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samedi 28 février 2015

De Cagnes-sur-mer à Munich: Expo de bijoux "glAmour" à la Villa Stuck

Photo © Gerd Rothmann
Présentée l´été dernier à l´Espace Solidor de Cagnes-sur-mer, l´exposition de bijoux artistiques contemporains GLAMOUR sera visible à la Villa Stuck  du 7 mars au 6 avril 2015.

De l’expression écossaire grammar -dénotant la grammaire, la magie ou l’enchantement- aux définitions contemporaines du glamour -avec Andy Wharol et le glam anglais-, en passant par le Hollywood d’après-guerre, le glamour a pris tour à tour de multiples acceptions, jusqu’à devenir omniprésent de nos jours.

Pour Olga Zobel Biro*, commissaire de l’exposition, et les artistes invités, à l’image de Philip Sajet, le mot « glamour » appelle avant tout en français le mot « amour ». C’est cette interprétation que l’exposition « glAmour » tend à mettre en valeur. Comme le dit Sajet, c´est le glAmour avec un grand A!**

Daniel Kruger, Broche 2014
À la fois objet d’art, de mise en scène et de dévoilement d’une personnalité, c’est tout naturellement que le bijou explore le thème du « glAmour », et ce au travers des multiples interprétations de dix artistes, tous joaillers de renommée internationale :
Giampaolo Babetto, Robert Baines, Peter Chang, Gabi Dziuba, Karl Fritsch, Daniel Kruger, Gerd Rothmann, Philip Sajet, Robert Smit & Lisa Walker.

*Par une nuit d’été sur le toit d’une vieille maison, dans le petit village de Latour-de-France, s’est tenue une discussion avec des artistes. Nous avons parlé de l’actuelle omniprésence du phénomène du glamour – comme si ce terme était applicable au monde d’aujourd’hui. Philip Sajet a tout de suite rappelé le mot amour qui se cache dans glamour. Une idée d’exposition était née.
Afin de mettre l’amour en relief, nous avons décidé d’utiliser dans notre contexte la lettre ‘A’ en majuscule. Il ne doit pas s’agir d’un simple jeu de mots, mais de l’expression de ce sentiment profond qu’est l’amour. Quelle que soit l’interprétation que l’on puisse lui donner, l’amour occupe une place importante dans cette exposition.
Olga Zobel Biro, commissaire d’exposition. (Extrait du catalogue de l´expo à l´Espace Solidor).

**GlAmour with a capital »A« – putting the accent on the essential and important deep feeling of love.
Which happens to be part of the phenomena of glamour. Glamour is not something superficial. It is something profound. That is what this show is about.
Philip Sajet

Museum Villa Stuck, Prinzregentenstr. 60, D-81675 München, Tel. +49(0)89-45 55 51-0, villastuck@muenchen.de
Du mardi au dimanche de 11 à  18 heures, jusquà  22H le premier vendredi du mois

jeudi 26 février 2015

Photos de Munich: nouveau panorama de la Königsplatz

Crédit photographique: Luc Roger


Photos de Munich: nouveau panorama de la Karolinenplatz

Crédit photographique Luc Roger


DANCE 2015 - Festival international de danse de Munich du 7 au 17 mai.



DANCE 2015: La vente de billets pour le Festival international de danse de Munich débute le 2 Mars. Le lundi 2 Mars, la vente de billets démarre pour la 14ème édition du Festival international de danse contemporaine de Munich.

DANCE 2015 aura lieu du 7 au 17 mai et présente sur les scènes culturelles les plus importantes de la ville des spectacles de danse contemporaine actuels conçus par des chorégraphes renommés ainsi que par de nouveaux talents du monde entier.

Saburo Teshigawara, Richard Siegal, Peeping Tom, Christian Rizzo, Raimund Hoghe, Helena Waldmann, Alain Platel viendront présenter leurs chorégraphies, dont des créations mondiales , dans le cadre de la Biennale munichoise de la danse. Certaines des chorégraphies seront montrées pour la première fois en  Allemagne. Ainsi, pour  la première fois à Munich, on pourra voir le travail de l´Américain Trajal Harrell, l'une des découvertes les plus remarquables de ces dernières années, ainsi que celui de Sharon Eyal et d´Hillel Kogan, de Niv Sheinfeld et Oren Laor d'Israël, de Kaori Ito du Japon et du jeune chorégraphe chinois Yang Zhen.

Les prix des billets varient de  6 à 60 Euros.

Les spectacles ont lieu un peu partout dans la ville, dans la  plupart des grandes salles munichoises: le théâtre national, le théâtre de la résidence (Théâtre Cuvilliés), le Kammerspielen, le Schaunburg, la Muffathalle, le Gasteig et le Schwere Reiter, dix étapes différentes pour un  festival qui dure onze jours.

En plus de la vente de billets individuels, le festival met un  nombre limité de laissez-passer en vente, qui donnent accès pour un  prix fixe à la visite de 10 spectacles de votre choix.

Le programme détaillé de DANCE  2015 se trouve sur le site web du festival: www.dance-muenchen.de

Réservations

Les billets sont en vente à partir du 2 mars sur  www.muenchenticket.de 
Tél 089 54 81 81 81.

Pour les spectacles qui auront lieu au Théâtre National, au Théâtre Cuvilliés et au Schauburg, réserver par les sites internet de ces institutions ou dans leurs bureaux de réservations.

Le Festival Pass (disponibilité limitée) est vendu à un prix de 140 € / réduit 60 € uniquement au bureau du festival de la danse, Ludwigstr. 8, 3ème étage, Lun - Ven 10H à 16H

Pour suivre le festival via sa page facebook, cliquer ici

mercredi 25 février 2015

Comédie musicale : création des Liaisons dangereuses de Schubring et Adenberg par le Theater-am-Gärtnerplatz

La Présidente de Tourvel, le Vicomte de vamont et la Marquise de Merteuil

Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos ont déjà connu de multiples adaptations à la scène comme à la toile. Les adaptations théâtrales (une douzaine!), cinématographiques (6 films, dont ceux de Vadim, Frears et Forman) et télévisuelles (au moins 5 adaptations) et même une adaptation pour l´opéra donnent à cette oeuvre une incroyable postérité. Les Gefährliche Liebschaften de Schubring et Adenberg sont à ma connaissance la deuxième comédie musicale à s´en être inspirée, la première étant les Liaisons tropicales montées à Buenos Aires en 2003. Sur la scène rococo du théâtre Cuvilliés, c´est pour cette année 2015 la deuxième fois que les Liaisons dangereuses sont représentées, on vient d´y jouer en janvier la pièce de Christopher Hampton. C´est dire la richesse du roman de Laclos et sans doute combien sa thématique est  restée actuelle.

Valmont et Joséphine de Fontillac dans la scène d´ouverture

Dis-moi comment tu baises je te dirai qui tu es! Si la formule est provocatrice, c´est que la mise en scène de Joseph Köpplinger de la comédie musicale de Marc Schubring et Wolfgang Adenberg ne l´est pas moins. Le rideau se lève sur un Valmont (Armin Kahl) les fesses en l´air en train de ramoner une certaine Joséphine de Fontillac (Anna Thorén), une des nombreuses maîtresses qu´il a détournées des chemins escarpés de la vertu et des devoirs de fidélité du mariage. La copulation s´effectue au rythme des percussions de  la musique  et conduit à sa fin prédictible, des orgasmes répétés. Elle est démultipliée par un immense miroir qui fait office de plafond incliné et qui permet au public transformé en voyeur de considérer la scène sous un angle différent. Pendant que Valmont s´applique à travailler le corps de Madame de Fontillac, des libertines en nuisettes se caressent et d´autres couples copulent an arrière-scène, miroirs vivants de l´action des protagonistes. Un néon rouge qui court le long de la paroi du décor contribue à créer l´ambiance d´un bordel ou d´un club échangiste. Le monde est un grand foutoir dans lequel des êtres peut-être humains en manipulent d´autres. Dans le même registre, on assistera au cunilingue pratiqué sur Merteuil par un des ses amants de fortune, la tête heureusement enfouie dans ses jupes. Le Theater-am-Gärtnerplatz conseille d´ailleurs explicitement le spectacle aux plus de 15 ans d´âge.

Madame de Tourvel sur son prie-Dieu avec Valmont agenouillé

Les scènes vont se succéder sans interruption au galop d´un rythme cavalier. Alors qu´une action se termine en avant-scène les acteurs de la scène suivante sont mis en place en arrière-scène et le plateau tournant les met . Le décor très simple conçu par Rainer Sinell est des plus ingénieux: un plateau tournant surmonté d´un grand miroir oblique dont l´inclinaison est variable autour duquel peut pivoter un double escalier de fer incurvé avec balustrade, dont les deux volées se rejoignent à son sommet et dont la courbe épouse celle du plateau. Quelques éléments de mobilier Louis XVI et de magnifiques costumes inspirés de la mode de la fin du 18ème siècle créés par Alfred Mayerhofer suffisent à recréer une ambiance Ancien Régime. Pour situer l´action à l´opéra, Merteuil (Anna Montanaro), qui y dispose d´une loge, invite ses amis.  Köpplinger et Cooper leur font gravir le double escalier en bord de plateau qui devient la scène de l´opéra, quelques personnages étant installés à des tables elles aussi en bordure de scène, les éclairages et les costumes font le reste. Les lumières de Michael Heidinger et Joseph Köpplinger semblent souligner le degré de moralité ou d´immoralité des scènes, du bleu de l´innocence de la jeune Cécile de Volanges (Anja Haeseli) à sa sortie du couvent et de la pudeur farouche de la Présidente de Tourvel (Julia Klotz) au rouge des manigances démoniaques de Merteuil et de Valmont et des scènes pornographiques, avec des gradations où les deux couleurs sont présentes. Le miroir du plafond est superbement exploité, il  permet de dynamiser les scènes en en variant les angles et en donnant une vue stéréoscopique de l´action. Köpplinger et Cooper utilisent de plus un autre effet miroir. Alors que les protagonistes nobles occupent l´avant-scène, le peuple des serviteurs est placé en arrière-scène et reproduit l´action principale en la démultipliant. Ainsi de certaines scènes érotiques où tout le plateau semble s´en donner à corps joie. De plus, l´inclinaison du grand miroir en deuxième partie introduit le public sur la scène parce qu´il s´y voit refléter. Le public, de voyeur, devient ainsi un peu acteur. Est-ce là une invite à ce nous nous interrogions sur nos propres turpitudes? En tout état de cause, la réflexion du miroir peut conduire à des réflexions plus intérieures. Pour les scènes finales, le rythme s´accélère encore et finit par s´affoler. Aux perversités des manipulations amoureuses et des jeux de société succèdent  les scènes de mort et de folie. Le duel qui oppose le Chevalier de Danceny (Florian Peters) à Valmont est un beau moment d´escrime qui montre la supériorité de Valmont dans cet art, et son suicide, puisqu´il se porte littéralement au devant de la lame de son adversaire. Les deux chanteurs ont été entraînés par un maître d´armes (Armin Kurzmaier). La folie désespérée de la Présidente de Tourvel la conduit elle aussi au suicide, un moment exceptionnel de mise en scène qui fait appel à des effets vidéos pour visualiser le sang répandu. Au final, la douleur de Merteuil qui se reprend pour se rendre au mariage de la petite Volanges  la conduit elle aussi vers la folie. Köpplinger fait pleuvoir ses lettres des cintres, pour montrer que sa correspondance a été portée à la connaissance du plus grand nombre et que, désormais honnie, elle a perdu tout crédit. Malgré l´horreur de ces drames, Cécile de Volanges semble pourtant vouloir prendre la succession de Madame de Merteuil dont elle recueille l´immoral héritage.

Le roman par lettres de Choderlos de Laclos recèle une action complexe dont il s´agit de rendre compte en 2H30 de spectacle. Les scènes se succèdent et s´enfilent à un rythme effréné que Köpplinger est parvenu à rendre en collaboration avec le chorégraphe Adam Cooper. Et sans doute ce rythme est-il une des plus grandes réussites de la soirée. La musique de Schubring, un des meilleurs compositeurs contemporains allemands de comédie musicale, est extrêmement entraînante et soutient le rythme effréné de l´action. Schubring a voulu rendre hommage au compositeur et parolier Stephen Sondhein à qui il a dédié sa partition. Et on se trouve bien avec son écriture musicale dans la tradition des grandes comédies musicales du tournant du siècle. La composition est pleine d´allant, elle utilise un langage musical connu et de bonne facture où l´influence de Sondheim reste marquante, notamment dans le traitement des motifs dramaturgiques. Le résultat de la collaboration entre le parolier-librettiste et le compositeur témoigne par ailleurs d´une parfaire connivence entre les deux hommes. Le chef Andreas Kowalewitz semble comme un poisson vif-argent dans l´eau pour diriger un orchestre dynamisé où les percussions sont très présentes, batterie, tambours et caisses, xylophone.

Toute la troupe, le soir de la première

Une distribution excellente porte la création de cette nouvelle oeuvre. Armin Kahl incarne avec un grand talent de comédien et une voix chaleureuse et puissante un Valmont débordant de phéromones au donjuanisme aussi séducteur que maladif. Anna Montanaro, célèbre chanteuse de comédies musicales à qui son talent a ouvert les portes de Broadway et du West-End, chante la Marquise de Merteuil avec une impressionnante présence scénique et un mezzo profond auquel elle imprime les accents cyniques de son personnage machiavélique avec la méchanceté d´une Cruella d´Enfer. Julia Klotz en Présidente donne une des meilleures performances de la soirée, délicieuse  par son jeu scénique, avec la représentation de l´évolution de son personnage qui passe graduellement de la vertueuse pudeur et de la réserve du quant-à-soi à la plus violente des passions, et par son beau soprano sensible et lumineux.

Signe de la réussite d´une soirée très applaudie, on sort du spectacle avec des brides des grands airs dans la tète, comme le Allmächtig de Valmont, le Stark wie die Tod ist die Liebe, plusieurs fois répété, le Liebe macht uns schwach de Merteuil, ou le Erlösen Sie mich de Tourvel.

Prochaines représentations du 25 au 28 février et du 2 au 6 mars. Réservations au 08921851960 ou en ligne en cliquant ici.

Crédit photographique Thomas Dashuber

mardi 24 février 2015

Nouveau programme au Cirque Krone du 1 au 29 mars


Le troisième programme de la saison d´hiver du Cirque Krone sera présenté à partir du 1er mars 2015 avec pour thème "Parade d´étoiles au manège". 22 artistes issus de 10 pays différents et pour la plupart primés donneront pour 44 représentations le spectacle de leurs talents pour la plus grande joie ou le plus grand frisson des petits et des grands. Une piste sur laquelle on pourra assister à un record du monde avec le plus grand nombre de félins jamais réunis: Martin Lacey jr sera dans la cage aux lions avec 27 fauves, lions et tigres domptés . On assistera à la danse d´éléphants et de chevaux, on verra un numéro colombien de haute voltige à la corde (highline), un jongleur italien, un maître du rouleau américain (rola bola), les reines de l´équilibre, des acrobates comédiens exceptionnels et un jeune clown magicien et poète absolument désopilant.

Réservations cliquer ici.






Grandes expos: Les 'cellules' de Louise Bourgeois à la Haus der Kunst

Louise Bourgeois en 1990,
derrière sa sculpture en marbre Eye to Eye, 1970
Photo Raimon Ramis

L´exposition  Louise Bourgeois. Structures de l'existence: les 'cellules' (Cellspeut se visiter du 27 février au 8 aout 2015 à la Haus der Kunst de Munich. Vernissage ce jeudi 26 février à 19H.

La carrière artistique de Louise Bourgeois (1911, Paris - 2010, New York) s´étend sur sept décennies. Pendant cette longue période, l´artiste a créé un ensemble d´oeuvres qui se déclinent en un large éventail de formes, de matériaux et d´échelles. 

Dans les années 1940, elle fut la conceptrice de l utilisation des installations environnementales, et dans les années 1970 et 80, elle mit parfois ses sculptures en dialogue avec le théâtre. En outre, son travail contribua à transformer le discours critique pour y englober la psychanalyse et le féminisme, des théories qui se sont depuis lors répandues dans le langage artistique de l'art contemporain.

Au sein de sa vaste oeuvre sculptée, ses "Celulles“ (Cells), une série d'espaces architecturaux qui l´ont occupée pendant une vingtaine d´années, comptent parmi les oeuvres les plus novatrices et les plus stimulantes.  Les "Cellules" de Louise Bourgeois sont des microcosmes chargés d´une empreinte psychologique intense. Situées dans diverses enceintes, chacun des celulles est une collection multi-facettes d´objets et de formes sculpturales arrangés pour évoquer une atmosphère de résonance émotionnelle. Dans une mise en place quasi théâtrale, ces objets de la vie quotidienne, des articles et des tissus d'habillement ou des meubles, rencontrent les sculptures de Bourgeois et créent une barrière entre le monde intérieur de l'artiste et le monde extérieur qui se trouve dans l'espace d'exposition.


Comme l´indiquait Louise Bourgeois: «Les« cellules »représentent différents types de douleur: la douleur physique, la douleur émotionnelle et psychologique, et la douleur mentale et intellectuelle. A quel moment l'émotionnel devient-il physique? Quand le physique devient-il émotionnel? C´est un cercle qui tourne continuellement en rond. ... Chaque «cellule» a quelque chose à voir avec le plaisir du voyeur, avec le frisson qu´on éprouve à voir et à être vu. l'étude. Les «cellules» s´attirent ou se repoussent l´une l'autre. Il y a cette envie d'intégrer, de fusionner ou se désintégrer. " (Louise Bourgeois, 1991)*


Dans cette exposition, la première à se focaliser sur la série "Cells", la Haus der Kunst a rassemblé le plus grand nombre de "cellules" présentées à ce jour. Elle comporte également des œuvres importantes des décennies précédentes qui ont abouti à l'élaboration des "Cellules". Une rétrospective très complète qui met en lumière des aspects clés de la pensée de Bourgeois sur l'espace et la mémoire, le corps et l'architecture, le conscient et l'inconscient.

*"The 'Cells' represent different types of pain: the physical, the emotional and psychological, and the mental and intellectual. When does the emotional become physical? When does the physical become emotional? It's a circle going round and round. …Each 'Cell' deals with the pleasure of the voyeur, the thrill of looking and being looked at. The 'Cells' either attract or repulse each other. There is this urge to integrate, merge, or disintegrate." (Louise Bourgeois, 1991)

Pour préparer l´exposition 


Source des images: les sites du Centre Georges Pompidou et de la Haus der Kunst.

lundi 23 février 2015

L´arbore di Diana, un opéra en version manga au Prinzregententheater

Il aura fallu attendre 250 ans pour que l´opéra de Vicente Martin y Soler, L´arbore di Diana, remonte les cours du Danube et de l´Isar et arrive enfin de Vienne, ville où il fut composé et créé, à Munich, où il connaît enfin sa première grâce au travail des étudiants de l´Académie August Everding et de la Haute école de musique et de théâtre dans une mise en scène de Balázs Kovalik et sous la direction musicale de Paolo Carignani qui dirige l´Orchestre radiophonique de Munich. Ce très bel opéra quelque peu méconnu a été redécouvert ces dernières années sur les scènes européennes, notamment, avant Munich, à Barcelone et Montpellier.

La soirée commence sous les meilleures auspices avec un exposé théâtralisé d´Esteban Munoz, un jeune dramaturge chilien habillé en ado branché, qui se présente au public porteur d´un petit palmier en plastique gonflable, présenté comme un arbre de Diane d´une nouvelle espèce, le texte de Lorenzo da Ponte parlant d´un pommier. Qu´à cela ne tienne, le pot contenant le palmier recèle également quelques pommes, bio pour respecter le goût du jour. On s´amuse beaucoup de la nouvelle manière de cette introduction à l´oeuvre, dont le contenu a cependant toutes les qualités académiques requises. 

La partition de l´opéra de Martin y Soler et de Lorenzo da Ponte a été quelque peu modififiée par le metteur en scène et le chef d´orchestre pour fluidifier l´action, et avec deux ajouts: une aria pour le dieu de l´amour a été retrouvée et introduite, et un grand air issu d´une autre opéra célèbre de Martin y Soler, Una cosa rara (Ah, perchè formar non lice), a elle aussi été ajoutée. Paolo Carignani, avec sa direction d´orchestre concentrée et précise, enjouée et sportive, et l´excellent Münchner Rundfunk Orchester nous font entendre la musique jubilatoire du compositeur espagnol, qui a des accents proches du répertoire mozartien. Leur travail, et en particulier le jeu des deux clavecinistes, remporte un franc succès.

Pour sa mise en scène, Balázs Kovalik donne une lecture adolescente du livret de Lorenzo da Ponte. Diane, déesse de la chasse et de la chasteté, défend farouchement sa virginité perpétuelle (Actéon l´apprendra à ses dépens). Elle se voit défier chez da Ponte par le dieu Amour qui finit par la vaincre. Pour Kovalik ce combat des dieux est semblable au combat intérieur auxquels les adolescents sont livrés dans leur découverte de la sexualité. Diane et ses nymphes seraient atteintes du complexe de Lolita, à l´instar de ces adolescentes qui  aguichent les hommes tout en essayant de leur échapper. La Diane de l´opéra est une autre Circé: elle vit sur île avec ses compagnes qui subissent quotidiennement le verdict d´un pommier magique dont les fruits s´illuminent si elles sont restées chastes, et noircissent dans le cas contraire. Chez Kovalik, cet arbre est devenu un palmier d´un bronze métallique. Diane et ses nymphes semblent sortir de l´univers des mangas, ces bandes dessinées japonaises, avec un physique à la Mitsuki Hayase, elles ont les cheveux turquoise, des poitrines provocantes, portent des kilts coquins aux tartans bleus et blancs, et des bas bleus assortis, ont les cuisses nues, elles pratiquent les arts martiaux, et peuvent être lourdement armées (costumes de Sebastian Ellrich). Le décor d´Hermann Feuchter, trash et kitsch,  dispose le palmier magique au centre d´un plateau tournant qui porte également des cubes recouverts de photos au contenu très érotique et aux couleurs criardes. A gauche de la scène, un espace d´habitation auquel on accède par un escalier, et dont les parois sont recouvertes de boiseries. L´île enchantée ne l ´est pas tellement que l´histoire voudrait le raconter, le fond de scène est formé d' une montagne d´ordures avec ses monceaux de déchets électroniques et plastiques, que les personnages gravissent par un sentier sinueux. Quelques éléments de mobilier d´un goût tapageur complètent le tableau, comme ce fauteuil daliesque, avec son dossier en forme de lèvres et son assise de langue tendue, ou cette baignoire dorée. Des silhouettes de personnages de mangas féminins armés découpées dans le bois complètent le décor. Diane et son amoureux finiront par céder à la passion et se dénuderont pour plonger dans le bain mousse de la baignoire dorée. Le dieu Amor, chanté par un sopraniste, adore se travestir pour mieux arriver à ses fins et parvient même à séduire Daristo, macho aux multiples conquêtes, ce qui ne manque pas de donner une scène homosensuelle cocasse. Tout est bien qui finit bien, Amor est vainqueur, Diane heureuse dans les bras d´Endimione, Daristo hérite des trois nymphes et Silvio, amoureux lui aussi de la belle déesse, mais éconduit, hérite du poste de Grand Prêtre.  Dans le monde très adolescent des mangas on se photographie avec des téléphones portables et on s´envoie des selfies, et si la mise en scène de Kovalik donne une réponse à la peur adolescente de vivre une relation, le besoin d´amour l´emportant sur la chasteté farouche, il laisse entier le problème de la modernité et des montagnes d´ordure qu´elle engendre, le paysage devant lequel on pose étant loin d´être idyllique.

L´Académie August Everding est une grande école de haute qualité si on en juge par les  performances de ses étudiants. Munich connaissait déjà Danae Kontora, une jeune soprano colorature grecque qui avait interprété avec grand succès l´Eurydice de Gluck au printemps dernier dans la production souterraine d´Opera incognita. Sportive, adepte du yoga, elle n´hésite pas à dénuder son corps somptueux au moment du bain avec Endimione dévoilant un trop bref moment une poitrine de rêve. Elle se joue des exigences du role avec un art remarquable et une grande agilité dans la colorature et des facilités dans l´aigu. La Grèce est à l´honneur dans cette production, puisque Endimione est interprété par le ténor Ioannis Kalyvas, avec une belle présence scénique et une voix bien projetée faite pour chanter des roles comme Don Ottavio ou Almaviva. Nikos Kotenidis, d´origine grecque lui aussi, donne un Doristo macho à la  prunelle et à la sensualité ravageuses, avec un jeu très physique et une voix de basse puissante et envoûtante, dotée d´une chaleur sensuelle à damner une nymphe. Inguy Hwang chante la passion de l´infortuné Silvio avec un beau ténor lyrique. Belle prestation aussi des trois nymphes Britomarte ( Victória de Sousa real), Clizia (Florence Losseau) et Cloe (Nadia Steinhard)  en lolitas pétulantes. Enfin, le sopraniste Robert Crowe, qui a prêté son concours pour incarner Amore, semble se jouer des difficultés de la colorature avec sa belle voix flûtée et le cristal de son timbre clair, et un jeu de scène délicieux, notamment dans les numéros de travesti.

Signalons également l´idée très originale de la conception du programme, qui se présente sous la forme d´un magazine pour teenagers, avec entre autres son roman photo en guise de résumé de l´action, l´interview du metteur en scène, le récit du make up de l´affiche, les réponses du psy de service, le Dr Amor, aux questions des personnages, ou son grand test de l´amour.

Prochaines représentations le 27 février et le 1er mars à 19H30 au Prinzregententheater. Places restantes.

Trailer

dimanche 22 février 2015

Concert "à la francaise..." le 3 mars par l´Ensemble Accademia giocosa


L´Ensemble Accademia giocosa se produira le 3 mars à la Maison munichoise de la radio (Studio 2) pour un concert "à la française..." avec des oeuvres de Telemann, Rameau et Jean-Sébastien Bach. Le concert sera également retransmis en live à la radio sur BR-Klassik et en vidéo live-stream sur www.br-klassik.de à partir de 20H.

"Giocoso" - joyeux, ludique, plein de vie-, c´est ainsi que se désigne cet ensemble qui se consacre à la musique du 18ème siècle. L´ensemble a été fondé par des membres de l´Orchestre symphonique de la radiodiffusion bavaroise auxquels se sont joints des musiciens indépendants spécialisés dans la musique ancienne. Tous ces musiciens jouent sur des instruments d´époque. Ils ont produit leur premier CD à la fin de l´été 2014, un CD qui présente des oeuvres de Georg Philipp Telemann (sonates, trios, concerti).

Le 3 mars, l'Accademia Giocosa interprétera de la musique baroque française et allemande.

Au programme

"à la française..."

François Couperin: extraits de "Les goûts réunis"

Johann Sebastian Bach: Orchestersuite Nr. 2 , BWV 1067

Jean-Philippe Rameau:  extraits de "Pièces de clavecin en concerts"

Jean-Marie Leclair: "Deuxième récréation de musique", op. 8

Georg Philipp Telemann: Sonate e-Moll, TWV 50:4


Billetterie

Prix des places: 29 et 21 €
Ecoliers et étudiants: 8 €

BRticket 089 / 59 00 10 880
www.br-klassikticket.de
München Ticket 089 / 54 81 81 81

Plus d´infos sur www.br-klassik.de

Bayerischer Rundfunk
Rundfunkplatz 1
80335 München
www.br.de


samedi 21 février 2015

Kirill Petrenko grandiose et impérial dans l´Or du Rhin à l´Opéra de Bavière


Le Bayerische Staatsoper reprend actuellement le Ring d´Andreas Kriegenburg, mais peut-on encore parler de reprise quand avec la direction musicale de Kirill Petrenko on a l´impression d´assister à la création de l´opéra, tant les accents de cette sublime musique résonnent d´une manière nouvelle sous la coupole de l´opéra de Bavière? 

Revoir cette mise en scène créée il y a trois ans, en février 2012, en fait découvrir de nouveaux aspects et permet d´en apprécier encore davantage l´intelligence scénique, la manière dont Kriegenburg nous mène au coeur même de la mythique wagnérienne. Ainsi de la représentation du Rhin par ces couples mêlés d´actionnistes peinturlurés de bleu qui en forment les vagues, les frémissements et les ondulations, un long fleuve d´amour formé de couples s´unissant et unis les uns aux autres en une longue chaîne, au sein duquel vivent des nymphes érotomanes qui en protègent le trésor. Kriegenburg utilise la chair humaine comme une plasticine malléable à souhait. Une fois l´or volé, - et l´amour renoncé- , les corps bleuis deviendront les murailles du Walhalla ou les cubes piédestaux des géants faits des corps entassés et comprimés comme dans un horrible charnier. Plus tard, lors de l´apparition d´Erda, la bonne déesse omnisciente détentrice de l´antique sagesse, ils formeront autour d´elle un charmant tapis mouvant de matière organique.

La rencontre de cette mise en scène et de cette nouvelle direction d´orchestre est une totale réussite. Kriegenburg nous fait voir les mouvements du fleuve, Petrenko nous les donne à entendre. Il fait s´élever la musique de Wagner d´un orchestre ondoyant dont on ressent les vagues et les ondulations. On ferme les yeux et on entend le Rhin, fleuve puissant, sensuel ou chtonien, et mystique. La précision de la direction d´orchestre de Petrenko est désormais légendaire, mais ce n´est pas assez dire, cette précision, la minutie méticuleuse, cette manière de détacher le son de chaque instrument et de réussir à la fois l´unisson, sont au service d´une vision inspirée qui se nourrit  d´une compréhension intime et pénétrante du génie wagnérien. Ce chef, modeste et discret, presque en retrait lors des applaudissements, se montre généreux et impérial lorsqu´il se met au service de la musique, dont il se fait le ministre, au sens premier du terme. L´osmose avec l´Orchestre d´Etat de Bavière, est parfaite, on imagine la qualité du travail en amont pour parvenir à un tel aboutissement lors d´une représentation.

Le plateau de tout premier plan est dominé par la prestation époustouflante du baryton-basse polonais Tomasz Konieczny qui développe toute la dimension du personnage d´Alberich avec une puissance vocale et émotionnelle et une vigueur fulminante qui n´ont d´égales que son jeu de scène. Koniecczny emplit toute la scène. La sensation de son chant et de son talent d´acteur fait faire une bien pale figure au Wotan de Thomas J. Mayer, qui est le maillon faible de la soirée. Son Wotan n´avait pas rencontré l´unanimité lors de la création de l´opéra en 2012, il semble encore affaibli aujourd´hui et n´a pas la dimension pour donner la répartie à l´Alberich de Konieczny. Voila un Wotan bien crépusculaire alors qu´on n´en est qu´au prologue, et il ne s´agit pas là de la représentation de la faiblesse inhérente au dieu germanique, mais bien, hélas, de la performance par trop inconsistante du chanteur, qui ne recevra que des applaudissements polis, ponctués de huées qui l´étaient bien moins. Burkhard Ulrich, un vétéran du chant wagnérien, donne par contre un Loge raffiné et élégant avec des lignes vocales parfaitement modulées et une grande implication théâtrale. Le Mime d´Andreas Conrad est également apprécié, de même que le Fasolt de Günther Groissböck et le Fafner de Christof Fischesser. Coté féminin, on est subjugué par l´Erda d´Okka von der Damerau avec un mezzo ample et profond, une belle étendue vocale et une présence scénique imposante. Le trio des filles du Rhin (Woglinde, Hanna-Elisabeth Müller, Wellgunde, Jennifer Johnston et Floßhilde, Nadine Weissmann) est tout simplement magnifique, l´entame flûtée d´Hanna-Elisabeth Müller donnant le frisson dès les premières notes.

A l´issue d´une telle soirée d´opéra, on mesure pleinement la chance exceptionnelle que l´on a de pouvoir venir écouter le travail de l´Orchestre d´Etat de Bavière et de son directeur général de la musique, Kirill Petrenko.

Infos  sur cette reprise du Ring sur le site du Bayerische Staatsoper
Agenda (places restantes).



mercredi 18 février 2015

L´Opéra de Bavière annonce la création mondiale d´un nouvel opéra: South Pole


Miroslav Srnka et Tom Holloway
La prochaine saison à l'Opéra d'État de Bavière s´annonce passionnante. Le jeune compositeur tchèque Miroslav Srnka a composé de concert avec l'écrivain néo-zélandais Tom Holloway un opéra qui a pour sujet découverte du Pôle Sud, intitulé South Pole. Cet opéra, qui est une commande de l'Opéra d'État de Bavière, sera créé le 31 janvier 2016 à Munich. Un blog a été spécialement concu pour présenter le processus de création de l'Opéra et pour mettre en lumière les événements historiques de l´expédition vers le Pôle Sud qui eut lieu de 1910 à 1913. Son adresse: südpol.staatsoper.de.

La distribution

La direction musicale du nouvel opéra a été confiée au directeur musical du Bayerische Staatsoper Kirill Petrenko. Ce sera la première fois qu´il dirigera la première mondiale d'un opéra. Les deux explorateurs Robert Falcon Scott et Roald Amundsen, qui ont lutté au début du 20ème siècle pour devenir les premières personnes au pôle Sud seront incarnés par Thomas Hampson (Amundsen) et Rolando Villazón (Scott) . Tara Erraught chantera la femme de Scott, Kathleen, et Mojca Erdmann la "landlady", la petite amie d Amundsen. Hans Neuenfels, qui vient de monter Manon Lescaut de Puccini au Bayerische Staatsoper, mettra l´opéra en scène.


L´intrigue

L'intrigue est basée sur les expéditions antarctiques simultanées de deux équipes concurrentes: l´expédition britannique de Robert Scott et l´expédition du Norvégien Roald Amundsen. Il s´agit du voyage de deux groupes qui est représenté pour partie en parallèle et pour partie en décalage: une sorte de «double opéra" où les deux actions commencent simultanément puis divergent progresssivement.

L'intrigue suit les événements historiques: Robert Scott a préparé son expédition sous la lumière des projecteurs, son entreprise était tout à la fois scientifique et sportive: en plus de la collecte de connaissances géologiques et géographiques, il voulait à tout prix que les Anglais soient les premiers à atteindre le pôle Sud .

Roald Amundsen au contraire prépara son voyage en secret. Il prétendait vouloir partir du le pôle Nord;. En fait il voulait être le premier homme à mettre le pied au pôle Sud.

L'histoire de l'opéra commence avec le télégramme qu´Amundsen envoie de Madère à Scott , qui marque le départ de la course. Grâce à une combinaison de nombreux facteurs, Amundsen et son équipe arrivèrent un mois avant Scott à destination. Scott et ses quatre compagnons atteignirent le but trop tard, pire, ils moururent dans une tempête de neige sur le chemin du retour.

Opéra de Munich: reprise de Falstaff dans la mise en scène d´Eike Gramms

Ambrogio Maestri en Falstaff

On a toujours autant de plaisir de revoir la mise en scène minimaliste et efficace du Falstaff de Verdi qu´Eike Gramms avait présentée au Bayerische Staastoper en janvier 2001, l´année même où Ambrogio Maestri, qui chante Falstaff cette saison sur la scène munichoise,  avait fait ses débuts couronnés de succès dans le rôle-titre à la Scala de Milan dans la mise en scène de Giorgio Strehler et sous la direction musicale de Riccardo Muti. Depuis lors le baryton pavesan, un des meilleurs Falstafff du tournant du siècle,  s´est produit dans le rôle dans 25 théâtres differents de Vienne à Londres, de Salzbourg à Paris, Amsterdam ou Bussetto. C´est dire qu´il en connaît toutes les nuances et qu´en quatorze années de pratique du personnage,  il en a acquis une connaissance intime qu´il distille avec un jeu de scène raffiné, pour la plus grande joie des spectateurs. Et comme la mise en scène d´Eike Gramms est essentiellement axée sur une mise en place et une mise en valeur des personnages qui sert parfaitement tant le texte que l´esprit shakespearien, on peut pleinement jouir tant des talents de chanteur que des subtilités du jeu d´Ambrogio Maestri.

Eike Gramms et son décorateur-costumier Gottfried Pilz utilisent à bon escient un décor a minima: le plancher circulaire d´un grand plateau tournant surélevé et incliné, un rideau de scène semi-transparent, et un rideau de fond de scène qui forme une paroi circulaire qui rappelle peut-être la circularité du Théâtre du Globe et donne également l´impression que la vie n´est qu´un drôle de cirque. Un cirque shakespearien, avec son goût pour le déguisement et  dirigé par de maîtresses femmes qui se refusent à servir de jouets aux hommes. Eike Gramms, qui a commencé sa carrière comme acteur notamment shakespearien, connaît bien son propos et est comme un poisson dans la Tamise pour transmettre le génie du Maître de Stratford! Qui mieux qu´un ancien acteur sait comment placer et faire se mouvoir les comédiens sur scène pour leur permettre de mettre au mieux leurs personnages en valeur? Peu de décors, tout pour le jeu théâtral! 

Eike Gramms fait l´économie de  références historiques qui n´apporteraient rien à la comédie. Que l´action se passe sous Henri IV ou sous Margareth Tatcher, à Windsor ou en Ecosse importe peu. La touche british est  donnée  par la rousseur de la chevelure de Falstaff et surtout par les costumes pour lesquels Gottfried Pilz a abondamment utilisé le motif écossais, avec un parti pris de mauvais goût qui sert bien le burlesque de la farce: le kitsch règne en maître et les personnages sont attifés avec un art consommé de la faute esthétique Ainsi des tenues aux couleurs criardes de l´extravagante Mrs Quickly, ou du kilt et du petit chapeau melon du Dr Cajus. Falstaff, très clochard en ouverture de rideau, prend un bain de pieds tout en saucissonnant assis sur le bord du plateau. Alice et Meg sont habillées en soeurs jumelles pour tous leurs changements de costumes pour signifier peut-être la proximité de l´usage qu´en voulait faire Falstaff.


Véronique Gens (Mrs Alice Ford),
Susanne Resmark (Mrs Quickly),
 Gaëlle Arquez (Mrs Meg Page),
Ekaterina Siurina (Nannetta)

Quelques trouvailles scéniques agrémentent la soirée. Pour la deuxième scène, le plateau tournant est dressé d´une série de cordes à linges disposées en rayons concentriques, sur lesquelles des draps blancs sont mis à sécher. Eike Gramms trouve une solution ingénieuse pour la scène où Falstaff est précipité dans la Tamise. Le rideau de scènde semi-transparent s´élève à hauteur du plateau pour figurer le fleuve dans lequel le malheureux est jeté. Il s´élève ensuite entièrement et un double de Falstaff descend du cintre ex machina entouré de jolis poissons multicolores. Dans la scène suivante, Falstaff vide l´eau de ses chaussures, métonymie suffisante de sa baignade forcée et de ses habits gorgés d´eau. La première partie de la scène du parc se passe elle aussi derrière le rideau, elle est baignée par la lueur bleuâtre d´un clair de pleine lune, une licorne blanche traverse la scène, suivie d´une libellule géante, des ombres sont projetées sur le rideau, des personnages fantastiques portent sur la tête des bois enluminés. Pour le grand final, le rideau est levé sur un feu d´artifices de personnages carnavalesques en costumes où le rouge et le noir dominent, une explosion vibrante de couleurs a contrario du minimalisme scénique qui a dominé tout l´opéra.

Asher Fisch communique avec l´orchestre et le plateau en spécialiste du répertoire verdien, avec un jeu précis, souple et dynamique et un bel équilibre entre le jeu de la fosse et celui des chanteurs. Le plateau est dominé comme il se doit par le Falstaff d´Ambrogio Maestri et la très belle Alice de Véronique Gens, une chanteuse que l´on connaît davantage dans le répertoire baroque et mozartien et qui a abordé récemment avec Alice son premier rôle verdien à Baden-Baden puis à Nantes avant de le chanter cette saison à Munich. Ford devait être chanté par Simon Keenlyside qui a  dû renoncer à ce rôle pour lequel il a été remplacé par George Petean qui donne une prestation en dessous des attentes, peu convaincant dans l´expression de la colère et manquant de force indignée et de tragique dans le E sogno? E realtà? à la fin du deuxième acte. Si la Meg de Gaelle Arquez est délicieusement pétillante, Susanne Resmarck déçoit en Mrs Quickly en ne rendant pas suffisamment la pétulance et la splendeur verdienne  de ce personnage plein de verve, avec un chant qui manque tant d´articulation que de vivacité dans la projection. Deux membres de la troupe de l´Opéra de Bavière, Goran Jurić et Kevin Conners, incarnent avec talent Pistola et Bardolfo. Ekaterina Siurina (Nannetta) et Antonio Poli (Fenton) chantent avec bonheur le jeune couple dont Ford refuse le mariage. Coutumier du rôle, Carlo Bosi chante un excellent Dr Cajus. Amoureux éconduits et atteints par la limite d´âge, Falstaff et Cajus finiront par faire contre mauvaise fortune bon coeur, ayant appris à leurs corps et à leurs coeurs défendants que tutto nel mondo è burla!

Prochaine représentation le 19 février 2015. Quelques places restantes.

Crédit photographique:  Wilfried Hösl

Le mercredi des cendres on lave de l´argent en toute légalité à Munich

Photo Oliver Raupach
Les flonflons du carnaval sont terminés, il est temps de passer aux choses sérieuses en ce mercredi des cendres. 

A Munich, c´est le jour où l´on vient par tradition laver son porte-monnaie dans la fontaine au poisson (Fischbrunnen) de la Marienplatz, un remède parait-il souverain pour ne pas se retrouver à sec et connaître la disette. La tradition remonte a 15ème siècle. Les pauvres ont alors commencé à venir laver leurs bourses vides dans l´espoir de les voir bientôt se remplir.

Pour que les finances de la ville restent florissantes, l´Oberburgmeister Dieter Reiter et la bourgmestre Christine Strobl, accompagnés du receveur municipal, viendront laver les bourses de la ville vers 11H30 ce matin. C´est le bourgmestre Wimmer qui instaura cette nouvelle tradition en 1950. Et visiblement cela a porté ses fruits, Munich se porte bien!

mardi 17 février 2015

L´Arbore di Diana: l´Académie August Everding monte un opéra de Martin y Soler au Prinzregententheater


Vicente Martin y Soler
Le travail des étudiants de la Bayerische Theaterakademie August Everding et de la Haute école pour la musique et le théâtre de Munich  est un événement attendu de la saison d´opéra munichoise, car c´est l ´occasion de découvrir de jeunes talents enthousiastes, et également parce que c´est souvent l´occasion de découvrir une oeuvre peu connue du répertoire. Cette année, l´Académie a choisi de présenter L’Arbore di Diana, une oeuvre composée dans la Vienne de Joseph II par Vicente Martin y Soler. Le livret de  ce dramma giocoso en deux actes créé à Vienne le 1er octobre 1787  a été écrit pat Lorenzo Da Ponte, qui le rédigea parallèlement au Don Giovanni de Mozart. Alors qu´il était occupé à la rédaction de ces deux livrets, le génial librettiste en adaptait encore un troisième pur Salieri, comme il le relate dans ses mémoires.

« C'est ainsi qu'entre le vin de Tokay, le tabac de Séville, la sonnette sur ma table et la belle Allemande semblable à la plus jeune des muses, j'écrivis la première nuit pour Mozart les deux premières scènes de Don Juan, deux actes de L'Arbre de Diane, et plus de la moitié du premier acte de Tarar, titre que je changeai en celui d'Assur. Dans la matinée, je portai ce travail à mes trois compositeurs, qui n'en pouvaient croire leurs yeux. En soixante-trois jours, Don Juan et L'Arbre de Diane étaient terminés, et j'avais composé plus des deux tiers de l'opéra d'Assur. L'Arbre de Diane fut représenté le premier : il reçut un accueil égal à celui de La Cosa rara. » Mémoires de Lorenzo Da Ponte, librettiste de Mozart – Le Temps retrouvé – Mercure de France.

L´histoire, qui est un plaidoyer pour la sensualité et la liberté amoureuse, en est pour le moins coquine: elle met en scène le combat entre l´amour physique, représenté par Cupidon, et la chasteté, qui est l´apanage de la déesse Diane.  Dans les jardins de Diane se trouve  un arbre magique dont les fruits s’illuminent et font entendre de douces musiques quand les nymphes qui passent à proximité sont chastes, mais noircissent et tombent si elles ont succombé aux délices de la chair. Cupidon pointe ses flèches vers les compagnes de Diane, les nymphes, qui tombent en amour les unes après les autres, et parvient même à dégeler la chaste déesse de la chasse. Diane, par précaution, ordonne alors de couper l’arbre. Ses  jardins se transforment alors en Palais de l’Amour.

La mise en scène  est cette année à nouveau confiée à Balázs Kovalik, dont c´est la quatrième collaboration avec l´Akademie August Everding, après La Bohème (2009), Didone abbandonata (2010) et la Salomé de Mariotte (2014). La direction musicale est assurée par Paolo Carignani qui dirige le Münchner Rundfunkorchester.

Première le 20 février à 19H30 au Prinzregententheater.
Puis les 22 et 27 février et le 1er mars à la même heure.
L´oeuvre sera commentée au grand foyer à 18H45.

Distribution

Mise en scène: Balázs Kovalik
Décors: Hermann Feuchter
Costumes: Sebastian Ellrich
Dramaturgie: Esteban Muñoz
Masques: Steffen Roßmanith et Julian Hutcheson
Lumières: Peter Platz
Münchner Rundfunkorchester

Diana: Danae Kontora
Amore: Robert Crowe (en artiste invité)
Endimione: Ioannis Kalyvas
Silvio: Ingyu Hwang
Doristo: Nikos Kotenidis
Britomarte: Victória de Sousa Real
Clizia: Florence Losseau
Cloe: Nadia Steinhardt

Bayerische Theaterakademie August Everding et Hochschule für Musik und Theater München avec les classes de maîtrise (théâtre musical et chant d´opéra).

Réservations

Téléphone (089) 2185-2899
tickets@theaterakademie.de
ou en ligne: cliquer ici


lundi 16 février 2015

Les Teddy Awards 2015: la cérémonie de remise des prix du cinéma LGBT est pour une semaine sur Arte

"Les temps forts de la cérémonie de remise des prix du cinéma gay, lesbien, trans et queer, décernés dans le cadre de la Berlinale. L’acteur Udo Kier reçoit une distinction pour l’ensemble de sa carrière. En hommage à Fassbinder, qui aurait eu 70 ans en mai prochain, sa muse Ingrid Caven interprète "Each man kills the thing he loves", chanson tirée du dernier film du cinéaste, "Querelle".

Pour la vingt-neuvième année, les prestigieux Teddy Awards de la Berlinale – dont ARTE est partenaire depuis onze ans – seront décernés dans les catégories suivantes : meilleurs film, documentaire et court métrage. L’acteur Udo Kier recevra une distinction pour l’ensemble de sa carrière. Aujourd’hui âgé de 70 ans, il est l’un des rares Allemands à avoir acquis une dimension internationale en s’invitant à Hollywood. Remarqué à ses débuts chez Rainer Werner Fassbinder, il a tourné dans plus de cent soixante films sous la direction des plus grands, de Gus Van Sant (My own private Idaho) à Lars von Trier (Breaking the waves, Dogville, Melancholia). En hommage à Fassbinder, qui aurait eu 70 ans en mai prochain, sa muse Ingrid Caven interprétera "Each man kills the thing he loves", chanson tirée du dernier film du cinéaste, Querelle. De nombreuses surprises animeront cette soirée berlinoise qui se tiendra au Komische Oper, à quelques pas de la porte de Brandebourg." (Tetxe Arte TV) 

Pour visionner le film de la cérémonie/ Source du texte: cliquer ici

Lien vers le site des Teddy awards (en allemand)

dimanche 15 février 2015

Abbaye de Fürstenfelbruck


L'abbaye Notre-Dame de l'Assomption de Fürstenfeldbruck ou de Fürstenfeld est une ancienne abbaye cistercienne située à Fürstenfeldbruck à 25 km au nord-ouest de Munich.

L'abbaye a été sécularisée à l'époque napoléonienne et est entrée dans le domaine royal de Bavière. L'église, aujourd'hui paroissiale, est un chef-d'œuvre de l'art baroque tardif monumental de Bavière. Elle est dédiée à l'Assomption de la Vierge Marie.



L'abbaye a été fondée en 1263 par Louis Le Sévère, duc de Bavière, qui avait fait décapiter son épouse Marie de Brabant, qu´il accusait, à tort semble-t-il, d´infidélité.  Pour son expiation, le pape Alexandre IV lui ordonna de fonder une abbaye. Le duc fit alors venir des moines de l'Ordre cistercien et dota richement l´abbaye. 




L'abbaye a été endommagée pendant la guerre de Trente Ans, vers 1632/1633, par les troupes suédoises et a été à nouveau consacrée en 1640. L'abbé Martin Dallmayr double le nombre des moines et la discipline originelle est rétablie. Les plans de la nouvelle abbaye, de style baroque, sont dessinés à la fin du XVIIe siècle par Viscardi, et les premiers travaux ont lieu en 1691. La première pierre de la nouvelle église baroque a été posée le 5 août 1700 et les plans conçus par l'architecte munichois Giovanni Antonio Viscardi, originaire des Grisons. Johann Georg Ettenhofer (de) poursuit les travaux. Le chœur est terminé en 1723 et la consécration de l'abbaye a lieu en 1741. Le clocher est terminé en 1745, la façade de l'église achevée en 1747. Les travaux de décoration de l'intérieur de l'église continuent jusqu'en 1766. 



Un certain nombre d'artistes de première classe ont été employés pour l'aménagement, y compris les frères Jacopo et Francesco Appiani et les frères Asam: Cosmas Damian Asam peint les fresques du plafond, et Egid Quirin Asam créé les autels latéraux et est peut-être responsable de la conception due maître-autel. La disposition intérieure de l'église abbatiale de Fürstenfeld suit le modèle typique des églises du sud de l'Allemagne et de l'Autriche, telles l'église St. Michael à Munich, la cathédrale de Klagenfurt et l'église de l'Assomption à Dillingen. En dépit de la longue période de construction et d'aménagement elle donne  une impression très unifiée.

L'ordre cistercien est chassé en 1803 à l'époque du recès d'Empire inspiré par Napoléon et l'abbaye et ses terres passent dans le domaine royal en 1816. Elle est rachetée en 1817 par le prince Wrede qui y installe un hospice pour invalides de guerre. la salle capitulaire est transformée en salle de prières pour les protestants en 1828.

Les bâtiments de l'ancienne abbaye servent de caserne et d'hôpital militaire de 1848 à 1921. Ils abritent entre 1924 et 1975 diverses institutions de la police de Bavière.

L'église mesure 87 mètres de long sur 32 mètres de large et 43,2 mètres de haut. Le clocher mesure 70 mètres de hauteur.



Sur la tribune occidentale, l’orgue est un des rares instruments à deux claviers de la première moitié du XVIIIe siècle de Bavière méridionale à être presque intégralement préservé. Le buffet a été sculpté par Johann Georg Greiff en 1737, la partie intrumentale est de maître Johann Georg Fux de Donauworth (1736/37). L’instrument a 27 jeux sur deux claviers et pédale, avec des sommiers à gravures et registres coulissants, une traction de notes et un tirage de jeux mécaniques.