscription et la mollesse de riche héritier de Steva. Laca Clemen est l'heureuse spécialité de Stefan Margita qui en a fait sa carte de visite puisqu'il a chanté le rôle de Tel Aviv à San Francisco en passant par Paris, Lyon ou Houston. Il en donne une interprétation aussi brillante que sensible et rend merveilleusement bien compte de ce personnage à l'évolution complexe: l'amoureux éconduit et vengeur du début laisse place à l'amant coupable et bourré de remords qui finit par trouver le chemin pourtant très improbable d'un amour enfin partagé, sage et heureux. La qualité du jeu d'acteur dans la transformation morale du  personnage est remarquable. Il faut une grande voix et un grand acteur pour rendre compte de cette complexité, c'est ce que nous offre Stefan Margita, à qui on aurait tort de reprocher d'avoir approfondi le rôle. Un très grand Laca! Les rôles secondaires sont généralement bien tenus, avec surtout la performance très remarquée et très physique de la bergère  d'Angela Brower.
Jenufa et Laca, jeunes mariés en habits de deuil,
la fin est un nouveau départ
Par delà monde machiste de l'opéra de Janáček, un monde de pauvreté, de misère, d'alcool et de violence parfois criminelle, il y a le message de pardon et de douceur d'une Jenufa qui parvient à transcender la douleur de la femme délaissée, lacérée dans sa chair et dont l'enfant a été assassiné, il y a cette rédemption quasi incroyable. Avec cet orchestre, ces choeurs, ce chef et le travail incomparable de ces chanteurs et de ces chanteuses, on parvient à y croire et l'opéra atteint à la grandeur de la tragédie antique, et on sort de là reconnaissant et transformé par les vertus cathartiques d'une musique aussi bien exécutée.

Prochaine représentation : le 16 mars à 19 heures. Et il reste des places! Cliquer ici puis sur k-a-r-t-e-n pour réserver.

Crédit photographique: Wilfried Hösl

Complot contre Hitler: décès du dernier comploteur encore en vie, le Baron von Kleist


Le Baron Ewald-Heinrich von Kleist est décédé à l'âge de 90 ans dans sa maison des bords de l'Isar, à Grünwald près de Munich. Il était le dernier des participants encore en vie à avoir participé au complot du 20 juillet 1944 contre Hiler qu'avait organisé le colonel Claus von Stauffenber. Après la guerre, le Baron von Kleist avait fondé une maison d'édition et pris en 1962 l'initiative de la Conférence de Munich sur la politique de sécurité  Son expérience de la Seconde Guerre mondiale lui avait appris que le dialogue de politique de sécurité entre l'Europe et les États-Unis était un facteur de paix majeur. Aujourd'hui, l'événement est considéré comme l'un des plus importants au niveau international réunissant des personnalités des domaines de la politique, des sciences et des médias, dont de nombreux dirigeants du monde entier. Étant donné qu'il s'agit d'une rencontre non gouvernementale, aucune décision officielle n'y est prise. Cela permet de débattre, tant publiquement qu'à huis clos, de questions critiques sans la pression de devoir trancher.


Le nom du Baron von Kleist qui fut prêt à sacrifier sa vie pour assassiner Hitler restera .synonyme de courage exemplaire.

mardi 12 mars 2013

Opéra de Munich: Richard Jones met en scène Hänsel et Gretel

Richard Jones

Après 48 ans de bons et loyaux services, l'Opéra de Munich a décidé de remiser au placard la très belle mise en scène de feu Herbert List, datant de 1965, qui a fait la joie de plusieurs générations de petits comme de grands. C'est à Richard Jones qu'a été confiée la nouvelle mise en scène du célèbre opéra d'Englebert Humperdinck Hänsel et Gretel. C'est la troisième mise en scène de Richard Jones à Munich: il a récemment monté un Lohengrin des plus controversés et Les contes d'Hoffmann qui fut bien plus applaudi. Première le dimanche 24 mars. 

L'orchestre d'Etat bavarois sera dirigé par Tomáš Hanus, qui est actuellement aussi au pupitre pour Jenufa. Ävec là aussi une nouveauté: pour la première fois au Bayerische Staatsoper on jouera la partition publiée il y a quelques années aux éditions Schott. Tomáš Hanus s'est attaché à essayer de restituer au plus près les intentions et les exigences musicales du compositeur.

Ce sont deux jeunes artistes, issues de l'Opernstudio munichois et qui aujourd'hui font partie de la troupe de l'opéra, qui se sont vu attribuer les rôles-titres: l'Irlandaise Tara Erraught, qui a récemment enflammé le public par sa prestation dans le rôle de Romeo, un  remplacement au pied levé lors de la première de I Capuleti e i Montecchi,  joue  Hänsel.  A ses côtés, Hanna-Elisabeth Müller  tient la partie de Gretel. Le ténor Rainer Trost fait ses débuts dans le rôle de la sorcière. Décors et costumes de John Macfarlane.

Engelbert Humperdinck
Premiere le 24 mars 2013
Les 27 mars, 1, 4 et 7 avril au Théâtre national.

Source et réservations: le site du Bayerische Staatsoper

lundi 11 mars 2013

Didon et Enée en Afrique au Théâtre Cuvilliés

Didon Stephanie Krug (c) Hermann Posch
L'ensemble pour la musique ancienne et moderne  Cosi facciamo vient de reprendre au Théâtre Cuvilliés sa création de 2006 du Didon et Enée de Purcell , rebaptisé Didon et Enée en Afrique.  Ces dernières années, le public munichois avait déjà pu apprécier le travail de ce groupe de musiciens et de chanteurs placés sous la direction musicale de Hans Huyssen dans d'autres opéras comme l'Orfeo de Monteverdi (2008) et Ariodante de Haendel (2011).  

Le titre de l'oeuvre revisitée y insiste, l'action se passe sur les côtes africaines, à Carthage. Cosi facciamo repense l'opéra de Purcell en y ajoutant la confrontation en  miroir de la musique arabe. De part et d'autre de la scène l'orchestre baroque qui interprète la partition de Purcell sur des instruments anciens et deux musiciens d'origine irakienne (Saad Tahir, Bassem Hawar ou Roman Bunka) qui jouent et chantent, en prolongation ou en dialogue avec la musique de Purcell, des mélodies mâqam avec des instruments de la musique arabe traditionnelle tels le djoze, l'oud, le darbuka, le req ou le daf, accompagnés au luth par l'excellent Joel Frederiksen.  C'est là tout le paradoxe et l'originalité de ce groupe de musiciens: issus de la formation classique la plus pointue (ses fondateurs ont notamment participé aux séminaires de Nikolaus Harnoncourt au Mozarteum de Salzbourg en 1998, où ils se sont rencontrés), ils organisent le dialogue et le contrepoint de deux musiques, renouvellent le genre et contribuent à une réflexion musicale sur un monde contemporain en pleine (r)évolution que l'actualité mouvementée dramatique du monde arabe met particulièrement en lumière. Qu'on ne se trompe pas sur le propos, l'expérience n'est pas politique, mais bien celle d'une fascination musicale.La musique de Purcell et les mélodies mâqam se complètent et se font écho, les plaintes, la douleur et l'agonie de Didon s'expriment dans des modulations similaires et différentes à la fois avec un effet de dialogue musical des plus réussis.

Stéphanie Krug (c) Sybille Thomé

La mise en scène est a minima. Les sables des rivages africains reçoivent les traces des pas d'Enée qui n'arrive à Carthage que pour mieux en repartir et le corps douloureux et prostré de Didon qui de l'amour connaîtra surtout les affres. Heike Hannefeld joue notamment sur les effets d'un théâtre d'ombre grandeur nature décalqué sur une grande toile de fond de scène qui en fin de deuxième partie sera relevée pour laisser place aux lumières aveuglantes d'une série de néons parallèles  suspendus à la verticale dans un effet à la Dan Flavin. Sa direction d'acteurs privilégie souvent les expressions hiératiques qui soulignent la solennité majestueuse de la musique, c'est le choix assez conventionnel et peut-être un peu trop figé et stéréotypé de l'emphase corporelle dans l'expression des affects de colère, de fureur et de désespoir.

Mais ce sont surtout la musique et le chant qui sont privilégiés, comme en témoigne la présence en scène des deux groupes de musiciens qui encadrent le déroulement de l'action. Les chanteurs sont tous de belle tenue, la Didon de Stéphanie Krug recevra des applaudissements des plus nourris. Le public sort manifestement enchanté de cette expérience musicale qui conduit la musique baroque sur les rivages de la modernité.

Direction musicale Hans Huyssen
Mise en scène et décors  Heike Hanefeld
Costumes de Barbara Anna Keiner
Danses d' Élodie Lavoignat 
Lumières Gerrit Jurda.

Avec Stephanie Krug (Soprano – Didon), Christian Sturm (Tenor, Enée), Beate Gartner (Soprano), Monika Lichtenegger (Soprano), Martina Koppelstetter (Mezzosoprano), Joel Frederiksen (Basse et luth), Anton Leiss-Huber (Tenor ).

Semaine culturelle du lycée français de Munich



Du 11 au 14 mars l’école française vous invite à une semaine culturelle à l’occasion de ses 60 ans.
 Lundi 11 mars 2013, 19h – Soirée cinéma
salle polyvalente Sendling

François Albera, professeur à l´université de Lausanne, est l´un des plus grands spécialistes de la théorie et de l’histoire du cinéma en Europe. Il présente le film de Jean Renoir La grande Illusion et l´analyse après sa diffusion (avec P.Fresnay, J.Gabin, E. Von Stroheim).
Mardi 12 mars, 19h30 – Soirée théâtre
salle polyvalente Giesing

Le théâtre Jean Renoir propose deux pièces courtes et drôles de Jean-Michel Ribes intitulées Dimanche et Tragédie extraites de Tableaux Sans Animaux couronnée en 2001 par les prix du meilleur auteur et de la meilleure pièce comique.
Mercredi 13 mars, 19h – Soirée talents
salle polyvalente Sendling

Les élèves ont du talent et ils nous le prouvent….Animée par le Conseil de la Vie Lycéenne, la soirée appartient aux collégiens, aux lycéens et à tous ceux qui souhaitent les découvrir.
Jeudi 14 mars, 19h – Soirée Chorale
salle polyvalente Giesing

Les 40 choristes de Atout choeur dirigée par A. Boucly, enseignante en éducation et pédagogie musicale, proposeront un répertoire varié allant du classique aux négro-spirituals ou à la variété
française.

Plus de renseignements sur http://www.lycee-jean-renoir.de/