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lundi 31 mars 2014

Cartes postales: les rencontres impériales de Louis II de Bavière à Bad Kissingen en 1864 et 1868

File:Kissingen-Kurgäste-1864.jpg

File:Kaiserkur-Kissingen-1868.jpg

Premier séjour du Tsar Alexandre II venu prendre les eaux à  Bad Kissingen en 1864: rencontre du Tsar et de la Tsarine Maria Alexandrovna avec l'Impératrice Elisabeth d'Autriche-Hongrie, le Roi Louis II de Bavière et le Duc Max en Bavière. La deuxième carte postale représente une rencontre entre le Tsar et le Roi en 1868, lors du deuxième séjour du Tsar.

dimanche 30 mars 2014

Le Theater-am-Gärtnerplatz reprend Don Pasquale au Cuvilliés. Rien que du bonheur.




Depuis hier soir, le Theater-am-Gärtnerplatz a repris sa production que la Kammersängerin Brigitte Fassbaender avait mise en scène en 2012  dans le somptueux cadre rococo du Théâtre Cuvilliés. Pour le plus grand plaisir du public munichois qui avait adoré cette production en 21012 et qui se presse à nouveau aux portes de la Résidence pour remplir les 500 places qu'offre ce petit bijou architectural de la fin du 18ème siècle.

Les huit angelots de stuc laiteux aux ailes dorées qui volettent dans les stucs et les ors du théâtre pour soutenir les couronnes princières électorales de Maximilien III Joseph de Bavière et entourer l'allégorie de sa Renommée  ont un nouveau petit compagnon de jeu. Du cintre de son  décor bleu nuit percé d'un grand oculus, Brigitte Fassbaender fait descendre un angelot tout semblable à ses frères, dont on sait bien qu'il symbolise l'amour. Pendant que se joue l'ouverture, quelques patients à la tête entourée d'un ruban bleu qui soutient une mâchoire endolorie entrent dans le cabinet dentaire du Docteur Malatesta et sont plus ou moins touchés par la présence de l'angelot de l'amour. Si tous sont en principe conviés aux jeux de l'amour, chacun y répond à sa façon, de l'indifférence à la passion en passant par l'intérêt amusé. Don Pasquale en costume à carreaux vient consulter son ami Malatesta, et c'est dans le fauteuil du dentiste qu'il s'installera pour le premier duet. Pour la scène suivante, un caisson latéral s'avance, un lit escamotable s'abaisse dans lequel Norina, encore endormie,  tient un petit amour dans ses bras. A son réveil, elle chante sa première aria en faisant en pyjama des exercices de gymnastique matinale teintés de yoga. De l'autre côté de la scène s'avancera un autre caisson avec une fenêtre décorée de langues de belle-mère. Au sommet du caisson se trouve le lit du pauvre Ernesto  lui aussi en pyjama qui voit s'avancer sous ses fenêtres un cortège funèbre portant un énorme coeur rouge sur un catafalque. Tous sont constamment préoccupés par l'amour, y compris Malatesta qui vient annoncer à Norina le stratagème qu'il a imaginé pour sauver l'amour d'Ernesto: le docteur n'est pas du tout insensible aux charmes de la jeune femme et flirte outrageusement avec elle, et la coquine ne le repousse pas vraiment. Rien n'est tout à fait pris au sérieux dans ce monde de légèreté amoureuse. Arrive la scène du mariage, où Norina apparaît dans un superbe costume d'oie blanche sortie du couvent. Le vieux barbon, Don Pasquale, ne se tient plus de joie à la vue d'une si jolie proie, et un faux notaire à dents de lapin proéminentes aura vite rédigé un contrat marqué au sceau de la déraison amoureuse du brave vieillard.


Brigitte Fassbaender a opté pour une mise en scène simple mais  extrêmement  efficace, avec une sobriété de moyens visuels (décors de Bettina Munzer) qui servent et mettent en valeur l'action: un oculus avec un angelot de stuc, quelques chaises pour la salle d'attente du Dr Malatesta, un fauteuil de dentiste, des caissons mobiles, une table pour le notaire. La metteure en scène a fort travaillé le jeu des acteurs et a empreint leurs rapports d'humanité, de  gentillesse et de bonhomie. On le voit bien dans la deuxième partie: bien sûr, le barbon est tourné en bourrique, mais sans méchanceté, la leçon ne dépassera pas le but de l'affaire qui est de réunir les deux amoureux. Un grand fauteuil au tissu scintillant symbolise à lui seul les dépenses somptuaires de la nouvelle maîtresse de maison. Le choeur des serviteurs récemment engagés est revêtu de vêtements de fonction à rayures bleues et blanches, Bavière oblige. Don Pasquale porte un tablier sous son veston, et c'est Norina, en costume sombre à rayures et chapeau feutre, qui porte le pantalon et la cravate. Les symboles sont ici aussi évidents.  Pour le final, le choeur en arrière plan figure des anges habillés de blanc et porteurs de couronnes de lierre, devant un énorme soleil en forme d'orange, feuillage compris. C'est le triomphe de l'amour. Tout est bien qui finit bien dans le monde de l'opera buffa. On a passé une soirée de légèreté et de gaieté, et c'est très bien ainsi. Le public apprécie cette belle mise en scène qui ne vole pas la vedette à la musique et au livret, mais s'est mise à son service.

Le Cheti cheti
Michael Brandstätter mène l'orchestre avec entrain et enthousiasme. Acteur consommé, Marco Filippo Romano gagne en présence et en puissance au fil de l'action avec son Don Pasquale truculent, c'est aussi le cas du Malatesta de Vittorio Prato. Les deux hommes contrastent par leurs physiques, -rondeur bonhomme et élégance altière-, et en jouent admirablement. Ils exécuteront avec brio les passages précipités du célèbre Cheti,cheti immantinente. Jesus Alvarez incarne agréablement Ernesto, avec son physique de jeune premier, mais son ténor léger manque de projection. La Norina d'Anja-Nina Bahrmann enthousiasme, avec un beau soprano lyrique, une belle souplesse de timbre, des coloratures brillantes, un jeu scénique vif et primesautier. En un an, Anja-Nina Bahrmann s'est encore affirmée dans le rôle, pour le plus grand bonheur du public munichois.

Au Theater-am-Gärtnerplatz, accueilli au Théâtre Cuvilliés, du 31 mars au 12 avril. Cliquer ici pour réserver.
En italien, sur-titres en allemand.  Distrtibution alternée: Adrian Strooper et Mathias Hausmann seront aussi respectivement Ernesto et Malatesta.

Crédit photographique: Christian Zach

samedi 29 mars 2014

Reprise de Boris Godounov à l'Opéra de Munich sous les feux de l'actualité

Anatoli Kotscherga dans la scène finale
Hasard du calendrier, la reprise par le Bayerische Staatsoper de Boris Godounov dans la mise en scène de Calixto Bieito a pris d'inquiétantes couleurs à la lumière des événements récents de Kiev et de la captation de l'Ukraine par la Russie de Poutine. 

La programmation de l'Opéra de Munich voulait faire coïncider la reprise de Godounov avec la parution du DVD*  de la première saison avec Kent Nagano au pupitre et l'extraordinaire Boris d'Alexander Tsymbalyuk. Quelle belle occasion en effet de pouvoir comparer le live du nouveau directeur musical Kirill Petrenko et la performance d'Anatoli Kotscherga qui a repris le rôle-titre en 2014 avec celle de Nagano et de Tsymbalyuk, de se donner le plaisir musical d'estimer si les choeurs magistralement entraînés par Sören Eckhoff se sont encore bonifiés, s'il est possible, tant ils étaient superlativement exceptionnels lors de la première et le sont restés.


On se souvient que Bieito avait donné une extraordinaire lecture contemporaine de la première scène des choeurs où le peuple de Russie réclame la montée sur le trône du nouveau tsar. Le peuple russe de Bieito était encadré et malmené par des forces de police intimidantes et brutales, Bieito stigmatisait la bêtise des masses populaires, qui se soumettent à des hommes forts qu'elles admirent et auxquels elles concèdent un pouvoir absolu, en faisant porter aux manifestants des pancartes qui affichaient des portraits surdimensionnés des hommes politiques du présent: de Poutine à Georges Bush jr ou de Berlusconi à Sarkozy. Le portrait de Poutine en entrée de rideau suscite bien sûr cette année d'autres réactions que les réactions amusées d'il y a un an. En voyant la foule encadrée du peuple arborant de tels calicots, on ne peut s'empêcher de faire l'association avec les foules du Maidan à Kiev et avec la brutalité des forces anti-émeute des berkouts. Et d'entendre sur scène évoquer le sort réservé aux Tatares ne manque pas d'entraîner de mêmes associations. 

L'histoire récente est venue à la rencontre de la mise en scène de Calixto Bieito qui avait voulu stigmatiser la brutalité du pouvoir et la manipulation abêtissante des masses populaires. Cette dimension ajoutée par les événements ukrainiens est aussi le signe des belles qualités et de l'efficacité d'une mise en scène dont la lecture a des valeurs d'universalité. 

Sur le plan musical, on ne peut bien sûr s'empêcher de comparer les interprétations. Peut-être pourrait-on avoir l'élégance de le faire sans rentrer dans une hiérarchie de valeurs. Avec Nagano hier et Petrenko aujourd'hui, on se trouve avec les saveurs différentes de deux grandes personnalités de la direction d'orchestre. Chacun pourra étudier les qualités de Kent Nagano en écoutant et réécoutant le DVD*. Kirill Petrenko apporte bien sûr  dans ses riches bagages beaucoup de l'âme russe. Depuis son arrivée à Munich, il déchaîne l'enthousiasme du public par son travail extrêmement précis qui sait faire s'élever et se détacher les sons de chaque instrument, tout en leur donnant un juste volume sonore. Petrenko a l'art de l'individualisation et de la précision exquise. Il dirige l'orchestre avec douceur et fermeté, sans jamais surcharger le ton. Cela donne un résultat à la fois velouté et puissant qui permet aux chants de s'élever avec nuance et éclat comme autant de perles au creux d'un écrin orchestral. Un grand bonheur pour Munich et pour la musique. Dans ces soirées du printemps 2014, c'est particulièrement remarquable dans la rencontre du travail de l'orchestre et de celui des choeurs, rien que du bonheur.

Dmytro Popov (Grigorij Otrepjew),
Ain Anger (Pimène)
 
Anatoli Kotscherga, qui a étudié à Kiev, livre un travail très différent de la grandiose interprétation d'Alexander Tsymbalyuk, qu'il est difficile de ne pas évoquer en regrettant qu'il n'ait pas repris le rôle. Tsymbalyuk en avait donné une interprétation intériorisée d'une concentration extraordinaire. Kotscherga, qui avait chanté Pimène la saison dernière, donne un Goudounov plus traditionnel, extrêmement théâtralisé. Il donne le meilleur de lui-même dans la dernière scène, où il développe un brillant jeu d'acteur, sa mort de Boris est un modèle d'anthologie scénique qui lui vaut un tonnerre d'applaudissements. La plupart des rôles ont été repris d'une saison à l'autre par les mêmes chanteurs, et on retrouve avec émotion l'excellence de Markus Eiche en Schtschelkalow ou de Gerhard Siegel en Chouïski. Vladimir Matorin est particulièrement en verve et donne un magnifique Warlaam. Parmi les nouveaux venus, on remarque le bel Otrepiev de Dmytro Popov. Et surtout le Pimène d'Ain Anger est confondant de beauté et de présence, sa basse noueuse a des puissances telluriques, une voix somptueuse et profonde, qu'on aimerait un jour entendre dans Boris.

DVD 'Boris Godunow'Prochaine représentation: le 31 Mars au Théâtre National de Munich. Quelques places restantes.

Le DVD est édité par Bel Air Classiques.

Crédit photographique  © Wilfried Hösl

vendredi 28 mars 2014

Année Strauss: reprise de Salomé à l'opéra de Munich

Salome: Nadja Michael

Le Bayerische Staatsoper a repris la Salomé de Richard Strauss dans la mise en scène de 2006 du cinéaste américain William Friedkin avec les décors aussi beaux qu'efficaces de Hans Schavernoch, qui utilisent au mieux les ressources du plateau mobile de l'opéra de Munich. Sans jamais se départir de l'unité de lieu, Friedkin et Schavernoch introduisent un mouvement subtil du décor, un péristyle de marbre blanc dont les lignes de fuite et la hauteur se modifient au fil de l'action. Dans le mur, une simple crevasse permet la communication avec la prison-citerne de Jochanaan. Les piliers du péristyle sont nus, le décor sobre et dépouillé met en valeur les protagonistes de l'action : il s'agit de laisser les âmes se dévoiler, la mise en scène les met en pleine lumière, sans s'encombrer de bibelots qui évoqueraient le temps historique de l'action. Bien davantage qu'un récit biblique biblique, Salomé est un opéra qui nous entraîne dans les tréfonds les plus sordides de l'âme humaine. La tendance au dépouillement se retrouve aussi dans les costumes, plutôt traditionnels, n'était-ce la modernité de la petite robe noire de soirée, à la jupe doublement fendue, magnifiquement portée par l'athlétique Nadja Michael. L'évocation de la nuit lunaire se fait par une belle utilisation des lumières tout au long de l'opéra, le cours céleste de l'astre satellite est simplement suggéré par la modulation de reflets irisés sur les parois du péristyle. Une mise en scène qui rencontre la puissance cathartique de la  musique de Strauss.

Salome: Alan Held, Nadja Michael, Joseph Kaiser

L'entrée en scène physique de Jochanaan est un moment clé de la mise ne scène. Du sol monte un énorme bloc de basalte au creux duquel est lové le prophète. C'est comme une montée de forces telluriques supranaturelles, la lave figée a la forme d'une aile peut-être angélique. 

La danse des voiles reçoit avec Friedkin une dimension supplémentaire : Salomé ne réduit pas le seul Hérode à sa merci en lui concédant les charmes de son évolution lascive, chacun des voiles lui servira à soumettre aux pouvoirs de sa séduction tout ce qui vit dans le palais du tétrarque. Un danseur en collant noir porteur d'ailes noires aux plumes maléfiques et masqué d'une tête de mort double la danse de Salomé. Ce sont bien là les mondes qui s'affrontent dans une rencontre impossible : l'amour dément de Salomé qui s'est séparée de tout sens du réel au point de désirer supprimer une vie pour la folie d'un baiser nécrophile ne peut rejoindre l'amour divin d'un prophète qui s'est déjà détaché des illusions de la vie terrestre.

Le problème scénique de la mise à mort de Salomé est habilement résolu par l'arrivée d'une série de figurants entièrement vêtus de houppelandes noires qui viennent entourer Salomé qui se dissout dans leur encerclement funèbre.

Nadja Michael a le physique d'un rôle qu'elle incarne avec une puissance intériorisée, elle dispose de la maturité et de l'endurance si nécessaires pour développer toute l'ampleur et la progression tragiques du personnage de Salomé, avec un magnifique soprano dramatique qui peut atteindre les notes les plus basses du mezzo. Alan Held apporte toute son expertise du rôle de Jochanaan qu'il chante pour la troisième fois à Munich, avec une intelligence analytique de la musique de Strauss et une parfaite connivence avec l'excellent orchestre bavarois dirigé par Asher Fisch: ce chanteur a de rares qualités d'écoute, ce qui donne la si belle synchronicité de sa performance. L'Hérode d'Andreas Conrad reçoit des applaudissements très nourris. Gabriele Schnaut donne une Herodias convaincante, avec un beau jeu d'actrice, mettant sa maturité au service d'une Hérodiade fatiguée par les outrages subis et installée dans un rôle de matrone douairière. A signaler aussi l'excellent ténor lyrique de Joseph Kaiser dans le rôle de Narraboth, avec une voix limpide, une grande clarté de tons et une expressivité amoureuse poignante.

Prochaines représentations: les 29 mars et 2 avril. Quelques places restantes pour le 2 avril. 

Crédit photographique: Wilfried Hösl

mercredi 26 mars 2014

Festival de Musique Ancienne Innsbruck 2014: "1685"


1685 a été une bonne année pour le monde de la musique. C'est l'année de naissance de Johann Sebastian Bach, de Georg Friedrich Haendel et de Domenico Scarlatti, trois compositeurs qui auront une profonde influence sur la musique et l'ère baroques. La devise du Festival d'Innsbruck de musique ancienne est courte et concise : »1685«. L'accent est mis sur les trois compositeurs nés cette année : Bach , Haendel et Scarlatti . Le programme comporte des chefs-d'œuvre de l'opéra, de la musique d'église, de salle de concert et de la musique de chambre de ces trois maîtres baroques et de leurs contemporains. 

Trois productions d'opéra, une production semi-scénique au château d'Ambras, de la musique d' église et de la musique de chambre, des concerts et le Concours International de Chant Baroque Opéra Pietro Antonio Cesti, tout cela fait l'affiche du Festival d'Innsbruck 2014 . En points d'orgue, l'opéra de Haendel "Almira" dirigé par Alessandro De Marchi et son orchestre Academia Montis Regalis, l'opéra de Domenico Scarlatti " Narciso " avec Fabio Biondi et son orchestre Europa Galante, et une production semi-scénique de "Duello Amoroso" de Haendel avec Attilio Cremonesi et l'orchestre baroque La Cetra.

D'autres temps forts: la Messe en si mineur de Bach, des motets et des cantates, des concertos et de la musique de chambre de Haendel et des sonates pour clavecin de Domenico Scarlatti, ainsi que le projet Open Mind "Odisea Negra" avec l'ensemble La Chimera qui jouera de la musique traditionnelle et polyphonique d'Afrique, d'Europe et d'Amérique latine des années 1700 à nos jours.

"L'Orontea" de Pietro Antonio Cesti  , qui a été composée et créée à Innsbruck en 1656 et est devenu l'un des opéras les plus joués du 17ème siècle sera l'opéra baroque du Festival : une production avec David Bates, son ensemble La Nuova Musica et des participants au Concours Cesti, qui aura lieu à Innsbruck pour la cinquième fois .

Participent au Festival 2014 les ensembles suisvants: Europa Galante, B'Rock, Hofkapelle München , Arnold Schoenberg Chor, La Divina Armonia, Gli Incogniti, La Nuova Musica , La Chimera , Academia Montis Regalis , Cantar Lontano , La Cetra, etc.

Chefs d'orchestres, metteurs en scène et solistes 2014: Alessandro De Marchi, Fabio Biondi, Attilio Cremonesi, David Bates, Jetske Mijnssen, Davide Livermore, Stefano Vizioli, Christoph von Bernuth, Deborah York, Amandine Beyer, Raquel Andueza, Dorothee Oberlinger, Hiro Kurosaki, Lorenzo et Vittorio Ghielmi, Robin Johannsen, Mélissa Petit, Rüdiger Lotter, David Hansen, Marco Mencoboni, Margret Köll, etc.

Programme

On peut télécharger le programme en cliquant ici.

Tickets cliquer ici puis sur tickets online buchen.

mardi 25 mars 2014

Le Theater-am-Gärtnerplatz a présenté son programme pour la saison 2014-2015


L'intendant Josef E. Köpplinger, le directeur musical Marco Comin, le directeur du ballet Karl Alfred Schreiner et le chef d'entreprise Max Wagner ont présenté ce matin le programme de la prochaine saison du Theater-am-Gärtnerplatz. 

En début de saison, Marco Comin dirigera Peter Grimes de Benjamin Britten dans une mise en scène de Balàsz Kovalik. Vient ensuite l'opérette  Wiener Blut (Sang viennois) de  Johann Strauss. Le 150ème anniversaire de la naissance de Richard Strauss sera fêté par une présentation  de son ballet Schlagobers (Crème fouettée, en autrichien) chorégraphié par Karl Alfred Schreiner , une oeuvre dont Strauss avait composé tant la musique que le livret.

Début 2015, une comédie musicale pour les enfants de 7 à 107 ans: Cinderella, une oeuvre de Thomas Pigor. Suivront les comédies musicales Gefährliche Liebschaften, une oeuvre de Marc Schubring inspirée du roman Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, et  un grand classique, Singin in the Rain,  dans la mise en scène de Josef E. Köpplinger.  Une création originale: la chorégraphie de Hattrick, un ballet footballistque (un 'foot-ball-et') de Jo Strømgren, Marco Goecke et Jacopo Godani.

L'opérette Dr. FAUST junior (version en allemand du Petit Faust) de Louis-Auguste-Florimond Ronger (alias Hervé) sera montée en collaboration avec l'Académie de théâtre bavaroise August Everding. En juin, on pourra voir une nouvelle mise en scène de Così fan tutte par Olivier Tambosi au Théâtre Cuvilliés.

En fin de saison, la comédie musicale de Thomas Hermann BUSSI – Das Munical mettra en scène les plus grands hits de la nouvelle vague allemande.

Lien vers le programme 2014-2015  en ligne : cliquer ici.

lundi 24 mars 2014

Expo Ralf König- Paul versus Paulus- au musée de la caricature de Francfort


Ce 27 mars 2014 s'ouvre l'exposition Ralf König- Paul versus Paulus au musée de la caricature de Francfort. Ralf König est l'un des meilleurs créateurs de bande dessinée en Allemagne, avec des personnages pour la plupart inspirés par la communauté gay. Ses albums ont pour la plupart été traduits en français. 

L'exposition présentera une série de dessins et de planches dont un bon nombre extraits de ses albums à inspiration biblique. Les dessins originaux de son nouvel album "Konrad & Paul: Raumstation Sehnsucht" seront également présentés dans le cadre de cette exposition.

A voir au caricatura museum frankfurt jusqu'au 3 août 2014. Une invitation au vernissage du 26 mars peut se télécharger sur le site du musée.

Une lithographie de Neuschwanstein dans le magazine JUGEND (1902)


Un lithographie d'Ernst Liebermann représentant le château de Neuschwanstein publiée dans le magazine d'art Jugend en 1902.

Jugend

Jugend (en français jeunesse) était revue illustrée hebdomadaire munichoise 'pour l’art et la vie' qui eut énormément d'impact au tournant du siècle, autour des années 1900. Rédigée en allemand, elle servit notamment de tremplin au Jugendstil, l'art nouveau germanique, qui tire son nom du titre de la revue. La revue commença de paraître à Munich en 1896. Tout ce que Munich comptait comme artiste en vue à l'époque contribua à cette revue innovante.

Ernst Liebermann (1869-1960)

Artiste bavarois qui s'est notamment fait connaître pour ses lithographies (vues de villes ou paysages), comme illustrateur de livres et comme peintre. Il collabora notamment  à la revue Jugend.

Le texte

Vollendet das ewige Werk!
Auf Berges Gipfel die Götterburg;
prächtig prahlt der prangende Bau!
Wie im Traum ich ihn trug,
wie mein Wille ihn wies,
stark und schön
steht er zur Schau;

hehrer, herrlicher Bau!


Il s'agit d'un extrait d'une réplique du dieu Wotan dans le livret de L'Or du Rhin (Rheingold) de Richard Wagner (deuxième scène). Wotan à son réveil évoque en ces mots sa vision du Walhalla, le Götterburg, le château des dieux. Le texte sous la lithographie escamote les trois premiers vers de la réplique. La revue Jugend compare ainsi implicitement le château de Neuschwanstein au Walhalla, le séjour des dieux.

Dans la vidéo ci-dessous, ce texte est chanté à partir de la minute 2:30 par George London.

dimanche 23 mars 2014

Opéra: reprise de Don Pasquale au Théâtre Cuvilliés


Anja Nina Bahrmann (Norina)
Le Theater-am-Gärtnerplatz reprend son excellente production de 2012 du Don Pasquale de Donizetti dans le somptueux cadre rococo du Théâtre Cuvilliés. On pourra entendre, ou, pour les aficionados, on retrouvera avec grand plaisir la séduisante Norina d'Anja-Nina Bahrmann avec son beau soprano lyrique, une belle souplesse de timbre, des coloratures brillantes et son jeu scénique vif et primesautier. 

Les huit angelots de stuc laiteux aux ailes dorées qui volettent dans les stucs et les ors du théâtre pour soutenir les couronnes princières électorales de Maximilien III Joseph de Bavière et entourer l'allégorie de sa renommée ont un nouveau petit compagnon de jeu. Du cintre de son décor bleu nuit percé d'un grand oculus, la metteure en scène Brigitte Fassbaender fait descendre un angelot tout semblable à ses frères, dont on sait bien qu'il symbolise l'amour. Pendant que se joue l'ouverture, quelques patients à la tête entourée d'un ruban bleu qui soutient une mâchoire endolorie entrent dans le cabinet dentaire du Docteur Malatesta et sont plus ou moins touchés par la présence de l'angelot de l'amour. Si tous sont en principe conviés aux jeux de l'amour, chacun y répond à sa façon, de l'indifférence à la passion en passant par l'intérêt amusé. Don Pasquale en costume à carreaux vient consulter son ami Malatesta, et c'est dans le fauteuil du dentiste qu'il s'installera pour le premier duet. Pour la scène suivante, un caisson latéral s'avance, un lit escamotable s'abaisse dans lequel Norina, encore endormie, tient un petit amour dans ses bras. A son réveil, elle chante sa première aria en faisant en pyjama des exercices de gymnastique matinale teintés de yoga. De l'autre côté de la scène s'avancera un autre caisson avec une fenêtre décorée de langues de belle-mère. Au sommet du caisson se trouve le lit du pauvre Ernesto lui aussi en pyjama qui voit d'avancer sous ses fenêtres un cortège funèbre portant un énorme coeur rouge sur un catafalque. Tous sont constamment préoccupés par l'amour, y compris Malatesta qui vient annoncer à Norina le stratagème qu'il a imaginé pour sauver l'amour d'Ernesto: le docteur n'est pas du tout insensible aux charmes de la jeune femme et flirte outrageusement avec elle, et la coquine ne le repousse pas vraiment. Rien n'est tout à fait pris au sérieux dans ce monde de légèreté amoureuse. Arrive la scène du mariage, où Norina apparaît dans un superbe costume d'oie blanche sortie du couvent. Le vieux barbon, Don Pasquale, ne se tient plus de joie à la vue d'une si jolie proie, et un faux notaire à dents de lapin proéminentes aura vite rédigé un contrat marqué au sceau de la déraison amoureuse du brave vieillard.



Brigitte Fassbaender a opté pour une mise en scène simple et extrêmement efficace, avec une sobriété de moyens visuels (décors de Bettina Munzer) qui servent et mettent en valeur l'action: un oculus avec un angelot de stuc, quelques chaises pour la salle d'attente du Dr Malatesta, un fauteuil de dentiste, des caissons mobiles, une table pour le notaire. La metteure en scène a fort travaillé le jeu des acteurs et a empreint leurs rapports d'humanité, de gentillesse et de bonhomie. On le voit bien dans la deuxième partie: bien sûr, le barbon est tourné en bourrique, mais sans méchanceté, la leçon ne dépassera pas le but de l'affaire qui est de réunir les deux amoureux. Un grand fauteuil au tissu scintillant symbolise à lui seul les dépenses somptuaires de la nouvelle maîtresse de maison. Le choeur des serviteurs récemment engagés est revêtu de vêtements de fonction à rayures bleues et blanches, Bavière oblige. Don Pasquale porte un tablier sous son veston, et c'est Norina, en costume sombre à rayures et chapeau feutre, qui porte le pantalon et la cravate. Les symboles sont ici aussi évidents. Pour le final, le choeur en arrière plan figure des anges habillés de blanc et porteurs de couronnes de lierre, devant un énorme soleil en forme d'orange, feuillage compris. C'est le triomphe de l'amour. Tout est bien qui finit bien dans le monde de l'opera buffa. On passe une soirée tout en  légèreté et en gaieté, et c'est très bien ainsi. On appréciera cette belle mise en scène qui ne vole pas la vedette à la musique et au livret, mais s'est mise à son service.

Le Cheti cheti
Distribution

Norina            Anja-Nina Bahrmann
Ernesto           Jesus Alvarez
Don Pasquale  Marco Filippo Romano
Dr Malatesta   Vittorio Prato
Un notaire       Ute Walther

Michael Brandstätter dirige l'orchestre et les choeurs du Theater-am-Gärtnerplatz.

Theater-am-Gärtnerplatz, accueilli au Théâtre Cuvilliés
Les 29 et 31 mars 2014. 
Les 2, 4, 6, 8, 10 et 12 avril 2014. 
En italien, sur-titres en allemand.

Trailer 

samedi 22 mars 2014

Le Deutsches Theater nouveau est arrivé. Première de West Side Story.

Après plus de cinq années de fermeture pour une restauration complète, le Deutsches Theater a rouvert ses portes dans ses bâtiments de la la Schwanthalerstrasse. Après la soirée d'inauguration en janvier avait suivi la saison des bals, -avec des soirées fameuses, le Deutsches Theater est un haut lieu du Fasching, le carnaval munichois-, et, depuis ce jeudi,  la salle de spectacles a entamé sa saison 2014 avec le légendaire West Side Story.

Das Deutsche Theater

Après avoir franchi le prestigieux porche, on accède à la belle cour du théâtre, avec ses bars et ses restaurants, et son atmosphère décontractée et festive. Le tapis rouge a été déroulé pour les 1500 spectateurs curieux de découvrir les fastes de la salle de spectacles entièrement rénovée. On est accueilli aux flambeaux. L'éclairage a été revu selon un concept original et moderne: de grands filins de lumière blanche découpés dans les parois revêtues des chaudes couleurs d'un beaujolais nouveau structurent et dynamisent les murs et les plafonds dans lesquels ils dessinent de grands losanges incurvés. On s'installe dans de confortables fauteuils , le rideau rouge est éclairé, le spectacle peut commencer.


Et quel spectacle! Les organisateurs ont choisi à dessein West Side Story, un des plus grands classiques du music hall. Le fleuron de Broadway créé en 1957 avait connu en ces lieux sa première européenne il y a plus de cinquante ans, en 1961 très exactement. Le metteur en scène et chorégraphe Joey McKneely a reproduit à l'identique la mise en scène et les chorégraphies originales pour deux heures quarante d'un spectacle qui garde le public constamment en haleine. D'abord parce que l'histoire est universelle: ce Roméo et Juliette des temps modernes qui oppose deux bandes rivales n'a pas pris une ride, la haine raciale et les luttes pour la domination d'un territoire restent hélas d'actualité, l'amour heureusement aussi. Ensuite parce que la musique de Léonard Bernstein est toujours aussi rythmée et envoûtante, le temps ne lui a pas fait affront, au contraire, il a gommé ce qui avait pu choquer les oreilles de la fin des années cinquante. De la fosse, Donald Chan, un spécialiste de Bernstein, - il a dirigé West Side Story plus de 3000 fois-, fait s'élever la dynamique de cette musique aux rythmes si suggestifs avec la complicité d'un orchestre à la précision parfaitement coordonnée. La qualité de l'acoustique de la salle aux beaux volumes courbés atteint elle aussi une perfection rare, et les techniques de sonorisation sont à la pointe des derniers progrès, avec une individualisation parfaite de la source des voix. Les artistes américains polyvalents de Sundance déploient leurs talents étourdissants de danseurs, chanteurs et comédiens, on reste pantois devant un tel professionnalisme et face à la beauté sportive de leurs corps athlétiques. Ils relèvent avec brio le défi des scènes d'ensemble aux chorégraphies méticuleuses, extrêmement exigeantes. Le résultat en est prodigieux! 

Lors de la première, Liam Tobin a incarné un Tony à la solidité bonhomme qui veut gravir quelques échelons de l'échelle sociale pour sortir des tourbières enlisantes de la pauvreté et de la petite délinquance des bandes de quartier. L'utilisation des décors de l'East Side new yorkais avec les façades parcourues d'échelles d'incendie soulignent métaphoriquement les possibilités de cette ascension à laquelle Maria aurait elle aussi voulu participer, si les morts violentes n'étaient venues prélever leurs tributs définitifs. L'excellente Rachel Zacoff a donné à Maria toute la légèreté enthousiaste et les tonalités justes de son magnifique soprano, une voix entraînée et formée à la discipline de l'opéra. Penelope Armstead-Williams donne toute sa puissance tragique au personnage fier d'Anita, qui ajoute les affres d'un viol collectif à la désespérance ultime d'avoir perdu l'homme qu'elle aime. John Wojda donne un lieutenant de police tout aussi convaincant que l'officier Krupke de Mel Shrawder.

Ce spectacle minutieusement préparé, parfaitement rôdé, exécuté par des artistes aussi compétents qu'enthousiastes, a reçu des applaudissements nourris tout au long de ce soir de première qui s'est terminé sous les crépitements d'une standing ovation plus que méritée.

A voir au Deutsches Theater jusqu'au 27 avril 2014. 

Photos © Nilz Böhme

Voir aussi le post précédent sur le sujetWest Side Story, le classique de Broadway au Deutsches Theater de Munich


jeudi 20 mars 2014

Le train royal bavarois au Musée Märklin


Vue au Musée Märklin de Göppigem dans la Souabe allemande (Bade-Würtemberg), cette modélisation miniature du train royal bavarois. La locomotive à vapeur "Tristan" a été construite en 2000/2001 sur le modèle du train royal bavarois. Elle a complètement été réalisée en métal. Le wagon-salon a été construit en 2002. 

Il s'agit d'une locomotive ancienne 120 à chauffe au charbon série B VI des chemins de fer bavarois (K.B.StB., chemins de fer bavarois ) affectée à la traction du train de Louis II de Bavière, loco et tender en métal, verte à liserés jaunes, roues brunies, avec pièces de détaillage et attelages. Plus de photos de la locomotive sur le site rarelocos.com.

Post précédent sur le train royal de Louis II de Bavière: cliquer ici









mercredi 19 mars 2014

L'année Strauss à l'Opéra de Munich

Richard Strauss im Jahr 1945

Le Bayerische Staatsoper se doit de fêter dignement le 150ème anniversaire de Richard Strauss. Il le fait en proposant un important programme des oeuvres du compositeur bavarois. Kirill Petrenko vient de diriger au début du mois de mars une série de représentations du Rosenkavalier. Quatre autres opéras du compositeur munichois seront joués au cours de la saison. En outre, deux concerts et une matinée de Lieder lui seront consacrés.

Salomé

Reprise de Salomé fin mars dans la mise en scène de William Friedkin (French Connection, L'exorciste) et sous la baguette d' Asher Fisch et avec  Nadja Michael dans le rôle-titre. Alan Held chantera Jochanaan et  Gabriele Schnaut sera Herodias (les 22, 26, 29 mars et le 2 avril).

Ariadne auf Naxos

Ariadne auf Naxos sera représenté en mai ainsi que pendant le Festival d'été munichois (Münchner Opernfestspiele) avec à nouveau Asher Fisch, très présent cette saison à l'opéra de Munich, où il dirige pas moins de six opéras. Ricarda Merbeth chantera Ariadne et  Robert Dean Smith Bacchus. Angela Brower incarnera le Compositeur (les 16, 19 et 22 mai), un rôle que reprendra Daniela Sindram pendant le Festival d'été le 23 juillet.

Concert festif à l'occasion du 150ème anniversaire de la naissance du compositeur

Ce Festkonzert permettra d'entendre les Métamorphoses, le Poème symphonique Don Juan op. 20 ainsi que les Vier letzte Lieder interprétés par la soprano Soile Isosoki. Le trio final du Rosenkavalier sera interpété par  Tara Erraught (Octavian), Golda Schultz (Sophie) et Soile Isosoki (La Maréchale) Kirill Petrenko sera au pupitre pour ce concert qui aura  lieu le 9 juin.

Opéra pour tous (Oper für alle) pendant le Festival d'opéra munichois.

Un concert (Festspielkonzert) sera donné gratuitement le 12 juillet  sur la Marstallplatz, avec entre autres des oeuvres de Strauss:  Les Joyeuses Facéties de Till  l'Espiègle op.28, des Lieder et Une vie de héros (Ein Heldenleben op.40). L'orchestre d'Etat de Bavière sera dirigé par  Philippe Jordan, avec Diana Damrau en artiste vedette. 
Matinée de Lieder avec Thomas Hampson

Accompagné du pianiste Wolfram RiegerThomas Hampson chantera des Lieder de Richard Strauss le 27 juillet.

Der Rosenkavalier

Durant le Festival, Constantin Trinks  dirigera Der Rosenkavalier. Avec Soile Isosoki (La Maréchale), Peter Rose (le Baron Ochs auf Lerchenau), Alice Coote (Octavian) et Golda Schultz (Sophie). Cette dernière sera intégrée dans l'ensemble de l'Opéra bavarois à partir de la saison prochaine. Les 26 et 29 juillet 2014.

Die Frau ohne Schatten

Die Frau ohne Schatten a ouvert la saison 2013/2014 dans une nouvelle  mise en scène de Krzysztof WarlikowskiAdrianne Pieczonka, Deborah Polaski, Elena Pankratova et Johan Botha reviendront pour les représentations du  festival d'été. John Lundgren fera ses débuts dans la Maison dans le rôle de  Barak. Au pupitre, Sebastian Weigle. Les 29 juin et 3 juillet. 

Source du texte: Bayerische Staatsoper

mardi 18 mars 2014

Entretien avec le pianiste virtuose David Kadouch. Le concerto n°2 pour piano et orchestre de Camille Saint-Saëns op.22.


Le jeune pianiste français David Kadouch interprète pour trois concerts bavarois le Concerto n°2 pour piano de Camille  Saint-Saëns (op.22) avec le Münchner Symphoniker placé sous la direction de son nouveau chef Kevin John Edusei. David Kadouch a accordé un entretien à Munichandco.


Munichandco Bonjour David Kadouch. Vous vous produisez pour deux concerts au Prinzregententheater dans le deuxième concerto pour piano de Saint-Saëns. Pourquoi avoir choisi d'interpréter précisément ce concerto? Qu'est-ce que vous appréciez dans cette composition ? Quels défis ce concerto représente-t-il pour un pianiste ?

David Kadouch J’ai choisi ce concerto de Saint-Saëns parce que, d’une part, c’est une œuvre que j’ai déjà jouée plusieurs fois, et, d’autre part, parce que c’est un concerto que j’affectionne tout particulièrement. Ce qui me frappe dans cette composition, c’est l’immédiateté des sentiments évoqués, leur force aussi. On est loin d’une certaine vision caricaturale de la musique française « légère et parfois académique». Même si l’œuvre n’est évidemment pas expressionniste ni même violente, le solennel du 1er mouvement, l’allégresse du 2ème puis la fête du 3ème, illustrent un grand éventail de sentiments et de situations, ce que je trouve totalement jouissif pour l’interprète mais aussi, je pense, pour le public. Les défis du concerto sont nombreux: tout d’abord les notes, les gammes, les arpèges à foison, mais aussi la rapidité des changements d’humeur, de rythme et d’articulations. Ou bien les dialogues avec l’orchestre, ou encore la cohérence générale de l’ensemble. 

Munichandco Les plus grand interprètes ont joué ce concerto. Y a-t-il dans l'histoire de l'interprétation de ce concerto des interprétations qui vous paraissent plus remarquables ? Vous inscrivez-vous dans une lignée par rapport à l'un ou l'autre de ces pianistes ? 

David Kadouch J’aime beaucoup la version célèbre d’Arthur Rubinstein, enregistré lorsqu’il était âgé déjà, mais si alerte au fond. La version qu’en fait la pianiste française Brigitte Engerer est aussi une très belle version. Je ne sais pas dans quelle lignée je m’inscris, j’espère honorer ces grands pianistes bien sûr, mais surtout et avant tout cette si belle partition. 

Munichandco La forme du concerto peut paraître surprenante, l'ordre traditionnel des mouvements est inversé (lent-rapide-très rapide contre rapide-lent-rapide). Qu'est-ce que cette forme évoque pour vous et cette forme est-elle importante dans vos choix d'interprétation ? 

David Kadouch L’ordre traditionnel est certes quelque peu malmené dans ce concerto et rappelle d’emblée plus une symphonie qu’un concerto. On dit souvent de ce concerto aussi, qu’il commence comme Bach et finit comme Offenbach ou encore qu’il commence dans une cathédrale et finit dans un bordel… Bien entendu, mes choix d’interprétation s’adaptent à cet ordre, et on y décèle même un certain humour : de faire enchaîner à ce 1er mouvement grandiloquent un 2ème mouvement aussi léger qu’une bulle de champagne… 

Munichandco Il y a beaucoup d'allégresse, de joie, dans ce concerto, on a l'impression d'un éveil printanier, d'une grande luminosité. Les premières notes du premier mouvement émanent pourtant d'un piano plus sombre et dramatique et cette atmosphère lui donne une densité qu'on ressent à nouveau fortement à la fin du mouvement. Comment interprétez-vous cela ? En avez-vous une lecture particulière ? 

David Kadouch Le 1er mouvement est un monde fermé, dramatique, sombre. La cadence d’introduction rappelant les improvisations pour orgue est d’une telle densité qu’elle contrebalance toute la légèreté du 2ème et 3ème mouvement du concerto. Le fait qu’elle soit rejouée à la fin du mouvement contribue aussi à en faire un monde fermé, un cycle. J’aime beaucoup commencer ce concerto, cette grande déclamation du piano, cette liberté, j’y prends énormément de plaisir. Quand elle revient à la fin, presque murmurée, c’est un moment très spécial pour moi. Qu’est ce qu’il se passe entre ces 2 moments, c’est ce que j’essaie de comprendre et de faire comprendre à chaque fois que je joue ce concerto. 

Munichandco Le Münchner Symphoniker a un nouveau chef en la personne de Kevin John Edusei. Aviez-vous déjà eu l'occasion de travailler avec lui ou avec l'orchestre auparavant ? Comment se déroule le travail avec l'orchestre et son chef ? Qu'est-ce que vous appréciez dans ce travail ? 

David Kadouch Je n’avais jamais travaillé avec le merveilleux K.J. Edusei ni avec le Münchner Symphoniker. Ce qui change tout d’abord, c’est les nombreuses répétitions dont nous avons disposé, ce qui n’est pas toujours le cas. Le niveau d’excellence de l’orchestre qui arrive à la première répétition comme pour un concert. Leur écoute et leur discipline aussi. Ce que j’ai apprécié en outre c’est la « jeunesse »du chef, il n’avait pas d’idées préconçues sur cette musique, il n’était pas blasé, il était ouvert à mes propositions, et je me suis senti tout de suite à l’aise avec lui. 

Munichandco Pouvez-vous nous dire un mot sur les qualités acoustiques du Prinzregententheater et de l'Herkulessaal, les deux salles de concert munichoises dans lesquelles vous vous produisez? Comment ressentez-vous ces salles au niveau musical ? 

David Kadouch Je me suis produis ce dimanche au Prinzregententheater, et j’ai beaucoup aimé le lieu, le public y est très chaleureux, il tape du pied lorsqu’il applaudit, le silence y est de qualité et l’acoustique et le piano sont vraiment de qualité. Quant à l’Herkulessaal ce sera une première pour moi, même si bien entendu je l’avais déjà visité et admiré. 

Munichandco Vous avez déjà eu l'occasion de vous produire devant le public munichois. Comment ressentez-vous l'accueil de ce public, comment se déroule la communication avec le public? 

David Kadouch Le public de Munich est un public très cultivé, qui connaît les œuvres. Cela fait peur parfois bien sûr, mais c’est aussi extrêmement gratifiant d’avoir un public de connaisseurs. La concentration, le silence y sont plus grands, le « présent » y est plus spécial. 

Munichandco Pour terminer, pourriez-vous évoquer votre parcours actuel. Quels sont vos passions et les défis que vous souhaitez relever ? Vous avez enregistré successivement Schumann (notamment le Concerto sans orchestre en 2011) et Moussorgski (Les tableaux d'une exposition en 2012). Pourrons-nous vous écouter bientôt dans de nouveaux enregistrements ? 

David Kadouch J’ai un projet d’enregistrement pour août de cette année, toujours chez Mirare, avec un programme assez complexe mais une ligne directrice qui relie toutes ces oeuvres. Le disque est en crise, certes, mais cela ne m’empêchera pas je l’espère d’enregistrer ce qu’il me plaît…

Munichandco Merci, David Kadouch, d'avoir accepté de participer à cet entretien et de nous avoir communiqué votre enthousiasme pour ce concerto pour piano de Camille Saint-Saëns.

Agenda

Le troisième concert bavarois du Münchner Symphoniker et du pianiste David Kadouch aura lieu ce mercredi 19 mars à 20 heures à l'Herkulessaal de Munich. Queques places restantes: cliquer ici

dimanche 16 mars 2014

Création d'un nouveau ballet de Jo Strømgren: ARSEN – EIN ROKOKOTHRILLER


A partir du 20 mars, le Theater-am-Gärtnerplatz présente en création mondiale un nouveau ballet du chorégraphe norvégien Jo StrømgrenStrømgren, un chorégraphe visionnaire dont les créations ont suscité l'enthousiasme de la critique et du public, monte son spectacle ARSEN – EIN ROKOKOTHRILLER (Arsenic - Un thriller rococo) avec le ballet et l'orchestre du Staatstheater am Gärtnerplatz. Il met en scène la double morale décadente du rococo, qui déploie de manière ostentatoire les artifices de sa vertu, pour mieux voiler son essence véritable. L'arsenic s'insinue, distille ses toxines  et envahit les corps qu'il déforme et mutile. Le poison nous invite à une bacchanale de la mort. Jürgen Goriup dirige l'orchestre du Theater am Gärtnerplatz qui interprète des musiques d'Antonio Vivaldi, Tomaso Albinoni, Arcangelo Corelli et Heinrich Ignaz Franz Biber.

A propos du chorégraphe

Jo Strømgren travaille en tant que chorégraphe, metteur en scène et auteur indépendant. Il a conçu des chorégraphies pour des nombreuses compagnies, comme le Ballet de l'Opéra de Vienne, le Ballet de l'Opéra du Rhin, le Ballet royal de Suède, la Cedar Lake Dance Company, la GöteborgsOperans Danskompani, le Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan et le ballet du Théâtre d'etat de Nuremberg. Il est aussi le chorégraphe résident du Ballet national de Norvège. Sa compagnie, la Jo Strømgren Kompani, s'est produite dans 57 pays, où elle a présenté ses spectacles faits d'un mélange subtil de danse, de théâtre et de théâtre de marionnettes, témoignant du travail particulier de Jo Strømgren qui cherche à relier entre elles diverses formes artistiques et théâtrales. Ainsi dans sa nouvelle création travaille-t-il sur le riche répertoire du rococo: au départ des musiques de l'époque, il chorégraphie un ballet qui s'entrelace avec un travail sur le texte et la voix.

Agenda

Un spectacle du Theater-am-Gärtnerplatz dans le cadre rococo du Théâtre Cuvilliés, dans la Résidence de Munich.

Pour 9 représentations du 20 mars au 11 avril 2014.

Réservations en ligne: cliquer ici puis sur la date souhaitée

Les photos sont de © Lioba Schöneck

Trailer

vendredi 14 mars 2014

Expo Playtime: réflexions artistiques sur le concept du travail au Kunstbau de la Lenbachhaus à Munich

Tehching Hsieh,
One Year Performance 1980-1981
(Waiting to Punch the Time Clock)
Les cinéphiles se souviendront de Playtime, peut-être le plus important des films du cinéaste français Jacques Tati. L'action de Playtime se déroule dans un Paris futuriste fait d'immeubles de verre et d'acier, froids et impersonnels, que vient visiter un groupe de touristes américaines. Pendant que les touristes arrivent à Orly, un des protagonistes, le désormais célèbre M. Hulot attend un rendez-vous important, mais se perd dans un dédale de bureaux et finit par se retrouver dans une exposition, l'exposition des inventions. Là M. Hulot et les touristes américaines découvrent de nouvelles inventions, parmi lesquelles figurent  une porte silencieuse et un balai équipé de phares. Le soir,  M. Hulot rencontre un camarade qui l'invite dans son appartement ultra-moderne. Le monde du travail est encore évoqué lorsque au petit matin, on voit des ouvriers prenant leur premier café dans un drugstore, ...

Le travail occupe la moitié de notre vie, sinon davantage. Il est le pivot autour duquel tournent nos vies. L'histoire du travail est aussi longue que l'histoire de l'humanité elle-même. Les humains doivent travail pour gagner leur vie. Aujourd'hui, cependant, nous ne travaillons plus seulement pour assurer les conditions matérielles de notre existence- le travail participe également à la constitution de notre identité. Avec le passage de l' ère de l'industrie à la société de la connaissance, si ce n'est même plus tôt , l'apprentissage continu et l'auto-optimisation sont devenus les normes qui régissent les sujets . Créativité, flexibilité et autonomie sont considérées comme des qualifications clés dont dépend la réussite professionnelle et sociale. C'est particulièrement vrai pour les artistes, qui sont considérés comme des incarnations prototypiques de cette nouvelle conception du travail: complètement flexibles et conditionnés à s'engager dans un processus d'auto exploitation .

Le travail contient non seulement la promesse de l'épanouissement individuel, mais c'est aussi par lui que nous espérons trouver une reconnaissance sociale et la participation à la vie en société. C'est essentiellement pour cette raison qu'au cours de ces dernières décennies les frontières entre le travail et la vie privée se sont virtuellement effacées. La nature paradoxale du travail aujourd'hui est incarnée par la simultanéité de deux tendances: l'automatisation et la technologisation semblent rendre le travail humain de plus en plus humain redondant, et cependant tout est en passe de devenir une sorte de travail .

La portée des objectifs économiques et de la pensée néolibérale s'étend dans tous les domaines de la vie, y compris même dans des secteurs autrefois protégés tels que l'éducation et les services sociaux . Simultanément, notre société est à bien des égards définie par des relations de travail de plus en plus précaires et par une baisse de la solidarité avec les personnes dont le travail quotidien ne suffit plus à assurer la base de leur existence. De plus, les personnes qui n'ont pas de travail paraissent n'avoir plus d'avenir.

L'exposition PLAYTIME reprend le jugement critique subtil que portait Jacques Tati à l'encontre du travail moderne dans son film éponyme, et soulève une série de questions: comment les artistes de différentes générations et de différents milieux se mobilisent-ils sur les questions que soulèvent la notion de travail? Aujourd'hui, qu'est-ce que cela signifie de travailler en tant qu'artiste? Et en quoi le travail de l'artiste diffère-t-il des autres formes de travail ? Les artistes invités ont apporté un large éventail de points de vue et de méthodes. Ils visent non seulement le travail en tant que tel , mais aussi les normes et préceptes de comportement d'une société définie par le travail. Ils examinent les relations de pouvoir existantes et les conventions spécifiques aux sexes dans le monde du travail et interrogent les liens entre l'identité, les situations dans lesquelles nous vivons, et les relations de travail . Des oeuvres porteuses de  critique sociale et l'activisme artistique des années 1960 entrent en dialogue avec des pièces plus récentes qui reflètent les conditions dans lesquelles nous travaillons aujourd'hui.

L'exposition Playtime peut se visiter au Kunbstbau de la Lenbachhhaus du  15 mars au 29 juin 2014. Un e-book consacré à l'expo peut se télécharger gratuitement en cliquant ici.

Artistes invités

Darren Almond , Francis Alÿs , Mel Bochner , Monica Bonvicini , Pet Shop Boys , KP Brehmer , Charlie Chaplin , Slatan Dudow , Beate Engl , Harun Farocki , Peter Fischli & David Weiss , Andrea Fraser , Melanie Gilligan , Tehching Hsieh , Jörg Immendorff , Stephan Janitzky , Ali Kazma , Sharon Lockhart , Michaela Melián , Henrik Olesen , Anna Oppermann , Adrian Paci , Dan Perjovschi , Peter Piller , Julian Röder , Martha Rosler , Dieter Roth , Andreas Siekmann , Christoph Schlingensief , Allan Sekula , Richard Serra , Mladen Stilinović , Berwick Street collective ( Marc Karlin , Mary Kelly , James Scott et Humphry Trevelyan ) , Donna Summer , Jacques Tati , Mierle Laderman Ukeles , Timm Ulrichs , Ignacio Uriarte

Source: traduction libre du texte de présentation de l'exposition sur le site de la Lenbachhaus

mercredi 12 mars 2014

Ballet: la Bayadère en live stream ce samedi 15 mars à 19 heures


Le Ballet d'Etat de Bavière diffusera ce samedi à partir de 19 heures en live stream la Bayadère de Marius Petipas dans la mise en scène de Patrice Bart. 

Créée en 1877, La Bayadère est à la fois conte exotique, psychodrame et fête de la danse. Il s'agit d'un des plus somptueux et prestigieux ballet de la grande époque classique russe, à jamais liée au nom de Marius Petipa.

L'action de la Bayadère se passe en Inde et met en scène les conflits habituels du ballet romantique: l'amour, la jalousie, les intrigues, le meurtre et la vengeance. Au centre de l'action se trouve l'amour de la prêtresse, la bayadère Nikija pour un guerrier courageux, Solor. Mais Solor est promis à la fille du rajah, Gamzatti, et le grand prêtre est lui aussi amoureux de la bayadère...Au final, Solor, après sa vision du fameux Royaume des Ombres, -une des plus belles pages de l''histoire du ballet-, est contraint d'épouser Gamzatti. La prophétie vengeresse de la bayadère se réalise alors: un terrible orage éclate et le palais s'écroule sur les invités de la noce, engloutissant rajah, grand brahmane, Gamzatti et Solor. La bayadère Nikiya et son guerrier bien aimé accèdent, unis pour l'éternité, à l'éternité d'un paradis de délices. 

Les rôles principaux seront dansés par l'étoile du ballet Lucia Lacarra (Nikija), Ivy Amista (Gamzatti) et Marlon Dino (Solor). Myron Romanul dirigera l'Orchestre d'Etat de Bavière. Le Directeur du Ballet Ivan Liška introduira la soirée.

www.staatsoper.de/tv


Il y a 20 ans, l'Allemagne abrogeait le sinistre paragrahe 175

Affiche du mouvement gay allemand
plaidant pour l'abrogation du paragraphe 175
10 mars, date anniversaire. Le 10 mars 1994, le Bundestag allemand a complètement supprimé le paragraphe 175 de son code pénal. Ce paragraphe pénalisait les relations homosexuelles*. Et encore, ce ne fut pas parce que en 1994 la volonté politique y était, mais bien parce que la réunification avec l'Allemagne de l'Est, où l'homosexualité n'était plus pénalisée depuis 1968, ne laissait pas d'autre choix juridique. Peu avant la chute du mur, les dernières discriminations avaient été supprimées en DDR, comme la question de la différence de l'âge du consentement mutuel dans les relations hétérosexuelles ou hétérosexuelles.

La liste des pays qui pénalisent encore aujourd'hui les relations homosexuelles entre adultes consentants est longue. Comme par exemple l'Ouganda, l'Inde ou l'Iran, pour ne citer qu'eux. L'Allemagne ne fait plus partie de ce sinistre groupe depuis 20 ans.

Reste cependant la question de la réhabilitation et de l'indemnisation des personnes homosexuelles condamnées après la deuxième guerre mondiale. Les personnes condamnées en RFA entre 1945 et 1994 sont toujours considérées comme ayant commis des actes délictueux. Plusieurs Länder plaident cependant pour une réhabilitation, comme en témoigne l'exemple récent de la Rhénanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz).

*Le paragraphe 175 est l’article 175 du Code pénal allemand (Strafgesetzbuch), qui criminalisait l'homosexualité masculine, de 1871 à 1994. C'est au nom de ce paragraphe qu'environ 100 000 personnes ont été poursuivies et pour certaines, 15000 environ, envoyées dans les camps de concentration sous le Troisième Reich. Ce même paragraphe a également permis avant 1933 et encore longtemps après la Seconde Guerre mondiale (dans la pratique, jusqu'aux années 1970) de poursuivre les homosexuels devant la justice et de les condamner parfois à des peines de prison.
Plus de détails sur l'évolution de cet article dans l'histoire du droit pénal allemand sur Wikipedia.

Source: toute la presse allemande a commenté le vingtième anniversaire de l'abrogation du paragraphe 175. Plus d'infos en allemand sur Queer.de (source principale).


mardi 11 mars 2014

Festival de rue de Landshut: Estas Tome joue The Song of the Golden Dragon



La vieille ville de Landshut organise chaque année un grand festival de spectacles de rue. En 2014, la neuvième édition aura lieu du 19 au 21 septembre:
 „9. Internationale StadtSpektakel - Landshut - European Buskers Festival Germany“.

Les spectacles de rue sont gratuits. Le soir la fête se prolonge avec des animations dans les bars et les restos.

Les artistes sont rémunérés par les seuls dons spontanés du public, ils font la manche et récoltent le produit de la quête.

L'extraordinaire guitariste Estas Tome s'y était produit en 2011.

Plus d'infos sur l'édition 2014

dimanche 9 mars 2014

Balàzs Kovalik met en scène la Salomé d'Antoine Mariotte

Le décor de Csaba Antal
La création de la Salomé du compositeur français Antoine Mariotte rencontre un grand succès à Munich. On peut l'attribuer à la rencontre d'un faisceau de forces vives qui se sont réunies pour donner vie à une oeuvre peu connue et qui mériterait de l'être bien davantage. La collaboration du Maestro Ulf Schirmer, des excellents musiciens de  l'Orchestre radiophonique de Munich (Münchner Rundfunk Orchester), du metteur en scène Balàzs Kovalik et des jeunes solistes de l'Académie de Théâtre August Everding a donné lieu à une performance de grande qualité qui a pleinement séduit le public, ravi d'être convié à une belle découverte musicale. Il faut y insister, il ne s'agit pas ici d'applaudir à une perfection, - sur le plan de la critique chacun restera bien sûr juge - , mais de souligner l'enthousiasme créateur qui a présidé à la réalisation de ce projet.

Salomé version danseuse : Julia Kessler , Heeyun Choi (Iokanaan)

Balàzs Kovalik a conçu sa mise en scène sur les thèmes du regard et du désir, des thèmes qui sont au coeur de la Salomé de Wilde. Les désirs y sont pervers, souvent déments, toujours brûlants,  le regard est oblique, dévié, différé.  Kovalik interroge la pureté du désir du Prophète Iokanaan troublé à la vue de Salomé, il met en scène le désir de Salomé et sa folie meurtrière en y introduisant la transcendance paradoxale de l'amour. Avec le décorateur Csaba Antal, ils occupent entièrement le volume scénique en transformant le  palais d'Hérode en un univers complexe d'escaliers reliant entre eux des plateaux qui sont autant de lieux de l'action: salon télévision, chambre du jeune Syrien, salle de répétition de ballet, cachot de Iokanaan, salle à manger, salle de bains. Les protagonistes évoluent sur ces escaliers en se croisant sans se regarder directement. On ne se regarde pas, on s'épie, on s'observe en usant aussi de diverses technologies: une paire de jumelles, une vidéo-caméra ou la caméra d'un téléphone portable, des lunettes cybernétiques. Tout se capte et se retransmet sur des écrans de télévision ou sur des tablettes, le monde est conçu comme un spectacle, et cette distance interdit la relation véritable. Peut-être un bref instant, après avoir embrassé la tête décapitée de Iokanaan, Salomé accédera-t-elle à l'amour, avant d'être abattue d'un coup de revolver par Hérode. Salomé, pour séduire la gardien de la prison qui lui en refuse l'accès, obéissant aux ordres, s'empare d'une vidéo-caméra et se filme les seins. Le jeune Syrien masqué de lunettes cybernétiques se diffusera le film  et, absorbé par le monde virtuel, aveugle au monde réel, s'imaginera faisant l'amour avec Salomé tout en se pressant le sexe contre un coussin. La perversion du désir donne lieu à des scènes sexuelles explicites, ou à des allusions grossières comme cette banane offerte lascivement par Hérodote à Salomé. La sensualité et le sexe sont partout dans le palais. Hérodias est ingambe, on la véhicule sur les escaliers en chaise roulante, on la retrouve dans une baignoire avec un soldat athlétique qui lui masse les épaules et le dos. Balàzs Kovalik double la chanteuse Salomé d'une danseuse revêtue des mêmes vêtements. La salle de répétition de ballet présente le décor habituel d'un mur recouvert de miroirs et de barres d'exercices. Salomé s'y mire et y interroge son pouvoir de séduction et peut-être son destin. Au moment du pacte entre Hérode et Salomé, la danse des voiles est réinterprétée en une danse des jupons que soulève un Hérode affamé de sensualité.

Salomé, version chanteuse (Anna-Maria Thoma) et Iokanaan (Heeyun Choi )
Tout l'opéra est traité de manière surréaliste, comme dans un rêve à la Dali. Un cheval de cirque étoilé promène son pelage rose et sa crinière jaune. La salle à manger est occupée par un boucher qui dépèce ce qui pourrait bien être un cadavre humain de ses gants rouges dégoulinant de sang et de chairs incertaines. Les costumes d'Angelika Höchner mêlent les époques, du soldat romain aux survêtements des ados d'aujourd'hui, comme pour souligner l'intemporalité du drame et de son cortège d'horreurs. Dans l'ensemble cependant, c'est pourtant le 21ème siècle qui prédomine, avec la gouvernance cybernétique électronique et télévisuelle. Surréalistes encore les masques réalisés par une équipe d'étudiants encadrés par Stephanie Polster: masque ballon d'un jeune soldat ou masque de léopard d'une femme féline, masques qui confirment que la rencontre de l'autre est impossible: l'altérité est annihilée au profit de la projection d'un désir pervers et perverti sur fond constant d'horreur.. Dans le monde de Wilde et de Kovalik, on ne rencontre pas autrui mais son reflet, son image  ou son masque, sinon sa vision comme la vision du Messie par un Iokanaan qui transporte une grande croix d'aluminium strié. A la fin de l'opéra, Kovalik représente la décapitation en faisant circuler un Iokanaan nu et entièrement couvert de sang, un cadavre vivant et au désir ambigu lors de son baiser avec Salomé. Une mise en scène magistrale!

Pour voir la vidéo du spectacle, cliquer ici

Le commentaire musical de Piero1809


"Quelques mots sur la musique. Composée avant celle de Richard Strauss, donc avant 1905, cette musique frappe par son caractère sombre et mystérieux parfaitement en accord avec le sujet et le fait que l'action se déroule pendant la nuit. Les harmonies sont hardies et les mélodies remarquablement chromatiques flirtent avec l'atonalité. Debussy venait de créer Pelleas et pourtant, à mon humble avis, on ne ressent rien de debussyste dans cette musique ni même aucun courant musical de l'époque, à moins qu'on y trouve des échos néo-franckistes à la manière d'un Silvio Lazzari.
La scène finale est très intense et un choeur à bouches fermées vient soutenir les délires de Salomé.

En tous cas cet opéra est passionnant. Quel plaisir de voir une autre Salomé et n'être pas déçu!

L'interprétation est remarquable. Anna Maria Thoma incarne une Salomé cohérente qui exprime sa passion dévorante pour Jokanaan au terme d'une progression dramatique très crédible. Cette Salomé est moins hystérique que celle de Richard Strauss et peut-être plus humaine. Heeyun Choi incarne d'une voix bien projetée un Jean Baptiste moins sévère et intransigeant que celui auquel Strauss nous a habitué. J'ai aussi bien aimé la belle voix claire d'Hérode. Les autres rôles sont également bien joués et chantés. Mention spéciale pour la jeune danseuse (Julia Kessner), double innocent de Salomé. La danse des voiles avec Jean Baptiste est une belle trouvaille scénique et poétique. 
L'orchestre très fourni (direction musicale Schirmer) a une belle sonorité et ne couvre pas les chanteurs. La clarinette basse a une partie particulièrement expressive et est tenue par un artiste!"