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dimanche 22 septembre 2013

L'homme de la Mancha en octobre à la Reithalle par le Theater-am-Gärtnerplatz

Crédit photographique: Christian Zach
Joseph Köpplinger, le directeur général du Theater-am Gärtnerplatz présente en ouverture de saison la comédie musicale L'homme de la Mancha de Dale Wasserman dans la mise en scène originale d'Albert Marre.

La comédie musicale américaine Man of La Mancha inspirée du roman de Miguel de Cervantes avait été créée en  1964 dans le Connecticut puis en 1965 à Broadway avec les paroles du chansonnier  Joe Darion et sur une musique  de Mitch Leigh. Le Theater-am-Gärtnerplatz en donne à partir du 2 octobre la version allemande, dans la traduction de Robert Gilbert datant de 1968.

Le librettiste Dale Wasserman avait d'abord écrit  une pièce qui mêlait la vie de Don Quichotte et celle de Cervantes, et qu'il avait intitulée Don Quichotte. Elle  avait été d'abord présentée à la télévision en 1959 puis sur scène. C'est le metteur en scène Albert Marre qui convainquit Wasserman de l'adapter en comédie musicale et lui présenta le parolier Joe Darion et le compositeur Mitch Leigh. Leigh, qui n'avait pas l'expérience de la comédie musicale, mit deux ans pour achever la partition.

JACQUES BREL JOAN DIENNER ARMAND MESTRAL L'Homme De La ManchaJacques Brel découvrit importa la comédie musicale en 1967 à Carnegie Hall et convainquit le Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles de la monter en français en 1968. Le célèbre chanteur belge incarnait Don Quichotte alors que le rôle de Sancho Pança était confié à Dario Moreno et Joan Diener qui avait créé le rôle aux Etats-Unis et...ne parlait pas un mot de français. La production belge connut un immense succès et devait être présentée avec les mêmes chanteurs au Théâtre des Champs-Elysées, mais Dario Moreno fut foudroyé par une attaque cérébrale et dut être remplacé au pied levé.

La production en allemand, dans la traduction de Robert Gilbert, précéda de quelques mois celle de Bruxelles. La première eut lieu à Vienne au Theater-an-der-Wien en janvier 1968, avec Josef Meinrad dans le rôle-titre.

Arthur Hiller porta la pièce au cinéma en 1972 avec Peter O'Toole et Sophia Loren en Dulcinée.

Du 2 au 19 octobre à la Reithalle
Réservations par internet: cliquer ici puis sur la date souhaitée et suivre la procédure

Direction musicale Andreas Kowalewitz / Liviu Petcu Mise en scène Josef E. Köpplinger
Cervantes / Don Quijote Erwin Windegger Diener / Sancho Peter Lesiak
Aldonza / Dulcinea Carin Filipčić

Dernière minute

La troupe et l'orchestre du Théater-am-Gärtnerplatz particperont à une flash mob de trois minutes en costumes  ce lundi 23 septembre devant l'entrée du Kaufhof au Stachus. Attention, cela ne dure que trois minutes et c'est à 16 heures! Il peut se passer beaucoup de choses en trois minutes: Erwin Windegger,  alias Don Quijote, chantera le célèbre „Ich träum den unmöglichen Traum“ (rêver un impossible rêve).

Souvenez-vous...



Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux

Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.

samedi 21 septembre 2013

Le Ring de Wagner...en deux minutes et demie! Une animation de l'Opéra de Sidney.




Cette petite vidéo est l'idée promotionnelle de l'Opéra de Sidney qui monte le Ring de Wagner en ce moment. Vous avez toujours eu envie de connaître l'histoire du Ring? Maintenant que vous connaissez l'histoire, venez écouter la musique. L'aventure du Ring de Wagner du 18 au 21 septembre 2013. 

Ever wanted to know the story of Wagner's 15-hour Ring Cycle? .... Here it is in two and a half minutes.
Now you know the story, hear the music: Sydney Symphony Orchestra -- Wagner's Ring Adventure (18 -- 21 Sep 2013).
http://www.sydneysymphony.com/product...



vendredi 20 septembre 2013

Théâtre en français: Venise sous la neige de Gilles Dyrek au Teamtheater Tankstelle de munich

venice-flyer-newsletter.jpg

VENISE SOUS LA NEIGE
une comédie en français de Gilles Dyrek

avec Marie Navarre-Nebel (Patricia) Thierry Seroz (Jean-Luc) Cécile Bagieu (Nathalie) et Marcus Morlinghaus (Christophe)
Mise en scène Marcus Morlinghaus Production/Dramaturgie Petra Maria Grühn Décor et Costumes Monika Staykova
Une coproduction de la Cie ANTÉROS et du TEAMTHEATER TANKSTELLE

Entraînée par son copain Christophe avec qui elle vient de se disputer, Patricia arrive furieuse à un dîner « entre amis » où elle ne connaît personne. Comme elle ne dit pas un mot, on la prend pour une étrangère. Elle entretient alors le quiproquo et fait voler la soirée en éclats…

 ça ne se passe à Venise, mais on se gondole quand méme!

Première le 05 octobre 2013 à 20h au TEAMTHEATER TANKSTELLE, Am Einlaß 2a, à Munich.
Cela se joue jusqu'au 9 novembre.

Réservations: voir le site du Teamtheater Tankstelle

Saut stratosphérique de Félix Baumgartrner: l'interprétation de "Space jump" de Fazil Say par le Trio Karénine est déjà en vidéo!



Fazıl Say [Official]
Fazil Say
Lors du Concours international de musique ARD 2013 qui vient de se terminer dimanche dernier à Munich, le Trio Karénine, un trio avec piano français, a remporté le prix de la meilleure interprétation de l'oeuvre imposée, une création mondiale d'une oeuvre du compositeur turc Fazil Say, Space jump. Cette oeuvre a rencontré un tel intérêt que les organisateurs du Concours ont décidé de l'intégrer au programme des concerts des lauréats qui clôturent traditionnellement le concours.

Avec Space jump, le célèbre pianiste et compositeur Fazil Say a  transposé en musique l'exploit du parachutiste et sauteur extrême autrichien Felix Baumgartner qui, le 14 octobre 2012, a battu trois records: il a été le premier homme à franchir le mur du son en chute libre, battant également le record du saut le plus haut (38 969,3 mètres).  Hissé dans l'atmosphère grâce à un ballon gonflé à l'hélium , Baumgartner avait placé dans une capsule suspendue au ballon jusqu'à son altitude de largage. Il battit donc également le record de l'altitude la plus élevée jamais atteinte par un homme en ballon.

Le Trio Karénine (Photo ARD Wettbewerb/Dorothee Falke)

Lors d'une interview récente, Louis Rodde, le violoncelliste du Trio Karénine, évoquait le travail d'interprétation de l'oeuvre de Fazil Say par le Trio Karénine:

Nous avons pris beaucoup de plaisir à travailler la pièce de Fazil Say. Elle présentait certes quelques difficultés rythmiques, mais elle est écrite avec un élan très proche de l'improvisation, qui en fait un pièce que l'on peut interpréter avec beaucoup de naturel. La pièce est inspirée de l'exploit de Felix Baumgartner qui a effectué un saut depuis la stratosphère. Il y a une vidéo incroyable sur internet; la trame de la partition correspond parfaitement à celle de cette vidéo, et nous avons essayé de faire appel à notre imagination pour nous mettre a la place du héros! La musique de Fazil Say a des infuences Jazz, Pop, Rock. C'est une musique qui mixe habilement la grande tradition musicale et des visions de la création musicale d’aujourd'hui, au-delà des barrières du classique. Nous nous sommes plu à brouiller les pistes !

On peut réécouter l'oeuvre de Fazil Say en observant le travail des musiciens sur la vidéo mise en ligne par BR Klassik:

Pour suivre le travail de Fazil Say sur sa page facebook: cliquer ici
Contacter le Trio Karénine via facebook: cliquer ici







jeudi 19 septembre 2013

Paul Hindemith-Cardillac par le Münchner Rundfunk Orchester le 13 octobre au Prinzregententheater

Programmzettel der Uraufführung Dresden 1926
L'Orchestre radiophonique de Munich ( Münchner Rundfunkorchester) propose le 13 octobre une version concertante de Cardillac de Paul Hindemith dans la version originale allemande de 1926. La direction musicale est confiée à Stefan Soltesz. Dans les rôles principaux on pourra entendre Markus Eiche (Cardillac),  Juliane Banse (sa fille). Le ténor Matthias Klink chantera le rôle de l'officier et la basse Jan-Hendrik Rootering celui du marchand d'or. Avec le Choeur philarmonique de Prague.

La radio BR-Klassik retransmettra l'opéra en direct le 13 octobre 2013 à 19 heures. On pourra également voir l'opéra en live-stream sur www.br-klassik.de. 

Cardillac est un opéra en trois actes et quatre tableaux de Paul Hindemith sur un livret de Ferdinand Lion. Le livret est tiré de la nouvelle Das Fräulein von Scuderi (Mademoiselle de Scudéry) de E. T. A. Hoffmann. 

Robert Burg en Cardillac en 1926
Cardillac est un orfèvre de génie à la cour de Louis XIV. Il a tant de mal à se séparer de ses œuvres qu’il poursuit et assassine ses clients pour les récupérer. L’affaire se double d’une intrigue oedipienne: la fille de Cardillac n’arrive pas à partir avec son amant car elle ne se résout pas à abandonner son père. Cependant, elle s’apercevra, non sans désappointement, que celui-ci tient plus à son or qu’à elle-même et lorsque son soupirant sera lui-même menacé par la folie meurtrière de Cardillac, elle fera tout pour sauver son père de la foule déchaînée qui finira cependant par le lyncher.

La première a eu lieu le 9 novembre 1926 au Sächsischen Staatstheater de Dresde (aujourd'hui le Semperoper) et reçut des critiques des plus négatives ( Une totale cacophonie− Cette musique n'a plus rien à voir avec le romantisme du matériau de base ni avec la chaleur du sentiment ). En 1952, Hindemith a composé une seconde version de cet opéra. 


Réservations: via BR-Klassik: par téléphone au 0049-89-590010880 ou en ligne sur Br-Klassiktickets

mercredi 18 septembre 2013

Campagne contre les incivilités dans les transports publics viennois: 50 euros d'amende pour un baiser?

Ne laisse pas ta merde derrière toi, en tout cas pas ici! La civilité a la priorité.
Lignes viennoises. La ville t'appartient!

Les transports publics viennois lancent une grande campagne contre les incivilités dans les transports publics. Dès à présent, il ne sera plus permis de se mettre les doigts dans le nez, d'embrasser goulûment son petit copain ou sa petite copine, d'y téléphoner bruyamment sur son portable ou d'y manger des nourritures aux graisses odoriférantes. Les contrevenants seraient mis à l'amende: 50 euros le baiser, ça va faire mal....Pas de discrimination cependant: que le baiser soit hétérosexuel ou homosexuel, unicolore ou bicolore, tout le monde pourrait passer à la caisse.

Trottinette ou skate-board sur les quais, pas de ça Lisette!

La campagne a commencé le 16 septembre et devrait durer trois semaines. Les transports publics viennois soulignent qu'avec 2500000 passagers quotidiens, le rappel d'un savoir vivre ensemble n'est pas du luxe. La campagne est en ligne sur le site des Wienerlinien.

Question: le baiser se pratiquant généralement à deux, c'est 50 euros le baiser ou 50 euros chacun?



Trois vidéos sont diffusées pour accompagner la campagne

mardi 17 septembre 2013

ARD Musikwettbewerb 2013: à la rencontre de Sophie Dartigalongue, bassoniste

Sophie Dartigalongue a remporté une double victoire au Concours international de musique ARD dans la catégorie basson. Le concours ARD est sans doute le plus célèbre au monde pour cet instrument.  Sophie Dartigalongue a 22 ans, elle arrive au terme d'une formation qu'elle a commencé alors qu'elle avait treize ans,  sa jeunesse ajoute encore au mérite de sa victoire. 

Sophie Dartigalongue, vous venez de participer avec grand succès au Concours international de musique ARD dans la catégorie 'basson', vous y avez remporté  un deuxième prix ex aequo, le premier prix n'ayant pas été attribué, ainsi que le prix du public. Vous avez été engagée en mai dernier comme contrebasson par le Berliner Philarmoniker, un  des orchestres les plus renommés au monde, et vous couronnez aujourd'hui un parcours de vie musicale impressionnant par cette double victoire. Voudriez-vous évoquer votre parcours personnel? A quel âge avez-vous abordé le basson ? Et qu'est-ce qui vous a poussée à faire ce choix. Quelle est votre parcours de formation?

S.D.: Le basson n'a pas été mon premier instrument, j'ai commencé ma formation musicale avec la guitare, puis la clarinette avant de commencer le basson en 2003. J'ai tout de suite adoré la sonorité de cet instrument. J'ai intégré ensuite le Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon dans la classe de Carlo Colombo et Jean Pignoly où j'ai été diplômée d'une licence en juin 2011. Puis j'ai été admise à l'académie Karajan de l'Orchestre philharmonique de Berlin où j'ai eu pour tuteur Daniele Damiano, avant de gagner le concours pour la place de contrebasson solo dans ce même orchestre en décembre dernier. Je suis actuellement encore en master à la Hochschule de Berlin où j'étudie avec V.Tessmann.

Sur quel type de basson jouez-vous et quelles sont les raisons de ce choix?

S.D.: Je joue un instrument de marque Püchner. J'aime beaucoup cet instrument, il est très flexible, très homogène, il correspond à mon esthétique de jeu.

Pourquoi vous être présentée au Concours international de l'ARD? Dans votre discipline, quelle est l'importance de ce concours au niveau international? A quels autres concours peut-il être comparé? 

S.D.: Le concours de l'ARD est pour nous bassonistes le concours le plus prestigieux. Il n'est pas comparable à un autre comme il peut l'être pour d'autres disciplines (je pense au piano ou au chant par exemple). Il est donc important pour tout bassoniste voulant se faire connaître sur la scène internationale de faire ce concours. Pour ma part, j'ai participé à un certain nombre de concours internationaux où j'ai été lauréate, j'ai gagné une dizaine de compétitions. L'ARD représentait la dernière étape de ma période "concours". De plus il y a réellement des possibilités d'engagement à l'avenir.

Quelle stimulation apporte la participation à un tel concours? Relever ce type de défi nourrit-il votre travail de musicienne?

S.D.: Ce concours demande de se surpasser, déjà comme tout gros concours international il comporte quatre tours et un total de 9 pièces, ce qui représente environ 2h30 de programme. Il est étalé dans le temps puisqu'il se passe environ dix jours entre le premier jour du premier tour et la finale. Je dirais que c'est à la fois de l'endurance ( on doit bien gérer son temps pour rester efficace tout au long du concours) et du ponctuel. Il s'agit de ne pas se concentrer uniquement sur les pièces d'un tour en oubliant les autres et  de garder une vision globale du programme pour éviter d'avoir en fin de parcours à jouer une pièce qu'on n'a plus vue depuis une semaine et en même temps d'être très efficace à chaque tour. C'est également un réel travail sur soi, une gestion du stress, un rapport à la scène différent d'un concert.

Vous avez conquis le public tout au long du concours, et avez recueilli un énorme succès. A votre avis, quels sont les éléments qui suscitent un tel engouement ? Pourriez-vous tenter d'analyser les spécificités et les qualités de votre interprétation des oeuvres pour basson? Quelles qualités vous efforcez-vous de développer ? Vous êtes-vous sentie soutenue par le public munichois?

S.D.: Le public Munichois est très agréable, connaisseur, mais comme tout public il faut aller le chercher, le convaincre, l'emmener avec soi et partager sa musique. Dans mon travail et dans mon jeu j'ai toujours privilégié le côté musical au côté technique. Je cherche à toucher le public, à lui faire vivre quelque chose à travers le son, la ligne, à transmettre l'émotion. Il n'y a rien de plus beau pour moi que quelqu'un qui vient me voir à la fin d'un concert et qui me dit qu'il a eu les larmes aux yeux, parce que finalement ma conception de la musique c'est ça, un langage qui va au delà des mots pour transmettre des émotions de toutes sortes.

En finale, vous avez choisi d'interpréter le Concerto pour basson, orchestre à cordes, harpe et piano d'André Jolivet. Qu'est-ce qui a présidé à ce choix? Et ce choix est-il aussi tactique?

S.D: Le choix est tactique en effet, le concerto de Jolivet pour basson est une des pièces du répertoire la plus difficile, mais si elle est bien interprétée elle "paie" beaucoup. C'est aussi une oeuvre très belle, très riche, Jolivet a réussi à y synthétiser beaucoup d'influences musicales, mariant le jazz à une écriture très contemporaine dans le premier mouvement puis un deuxième mouvement très inspiré du style francais du début du 20' siècle. C'est également remarquablement écrit pour basson avec une réelle maîtrise des registres, des possibiltés de l'intrument qu'il exploite jusqu'à ses limites, et très difficile pour l'orchestre, il aurait été dommage de ne pas profiter de l'opportunité de jouer cette pièce avec le Rundfunk Orchester. On a rarement l'occasion en temps que bassoniste de jouer avec un ensemble de ce niveau.

Quant à l'oeuvre imposée d'Evis Stammoutis, avez-vous rencontré des difficultés lors du déchiffrage de la partition? Dans quelle optique avez-vous préparé votre interprétation? Avez-vous eu le sentiment de participer à la création mondiale de l'oeuvre? La partie du piano dans cette oeuvre ne vous semble-t-elle pas prédominante, et, si c'est le cas, cela rend-t-il la tâche du bassoniste particulièrement délicate? Pour de nombreux profanes qui ont découvert cette oeuvre, la composition d'Evis Stammoutis reste inaccessible parce qu'elle entraîne dans un monde sonore inhabituel. Faut-il être un professionnel de la musique pour apprécier ce type de composition? N'y a-t-il pas un danger d'hermétisme et d'élitisme?

S.D.: L'oeuvre de Sammoutis... Je dis simplement dommage, dommage parce c'est une pièce qui à mon avis aura une durée de vie très courte. Etant quasiment injouable en l'état je pense que personne n'aura à l'avenir envie de se donner autant de mal pour aussi peu de résultat. Surtout dans un contexte de concours, à moins de venir avec son propre pianiste, il est impossible de jouer avec cohésion avec piano. Dommage aussi parce qu'il y a des choses très réussies dans cette pièce (beaucoup de jeux de couleurs par exemple) mais trop de choses non abouties. Rien que la partition elle même n'est pas soignée, l'usage des clefs parfaitement arbitraire, un équilibre piano basson à revoir. 
Je n'ai pas eu l'impression de participer à une création mondiale non. J'ai essayé de donner á la pièce le plus de caractère possible, j'ai fait du théâtre, la pièce s'y prête bien.
Je ne pense pas qu'il faille être un professionnel de la musique pour apprécier la musique contemporaine, non, un public apprécie la musique pour peu qu'il y en ait, ou apprécie un monde sonore, un ambiance, un concept. Le problème avec la musique contemporaine est que le temps n'a pas encore fait le tri entre les bonnes compositions et les mauvaises... Il n'y a pas de danger d'hermétisme où d'élitisme selon moi, le public se trompe rarement, sans public ou auditeur la musique n'a pas lieu d'être, par contre on peut amener un public petit à petit vers un monde sonore différent, seulement il faut le temps d'adaptation nécessaire. Si l'auditeur s'ennuie c'est que le message n'est pas passé et donc qu'il y a un problème quelque part. D'ailleurs un non professionnel de la musique est souvent bien plus ouvert qu'un professionnel.

Si vous vous mettez un instant à la place du jury, quels sont selon vous les critères d'appréciation des membres d'un jury pour estimer l'interprétation d'une bassoniste?

S.D.: Il y a deux catégories de critères je pense, je dirais que la première est l'approche technique, des critères comme la justesse, le son, le volume. La deuxième est beaucoup plus subjective, on va juger le style, la musicalité...

Nous avons tous été frappés par le fait que les finalistes du Concours ARD aient toutes trois été des femmes. Est-ce que c'est dû au simple hasard du concours, ou les femmes ont-elles une approche particulière de cet instrument ? Y a-t-il des bassonistes femmes célèbres ? Les femmes ont-elles toujours eu accès à la pratique de cet instrument, ou est-ce récent dans l'histoire de la musique et de ses interprètes ?

S.D.: Je crois que cette finale féminine est un pur hasard, c'est d'ailleurs le cas pour les disciplines violon et alto ou il n'y avait pas d'homme non plus. Je ne crois pas qu'il faille en tirer des conclusions, il est vrai que depuis quelques années on voit de plus en plus de filles dans les conservatoires mais de là à dire qu'on ait une approche particulière de l'instrument je ne crois pas. Il est vrai aussi que les grands noms du basson sont majoritairement masculins, mais je pense que pour le basson comme pour le reste on tend petit à petit vers un équilibre Féminin/Masculin ce qui était loin d'être le cas il y a encore quelques années. La pratique du basson par les femmes n'est pas nouvelle, par exemple on dit que c'est pour une femme que Vivaldi à composé plus de quarante concertos pour basson.

Quelles pourraient être les répercussions de votre victoire au concours ARD 2013 sur votre carrière ?

S.D.: Un prix à l'ARD s'accompagne très souvent d'engagements en solistes, c'est un bon tremplin, mais ça ne fait pas tout.

Merci, Sophie Dartigalongue, d'avoir bien voulu vous prêter au jeu de l'interview, et d'avoir apporté votre éclairage professionnel sur la pratique de votre instrument ainsi que sur certaines des oeuvres que vous avez jouées lors du concours. Le public munichois aura encore le plaisir de pouvoir venir vous écouter cette semaine à l'occasion des Concerts des lauréats du Concours international de musique ARD 2013. 

Les concerts des lauréats en livestream

Ces concerts auront lieu les 18, 19 et 20 septembre à Munich. La radio bavaroise BR-Klassik les diffuse également en livestream: le 18 septembre à 20 H(Livestream), le 19 septembre à 20 H (Livestream) et le 20 septembre à 20H(Livestream)

lundi 16 septembre 2013

ARD Musik Wettbewerb 2013: à la rencontre du Trio Karénine

Crédit photographique: Dorothee Falke/ARD Musik Wettbewerb
Le Trio Karénine, deux fois vainqueurs du Concours international de musique ARD 2013, a bien voulu répondre aux questions de Munichandco une fois l'extrême tension du concours retombée. Anna Göckel (A.G.) au violon, Paloma Kouider (P.K.) au piano et Louis Rodde (L.R.) au violoncelle ont séduit le public munichois par l'intelligence et la sensibilité exquises de leurs interprétations, des qualités que l'on retrouve dans chacune de leurs réponses tout au long de l'entretien.

Anna Göckel, Paloma Kouider, Louis Rodde, bonjour et merci d'avoir accepté de vous livrer à cette interview. Votre trio avec piano, le Trio Karénine, vient de participer avec succès au Concours international de musique ARD. Le jury vous a décerné un deuxième prix ex-aequo avec le trio Van Baerle et vous avez aussi reçu le prix de la meilleure interprétation de l'oeuvre imposée.
Comment votre trio s'est-il constitué? 

Louis RoddeL.R : C'est dans un contexte d'amitié que nous avons commencé à travailler ensemble. Paloma et moi étions très proches depuis longtemps quand, en septembre 2009, nous avons décidé de fonder un groupe de musique de chambre ensemble. Je connaissais une jeune violoniste au conservatoire de Paris avec qui je pensais que Paloma s'entendrait bien car elles partagent un enthousiasme commun pour la recherche musicale. Je ne m'étais pas trompé, puisque quatre ans plus tard, nous sommes toujours aussi heureux de travailler ensemble!

Pourquoi avoir choisi le nom de Karénine pour désigner votre trio? 

Anna GöckelA.G. : Nous avons la chance de partager tous trois une passion pour la littérature, et Karénine est donc un hommage direct au roman de Tolstoï. Ce que nous trouvons formidable dans ce roman, c’est le fait d’être plongé simultanément dans des conceptions de la vie très différentes suivant chaque personnage. Ces confrontations nous les vivons souvent en musique de chambre ! Ce qu’on en retient est aussi un grand message d’espoir, cette sincérité et cet élan vital des sentiments… 

Pourquoi vous être présentés au Concours international de l'ARD? Dans votre discipline, quelle est l'importance de ce concours au niveau international? A quels autres concours peut-il être comparé? 

A.G. :Dans les concours qui existent dans le monde, l’ARD représente pour les trios avec piano une sorte d’Everest. En tant que violoniste je dirais qu’il est pour moi le concours Reine Elisabeth des Trios avec piano ! Il reçoit dans le milieu musical une reconnaissance unanime qui est très précieuse, et qui j’espère, nous ouvrira les portes de belles salles !

Votre trio a déjà participé avec succès à d'autres compétitions, vous avez remporté l'an dernier le premier prix du 27ème Concours international de musique de chambre Charles Hennen aux Pays-Bas. Quelle stimulation apporte la participation à ce type de concours? Relever ce type de défi nourrit-il votre travail de musiciens?

A.G : Présenter un concours n’est pas un but en soi, c’est plutôt un moyen de frayer notre chemin dans le paysage musical. Il s’avère que préparer ces compétitions nous pousse à enrichir notre répertoire, et que c’est bien souvent aussi l’occasion de rencontres importantes, que ce soit avec les membres du jury, avec les organisateurs de concerts, avec le public.

La pression qui résulte de ces événements nous pousse certes à nous dépasser, mais ce stress bien particulier nous enlève sans doute quelques années de vie !

Quelles sont selon vous les clés de votre succès? Quels sont les éléments qui font la réussite d'une interprétation d'une oeuvre pour trio avec piano? Quelle est l'originalité, la spécificité de votre trio? Sur le plan musical, à quoi êtes-vous particulièrement attentifs dans leur interprétation ?

Paloma KouiderP.K : Si par succès vous évoquez la reconnaissance que nous avons obtenue au concours de l’ARD,  je crois qu’il n’y a pas de chemin tout tracé! Nous avons fait le choix de ne pas prendre l’autoroute, mais les chemins de traverse, les plus bucoliques si possibles ! Nous avons tâché dès notre formation de nous concentrer sur l’essentiel, la musique, et d’être dans la démarche la plus authentique possible. Bien sûr, de manière pragmatique, une des clefs essentielles reste les quelques heures de travail accomplies !!!

En ce qui concerne plus précisément le travail sur le répertoire de trio, ce vers quoi l’on tend dans chaque œuvre est d’être de « plein pied » dans le style du compositeur : s’approcher le plus possible de l’esprit de l’œuvre, essayer d’en extraire sa « substantifique moelle », ce qui en fait son unicité, sa poésie propre… Tout cela, nous le puisons non seulement dans le texte musical, mais aussi dans la littérature, la peinture… tout ce qui peut exercer notre sensibilité de musiciens…

Notre trio est encore tout jeune, mais ce qui œuvre peut-être déjà à une certaine spécificité est le fait qu’il se soit nourri dès sa formation de conseils de quartettistes (le Quatuor Ysaÿe à Paris, ainsi que Hatto Beyerle rencontré à la European Chamber Music Academy –ECMA) ; les conseils de pianistes, je pense à Jean-Claude Pennetier, Menahem Pressler et Ferenc Rados, sont venus plus tard. Or, un quartettiste se concentre avant tout sur cette fusion des sons des quatre membres. On parle du « son d’un quatuor », moins souvent du « son » d’un trio. Cette obsession du son, de la fusion de timbres pourtant plus éloignés que ceux d’un quatuor par la présence du piano, nous la tenons de cette formation. Que les sons s’enrichissent les uns les autres tout en gardant leur personnalité propre. S’inspirer mutuellement, c’est un peu ça la musique de chambre et c’est aussi ce qui nous guide dans notre travail quotidien.

Quant à l'oeuvre imposée de Fazil Say, avez-vous rencontré des difficultés lors du déchiffrage de la partition? Dans quelle optique avez-vous préparé votre interprétation? Avez-vous eu le sentiment de participer à la création mondiale de l'oeuvre?

L.R: Nous avons pris beaucoup de plaisir à travailler la pièce de Fazil Say. Elle présentait certes quelques difficultés rythmiques, mais elle est écrite avec un élan très proche de l'improvisation, qui en fait un pièce que l'on peut interpréter avec beaucoup de naturel. La pièce est inspirée de l'exploit de Felix Baumgartner qui a effectué un saut depuis la stratosphère. Il y a une vidéo incroyable sur internet; la trame de la partition correspond parfaitement à celle de cette vidéo, et nous avons essayé de faire appel à notre imagination pour nous mettre a la place du héros! La musique de Fazil Say a des infuences Jazz, Pop, Rock. C'est une musique qui mixe habilement la grande tradition musicale et des visions de la création musicale d’aujourd'hui, au-delà des barrières du classique. Nous nous sommes plu à brouiller les pistes !

Pendant votre prestation, on a pu remarquer combien vous étiez souvent en contact visuel les uns avec les autres? Quelle est l'importance de ce contact, son utilité?

A.G. : Que ce soit pour unir les vitesses d’archets entre violon violoncelle, pour respirer à trois, la communication par les regards fait partie intégrante du jouer ensemble. Le contact entre musiciens est au cœur de la musique de chambre ; qu’il soit visuel ou sonore, il nous permet à la fois de dialoguer et de fusionner.

Pourriez-vous évoquer les choix du répertoire de votre trio? 

L.R: En trio avec piano, nous sommes vraiment gâtés en terme de répertoire. C'est d'ailleurs bien pour cela que nous nous investissons dans cette formation! Depuis Haydn jusqu'à la musique de notre temps, c'est une succession de chefs-d'oeuvre qui culmine sans doute avec les grands trios romantiques allemands de Schubert, Schumann, Brahms, ainsi qu'avec les trios de Beethoven. Nous adorons travailler ce répertoire, et gardons également une place chère à notre coeur aux trios français de Ravel ou Fauré. Nous nous investissons également dans la création contemporaine, car c'est aussi par l'interaction entre les compositeurs et les interprètes que la création avance! Nous avons notamment créé cette année un trio que le jeune compositeur français Benoît Menut a choisi de nous dédier, trio inspiré d'une nouvelle de l'écrivain russe Ivan Bounine, "Les Allées Sombres". Enfin, nous essayons de donner également des pièces moins connues que nous sommes amenés à découvrir: cela a été le cas du magnifique trio de Mieczyslaw Weinberg que nous avons donné pour le second tour du concours.

Pensez-vous que le fait d'avoir remporté le concours influencera votre carrière et les possibilités d'engagement de votre trio? 

P. K : Notre récompense au concours de l’ARD est encore toute récente ! Pour l’instant nous profitons de cette belle reconnaissance qui vient d’abord couronner un travail artistique. Mais bien sûr, comme tout musicien, nous aspirons à jouer dans des salles et des conditions qui nous permettraient de donner le meilleur…

Anna Göckel Paloma Kouider, Louis Rodde, merci d'avoir consacré du temps, un bien particulièrement précieux en temps de concours, à répondre à ces quelques questions. Le public munichois aura encore le plaisir de pouvoir venir vous écouter cette semaine à l'occasion des Concerts des lauréats du Concours international de musique ARD 2013. 

Les concerts des lauréats en livestream

Ces concerts auront lieu les 18, 19 et 20 septembre à Munich. La radio bavaroise BR-Klassik les diffuse également en livestream: le 18 septembre à 20 H(Livestream), le 19 septembre à 20 H (Livestream) et le 20 septembre à 20H (Livestream)

dimanche 15 septembre 2013

Un Trio français remporte le Concours international de musique ARD 2013 ex aequo avec un Trio hollandais dans la catégorie trio avec piano

Klaviertrio 2013 | Bild: ARD-Musikwettbewerb/Dorothee Falke
le Trio Van Baeree et le Trio Karénine
La finale du prestigieux concours dans la discipline Trio avec piano a eu lieu hier au Prinzregententheater et les deux trios finalistes, le Trio Karénine (France) et le Trio Van Baerle (Pays-Bas) ont été proclamés vainqueurs ex aequo. Si le Trio Van Baerle remporte de plus le prix du public, le Trio Karénine remporte lui le prix de la meilleure interprétation de l'oeuvre imposée, une création mondiale d'une oeuvre du compositeur turc Fazil Say, Space jump.

Klaviertrio 2013 | Bild: ARD-Musikwettbewerb/Dorothee Falke
Le Trio Karénine:  Paloma Kouider piano, Louis Rodde violoncelle,Anna Göckel violon
Les membres du Trio Karénine sont tous tous trois diplômés du CNSM de Paris ou de l’Ecole Normale Alfred Cortot. Avant de relever le défi du Concours international de musique ARD à Munich, ils ont déjà conquis de nombreuses lettres de gloire: Prix des Rotary Club en septembre 2010, 1er Prix du 27eConcours international de musique de chambre Charles Hennen (Pays-Bas/2012), Prix Pro Musicis 2011 et lauréats du 5e Concours international de musique de chambre Joseph Haydn de Vienne en 2012. 

On pourra à nouveau les écouter à Munich  en fin de semaine lors des concerts des lauréats qui auront lieu les 18, 19 et 20 septembre 2013.

Crédit photographique ARD-Wettbewerb/Dorothee Falke

samedi 14 septembre 2013

Le Roméo et Juliette de John Cranko ouvre la saison du Bayerisches Staatsballet

Romeo und Julia. Lucia Lacarra, Marlon Dino. ©Charles Tandy

Le Ballet d'Etat bavarois propose en ouverture de saison la reprise du ballet que  John Cranko avait créé en 1962 en s'inspirant du célèbre drame de Shakespeare. Son Romeo und Julia se déroule selon une ligne narrative dans une chorégraphie clairement lisible qui met en scène la succession des événements du drame. La signature chorégraphique ingénieuse de Cranko transpose chaque émotion mentale dans un mouvement de danse spécifique, avec un vocabulaire classique. Il combine l'influence de la virtuosité du ballet acrobatique soviétique avec la subtilité de l'école anglaise, en particulier dans fameux pas de deux. Le ballet est entré au répertoire du Théâtre National munichois en 1968, et chacune de ses reprises est accueillie avec emballement par le public bavarois.

Ivy Amista et Lukas Slavicky incarneront Roméo et Juliette en ouverture de saison Ils dansent aussi le 30 Septembre. Lucia Lacarra et Marlon Dino reprennent le rôle les 5, 7 et 10 novembre en soirée. Tigran Mikalyelyan et Katherina Markowskaja danseront en matinée le 10 Novembre. La direction musicale est confiée Robertas Šervenikas.

John Cranko
Romeo und Julia
Les 21 et 30 septembre, les 5 et 7 octobre et le 10 novembre 2013, ainsi qu'en février, mars et avril 2014.
Nationaltheater

Réservations: cliquer ici, puis sur la date souhaitée
 


vendredi 13 septembre 2013

Concours international de musique ARD 2013: une majorité de femmes finalistes désignées par des jurys surtout masculins

Le Concours de musique ARD 2013 met les femmes à l'honneur. Ce concours concerne chaque année quatre disciplines musicales:  cette année il s'agit du basson, du violon, de l'alto et du trio avec piano. Dans les trois premières catégories, seules des femmes ont accédé à la finale, à raison de trois femmes par discipline. Dans la dernière, deux trios pour piano ont été retenus pour la finale, l'un composé de deux hommes et d'une femme, l'autre d'un homme et de deux femmes. 
Au total, cela donne 12 femmes pour trois hommes.

Ce qui est inversément proportionnel à la composition des jurys, où la gent masculine domine largement.

Le fait est tellement frappant qu'il mérite d'être souligné: les finalistes sont majoritairement des femmes, les jurys sont majoritairement composés d'hommes. 

En musique aussi, la femme est-elle l'avenir de l'homme? Comme le chantait Jean Ferrat, à la suite d'Aragon:

Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l´horizon
Et le futur est son royaume
Face à notre génération
Je déclare avec Aragon
La femme est l´avenir de l´homme


Les finalistes des épreuves de violon seront départagées ce dimanche: Diana Tishckenko, Christel Lee et Bomsori Kim.

Diana TishchenkoChristel LeeBomsori Kim


Concours international de violon ARD 2013: Emmanuel Tjeknavorian acclamé lors de la demi-finale

Photo : Fotocredit: Christoph Breneis, mdw aufspiel 2012
Crédit photographique: Christoph Breneis, mdw aufspiel 2012
Dura lex sed lex, le jury n'a pas retenu* le virtuose autrichien Emmanuel TJEKNAVORIAN pour la finale du Concours ARD 2013 en discipline violon, malgré une prestation enthousiaste très applaudie en demi-finale. Emmanuel Tjeknavorian est l'un des plus jeunes candidats de ce prestigieux concours, il est âgé d'à peine 18 ans et est le seul violoniste masculin à avoir accédé à la demi-finale.

Très investi dans son interprétation d'un Concerto de Mozart avec un jeu très physique, il a surpris et ravi dans son interprétation de la pièce imposée, une sonate pour violon solo d'Ulrich Leyendecker, une oeuvre très technique pour virtuose que le jeune violoniste a jouée de manière extrêmement vivante et théâtrale et qu'il est parvenu à rendre accessible et compréhensible par le public le plus large. C'est un public enthousiaste et ravi qui a ovationné Emmanuel Tjeknavorian avec des applaudissements longs et nourris, des bravi et même l'honneur des trépignements. Tjeknavorian ne s'est pas contenté de déchiffrer cette oeuvre complexe, il a su l'interpréter en lui donnant une musicalité et un sens visionnaires.

Le jeune violoniste est aujourd'hui âgé d'à peine 18 ans. S'il est né à Vienne en 1995, au sein d'une famille de musiciens, c'est en Arménie qu'il grandira et  fera ses classes de violoniste auprès de P. Haykazyan et de A. Mkrtchian. Depuis septembre 2007 il est revenu vivre en Autriche où il suit l'enseignement d' A. Winokurow et de Boris Kuschnir. 

Enfant prodige, il se produira dès ses 7 ans accompagné d'un orchestre. Dès ses 9 ans, il reçoit une bourse de la Fondation Wladimir Spivakow-Stiftung, ce qui lui permet de se produire dans divers pays. A 10 ans il donne son premier concert en solo à Eriwan. En 2006 il remporte le deuxième prix du Concours Casse-Noisette de Moscou et joue la même année sous la direction d'Eduard Topchian, dle Concerto N°3 de Mozart avec le „Serenade Chamber Orchestra’’. En juillet 2007, deuxième concert en soliste. En 2009 il est un des lauréats du concours Andrea Postacchini, en Italie. En 2009, il est invité à Moscou et joue dans la salle de concert Tchaïkovsky l'"Introduction und Rondo Capriccioso’"de Saint-Saens avec l'Orchestre symphonique national de Russie. En 2012, il remporte le deuxième prix en finale du Concours Eurovision des jeunes musiciens où il représente l'Autriche. Lauréat de nombreux concours,  il a  notamment remporté le 18ème Concours Johannes Brahms. Emmanuel Tjeknavorian a été admis à participer au Concours international ARD 2013 et est parvenu, seul homme avec cinq autres candidates, à la demi-finale.

*La finale, comme dans la catégorie basson, sera ici aussi entièrement féminine. Les finalistes retenues dans la catégorie violon sont Daiana Tishckenko (Ukraine), Christel Lee (USA) et Bomosori Kim .

La justice allemande impose le cours de natation mixte aux élèves musulmanes. Elles pourront porter un burkini.

Slim-Fit Navy-SeawaveLe tribunal administratif fédéral de Leipzig vient de rendre un jugement qui rend contraignant le cours de natation pour les élèves musulmanes et qui permet le port du burkini (ou burquini)*, un maillot qui couvre le corps de la tête aux pieds.

Une école de Francfort avait imposé un cours de natation mixte à ses élèves, Les parents d'une élève, des musulmans d'origine marocaine, avaient porté l'affaire en justice. Il n'était selon eux pas admissible que leur fille soit obligée de côtoyer des garçons au bassin de natation, la vue des  des garçons en maillot étant indécente au regard de leurs croyances, des attouchements même involontaires étaient possibles. Le Ministère de l'éducation avait pourtant permis le port du burkini aux jeunes filles. Mais là aussi, les parents prétendaient que le port du burkini introduisait un facteur de stigmatisation.

Le Tribunal administratif fédéral vient de rendre son jugement et a rejeté la plainte. Il faut raison garder. Les jeunes filles qui décident de porter le voile pendant les cours peuvent fort bien continuer d'être voilées lors d'un cours de natation grâce au port d'un maillot couvrant tout le corps et la tête.


*Le burquini ou burkini, mot-valise entre « burqa » et « bikini », est un vêtement de bain destiné aux femmes musulmanes qui veulent profiter des plaisirs de la plage et de la baignade tout en respectant les préceptes de leur religion[réf. nécessaire]. Il s'agit d'un maillot « intégral », en deux pièces, couvrant tout le corps de la tête aux chevilles. Seuls restent visibles les pieds, les mains et le visage. Le burquini a été conçu en Australie par Aheda Zanetti, jeune styliste d'origine libanaise. (Source: wikipedia à l'article burquini).








jeudi 12 septembre 2013

Expo 'Andy Warhol- Dessins des années 1950' à la Pinakothek der Moderne de Munich

Andy Warhol (1928-1987) n.t. (Star Of Birds), ca. 1957  ink and graphite on paper 45,4 x 60,7 cm

Cette présentation d'oeuvres peu connues d'un des artistes les plus discutés de la seconde moitié du XXe siècle est l'un des événements majeurs qui marque la réouverture de la Pinakothek der Moderne, qui avait été fermée pour rénovation. Exécutées dans les techniques les plus variées, 180 oeuvres graphiques prêtées par des collectionneurs privés, dont Daniel Blau, sont présentées à la Pinacothèque à partir de samedi. il s'agit d'une exposition itinérante qui a déjà été présentée avec grand succès au Louisiana Museum of Modern Art de Humlebaek et au Musée Teylers de Haarlem.

Un important ensemble de dessins de l'artiste qui dataient des années 1950, la première période de Warhol à New York, avait été retrouvé en 2011 dans sa succession. Dans ces oeuvres, Warhol avait déjà jeté les bases de sa carrière future. On y verra des portraits, des fleurs, des manifestants, des fusils, des accidents d'automobile, ainsi que des personnalités célèbres.

Les dessins révèlent un artiste qui a non seulement capté visuellement le monde autour de lui, mais qui le reflète également comme une image. Si Warhol a souvent trouvé ses images dans le monde de la photographie de rue, il  a également transformé son réalisme en emblèmes spécifiques. Dès le début, nous découvrons son étonnante capacité à sublimer la réalité extérieure en quelque chose d'emblématique. Les œuvres se caractérisent par leur esprit expérimental et novateur. Warhol se sert ici de mécanismes conceptuels répétitifs, dans lequel le fragmentaire et l'additif, ainsi que les processus de traçage et de reproduction, acquièrent une importance artistique. Ces oeuvres contiennent en germe les préoccupations qui seront la marque de l'oeuvre de l'artiste dans la décennie suivante avec la technique de la gravure en sérigraphie, avec laquelle l'artiste accédera à la renommée internationale.

Source du texte: traduction libre du texte de présentation de la Pinakothek der Moderne
Source du dessin: Andy Warhol (1928-1987), n.t. (Star Of Birds), ca. 1957, ink and graphite on paper, 45,4 x 60,7 cmCourtesy: Daniel Blau Munich/London © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc.

L'exposition est visible du 14 septembre au 17 novembre 2013 à la Pinakothek der Moderne.



mercredi 11 septembre 2013

L'expo SACS (TASCHEN) du Musée national de Bavière est prolongée jusqu'au 27 octobre


SACS : UNE  HISTOIRE CULTURELLE EUROPEENNE DU XVIÈME AU XXIÈME SIÈCLE

Le Musée national de Bavière consacre une exposition temporaire à quelque trois cents sacs du XVIème au XXIème siècle, une véritable histoire européenne de la civilisation au format de poche. 

Les sacs allemands et français forment le volet le plus important de l’exposition. La partie historique, qui expose des sacs provenant, pour la plupart, de la collection permanente du musée, a été complétée par des objets représentatifs de l’évolution du goût et de la mode des années 20 du siècle dernier à nos jours. Parmi les exemplaires modernes, on trouve des sacs de célèbres marques françaises comme Hermès, Dior et Chanel, dont les accessoires comptent aujourd’hui parmi les objets de design les plus recherchés dans le monde entier et qui sont toujours produits dans la plus grande tradition artisanale. 


Le très grand nombre de sacs français exposés illustre clairement le rôle prépondérant de la France dans toutes les questions de mode depuis le XVIIème siècle. Pour différents types de sacs, c’est le mot français qui est directement passé à l’allemand : par exemple « portefeuille », « ridicule » (nom d’un petit sac pour dame au XIXème siècle) ou « Pompadour » (petit bourse portée au bras qui se ferme par une cordelière et dont le nom vient de l’étoffe fleurie préférée de Madame de Pompadour). 

D’ailleurs au XVIIIème siècle, le Ridicule devient un élément indispensable de la garde-robe féminine. Il annonce la victoire irréversible du sac à main comme accessoire indispensable de la femme à la mode de la fin du XIXème siècle. 

Source : Musée national de Bavière

Bayerisches Nationalmuseum 
Prinzregentenstrasse 3

Plus d’informations : 

mardi 10 septembre 2013

Eurovision 2014: Conchita Wurst représentera l'Autriche à Copenhague

Description de cette image, également commentée ci-après
Photo: Manfred Werner
(
Tsui), mai 2013
Thomas "Tom" Neuwirth, aujourd'hui Conchita Wurst, est une chanteuse autrichienne née le 6 novembre 1988 à Gmunden. Elle vient d'être choisie pour représenter l'Autriche à Copenhague, mais on ne sait pas encore avec quelle chanson.

En 2011, elle avait participé en tant que Conchita Wurst à Die große Chance, l'émission de la chaîne nationale autrichienne ORF . Elle était arrivée seconde à la finale nationale pour représenter l'Autriche à l'Eurovision 2012. ce n'était que partie remise puisque elle vient d'être choisie en sélection interne pour représenter l'Autriche au Concours Eurovision de la chanson 2014.

Pour en savoir plus sur Conchita Wurst, on peut visiter son site bilingue anglais-allemand: cliquer ici.

Voici la video de la performance de Conchita Wurst lors de la présélection 2012.

Concours de musique ARD 2013: finale uniquement féminine dans la catégorie basson



Le jury de la demi-finale du Concours de musique international ARD 2013 dans la catégorie basson a estimé que les candidates féminines étaient les meilleures. Sur les 50 bassonistes admis aux éliminatoires, seuls deux hommes et trois femmes avaient été retenus pour la demi-finale, au cours de laquelle les deux hommes ont été éliminés, ce qui nous mène à ce fait curieux et exceptionnel: une finale exclusivement féminine!

La Française Sophie Dartigalongue (à gauche de la photo) a séduit par la finesse d'un jeu extrêmement élégant, avec des sons d'une beauté éthérée dans les mouvements lents, et beaucoup de précision quand le rythme s'accélère. La Japonaise Rie Koyama (au centre) avec son extraordinaire jeu scénique manie parfois son basson comme s'il s'agissait d'un bazooka, avec une joie communicative et exubérante, et une technique remarquable. Enfin l'Espagnole Maria José Rielo Blanco (à droite) allie une formidable technique du souffle à une interprétation  sensible et rigoureuse.

Finale demain à 18 heures à la Salle Hercule de la Résidence.

dimanche 8 septembre 2013

Concours ARD 2013: deux Français en demi-finale en catégorie basson

Ce dimanche 8 septembre après-midi a lieu la demi-finale de la catégorie basson  au Prinzregentheater. Deux candidats sur les cinq en lice sont Français. Ils seront accompagnés par l'orchestre de chambre de Munich (Münchener Kammerorchester).

Guillaume Bidar a terminé ses études en 2007 à Paris. Il est bassoniste solo à l'Orchestre symphonique de Mulhouse. Le basson l'a toujours fasciné. Il en a commencé l'étude dès l'âge de 10 ans.

Sophie Dartigalongue a quant à elle commencé l'étude du basson à l'âge de 13 ans. Elle a étudié à Berlin et vient d'être  engagée par le Berliner philarmoniker en mai 2013 comme contre-bassoniste solo.

Guillaume Bidar interprétera un concerto pour basson et violon d'Antonio Vivaldi (RV 477) ainsi qu'un concerto pour basson et orchestre de Mozart (KV 191), Sophie Dartilongue le m^peme concerto de Mozart et un autre concerto pour basson de Vivaldi (RV 493). On peut les entendre en livestream à partir de 16 heures sur le site de BR Klassik.

Ils seront en compétition avec l'Espagnole Maria José Rielo Blanco, le Portugais Virgilio Oliveira et la Japonaise Rie Koyama.

Concours international de musique ARD 2013 - Rencontre avec le Linos Piano Trio

Le Linos Piano Trio
Interview de Vladimir Waltham, le violoncelliste du trio Linos, qui est d'origine française et qui a bien voulu répondre à quelques questions à l'issue de sa prestation lors de la première éliminatoire. 

Vladimir Waltham, vous êtes le violoncelliste du Linos Piano Trio, un trio avec piano basé à Londres, très international puisque à vos côtés on trouve Prach Boondiskulchok, originaire de Thaïlande et Konrad Elias-Trostmann, qui est Allemand. Vous participez actuellement au Concours international de musique ARD. Comment votre trio s'est-il constitué? 

Prach et moi avons lancé le trio en 2007, quand nous étions tous les deux étudiants à la Guildhall School of Music and Drama de Londres. Prach avait parlé de son souhait de former un trio à un ami compositeur, qui lui avait sugéré mon nom, et avant même mon premier jour d'étudiant, j'avais reçu un coup de fil d'un parfait inconnu au nom impossible à prononcer, me proposant de jouer ensemble au moins pendant un an. Six ans plus tard, nous jouons encore ensemble et sommes très bons amis! A l'époque nous nous appelions le Lakeside Trio (en référence au réservoir au sein du complexe Barbican, où se situe la Guildhall et qui est le point rencontre des étudiants) et avions un superbe violoniste tchéco-japonais. Konrad nous a rejoint au début de cette année, après une période de flou ou nous avons été sans violoniste et avons joué avec de nombreux autres. Je connaissais Konrad d'avant, mais nous n'avions jamais joué ensemble. Après le premier concert ensemble, Prach et moi avons tout de suite su que nous voulions qu'il se joigne à nous!

Votre trio est international, basé à Londres, on peut imaginer que l'anglais est votre langue de communication?

Tout d'abord, notre trio est encore plus international que vous ne le croyez: Konrad cumule les nationalités Allemande, Brésilienne et Anglaise, tandis que moi-même j'ai la double nationalité Franco-anglaise. Nous parlons tous les trois Anglais, Allemand et Français, ainsi qu'un peu d'Italien, Portugais, alors notre langue de communication peut devenir un bien curieux mélange, qui peut parfois interloquer notre entourage!

Vous avez baptisé votre trio du nom de Linos? Que représente ce nom?

Linos est le frère d'Orphée dans la mythologie grecque. C'est lui qui aurait enseigné à Orphée à chanter et jouer (malheureusement il a presque été oublié dans l'ombre de son illustre frère)

Pourquoi vous être présentés au Concours international de l'ARD? Dans votre discipline, quelle est l'importance de ce concours au niveau international? A quels autres concours peut-il être comparé?

Nous avions longtemps souhaité nous présenter à ce concours. Notre période sans violoniste a failli couper court à ce souhait, mais nous avons trouvé Konrad juste à temps pour pouvoir nous préparer! Je pense que c'est vraisemblablement le concours le plus en vue qu'il y ait pour les trios avec piano. Il y a toujours eu beaucoup de très grands concours pour quatuor à cordes, mais les trios avec piano n'ont pas cette chance. Il y a un grand concours à Melbourne qui est ouvert aux deux disciplines, mais sinon je pense qu'il faudrait le comparer aux concours tels que les concours de quatuor à cordes de Banff (au Canada) ou Londres, ou les grands concours instrumentaux comme le concours Tchaikovsky en Russie, ou le concours Reine Elizabeth de Belgique.

Quelle stimulation apporte la participation à un tel concours? Relever ce type de défi nourrit-il votre travail de musiciens?

C'est une stimulation incroyable: tout d'abord, nous sommes obligés d'avoir un répertoire énorme au bout des doigts (si nous arrivons en finale nous aurons joué en 10 jours autant de répertoire que nous jouerions habituellement en 6 mois!!). Dans notre cas, comme nous avons un nouveau violoniste, ça a été un très gros défi: nous n'avions joué en représentation qu'une seule des pièces au programme quand nous avons su que nous avions l'épreuve éliminatoire par enregistrement. Nous étions très heureux d'avoir été sélectionnés, mais nous nous sommes vite rendu compte que ça allait être un travail énorme! La situation de concours nous force aussi à travailler différemment, peut-être à formuler nos idées de façon plus concrète.

Lors de la première éliminatoire, le Linos Trio a interprété le Trio pour piano, violon et violoncelle no 44 en mi majeur de Haydn ( Hob.XV:28)et leTrio pour piano et cordes nº 2 en ut majeur opus 87 de Brahms. Vous avez conquis le public dans l'interprétation des deux oeuvres et recueilli un énorme succès, les applaudissements ont été extrêmement nourris et les bravi ont fusé de toutes parts. Quelles sont selon vous les clés d'un tel succès? Quels sont les éléments qui font la réussite d'une interprétation d'une oeuvre pour trio avec piano? Quelle est l'originalité, la spécificité de votre trio?


Difficile à dire! La façon dont nous travaillons est très centrée sur une compréhension unanime de l'œuvre. Plutôt que de décider et fixer chaque détail de l'interprétation, nous passons beaucoup de temps à comprendre comment l'œuvre est construite, et quels éléments sont reliés. Nous parlons beaucoup de cause et conséquence: si je joue cette mesure comme ceci, alors tu devras jouer cette mesure là d'une façon différente. Ça nous donne une plus grande liberté et spontanéité, et c'est peut-êre ça que ressent le public: la spontanéité et l'originalité de cette représentation, la prochaine fois que nous jouerons ces œuvres ça sera différent!


Quelles sont les difficultés inhérentes à chacune de ces deux oeuvres? Sur le plan musical, à quoi êtes-vous particulièrement attentifs dans leur interprétation?

Nous avons passé beaucoup de temps à contraster les univers sonores de chaque pièce, mais aussi de chaque mouvement à l'intérieur des pièces. Dans le Haydn, c'est vraiment une sonate pour piano avec accompagnement de cordes (et d'ailleurs publiée comme telle à l'origine). Dans le Brahms, les cordes jouent souvent à l'unisson contre le piano, il nous a fallu trouver un son riche qui ne semble pas pâle face au piano, et vice-versa.

Si vous vous mettez un instant à la place du jury, quels sont selon vous les critères d'appréciation des membres d'un jury pour le trio avec piano?


Il y a des critères d'interprétation: est-ce que le trio a convaincu? Est-ce de bon goût? Est-ce que je me suis ennuyé? Ont-ils de la variété dans leur son? Ont-ils compris l'œuvre? Est-ce créatif? Mais aussi des critères techniques: jouent-ils ensemble, les musiciens ont-ils la même vision, sont ils précisément ensemble, les sons se mélangent-ils bien, respirent-ils ensemble, est-ce qu'il y a tant de mauvaises notes que c'est dérangeant, les cordes jouent-ils juste, comment est le son? Et finalement (peut-être moins important?) la présence scénique: comment se présentent-ils? Est-ce qu'ils arrivent à garder l'attention du public?


Pendant votre prestation, on a pu remarquer combien vous étiez constamment en contact visuel les uns avec les autres? Quelle est l'importance de ce contact, son utilité?

Cela vient en partie de ce que j'exprimais sur notre façon de travailler: comme chaque représentation est différente, il faut qu'on soit en contact pour vérifier que nous sommes "sur la même page", et pour anticiper ce que vont faire nos collègues. Et puis c'est plus agréable que de constamment regarder défiler des notes!

Pourriez-vous évoquer les choix du répertoire de votre trio?


Ça a beaucoup dépendu de nos préférences, mais aussi de ce qu'avaient joué les uns et les autres.


Vladimir Waltham,  pourriez-vous évoquer votre parcours personnel? L'importance de la famille dans votre parcours? A quel âge avez-vous abordé le violoncelle?

J'ai commencé le violoncelle très jeune, à l'âge de 5 ans. Mes parents me disent que c'est moi qui ai choisi, j'ai du mal à m'en souvenir!! Ils sont tous les deux musiciens (ma mère est violoniste, mon père violoncelliste) et ont eu la sagesse de ne pas se mêler de mon éducation musicale, je ne suis pas sûr que je jouerais encore si ça avait été le cas!. Je n'ai jamais eu de cours avec mon père, et ils m'ont encouragé à faire un Bac S et à suivre un parcours différent du leur. Ce n'est qu'à six mois du bac que je me suis rendu compte que finalement la musique m'intéressait plus que la place qui m'était réservée en prépa de physique.

Lorsqu'on fait partie d'un trio, peut-on parallèlement mener une carrière individuelle?

C'est possible et même courant: je pense aux membres des trios Wanderer, Florestan, Beaux-Arts, plus anciennement Istomin-Stern-Rose, Cortot-Thibaud-Casals. Tous ont (ou ont eu) des grandes carrières en soliste en dehors du trio.

Merci, Monsieur Waltham, d'avoir bien voulu vous prêter à cet entretien!

Voir aussi le site internet du Linos Piano Trio