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jeudi 30 avril 2015

Centre de documentation du national-socialisme: le titre malencontreux du journal Le Monde


"Allemagne: longtemps retardé, un musée du nazisme ouvre à Munich".

Voilà le titre accrocheur qu´on peut lire comme titre d´une vidéo postée sur Dailymotion et reprise par le journal Le Monde en ligne à propos de l´ouverture du Centre de documentation sur le national-socialisme qui a aujourd´hui été inauguré à Munich. La source en est sans doute une dépêche de l´AFP.

Quelle appellation malheureuse et combien elle peut prêter à confusion. Il ne s´agit pas d´un "musée du nazisme", aucun objet n´y est présenté, il s´agit d´un CENTRE DE DOCUMENTATION, un lieu d´apprentissage et de mémoire, un centre d´information. Le contenu de la vidéo est heureusement correct. 

Le Conseil international des musées (ICOM) a élaboré une définition précise de ce qu´est un musée, et cette définition fait référence dans la communauté internationale :

« Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d'études, d'éducation et de délectation. »

Voilà précisément ce que les responsables de la création du centre de documentation n´ont pas voulu faire. Ils ont d´emblée refusé toute présentation physique d´objets de la période pour éviter tout détournement et ...toute délectation. Pas question que ce centre devienne un lieu de culte pour les nostalgiques de cette époque tragique. Il n´y a dans le centre aucun objet nazi. Ce centre ne veut en aucun cas devenir un lieu de pèlerinage. Le nazisme ne fait pas partie du patrimoine de l´humanité.

Un titre d´une bêtise aussi affligeante que dangereuse. 

Si vous souhaitez une information précise sur le Centre, rendez-vous plutôt sur le site du Centre de documentation du national-socialisme de Munich. (NS-Dokumentationszentrum München) ou prenez le temps d´une visite.

A noter que la presse française reprend la dépêche AFP. Comme en témoigne ce copier-coller du moteur de recherche du Figaro:

Le musée dédié au nazisme ouvre à Munich malgré les oppositions

à Munich malgré les oppositionsLe musée dédié au nazisme[...]Le premier musée consacré aunazisme[...]inauguré ce jeudi, en présence de la ministre fédérale de la Culture, Monika Grütters, sur le site de l'ancien QG du parti nazi à Munich[...]présents pour la cérémonie organisée dans ce bâtiment, un cube blanc aux fines ...

Le musée dédié au nazisme ouvre à Munich

à MunichLe musée dédié au nazisme[...]Le premier musée consacré au nazisme[...]inauguré ce jeudi, en présence de la ministre fédérale de la Culture, Monika Grütters, sur le site de l'ancien QG du parti nazi à Munich[...]présents pour la cérémonie organisée dans ce bâtiment, un cube blanc aux fines ouvertures vitrées, ...

Inauguration du musée du nazisme de Munich

Inauguration du musée du nazisme de MunichInauguration du musée du nazisme de MunichUnmusée consacré au nazisme[...]personnalités politiques comme la ministre fédérale de la Culture Monika Grütters, pour la cérémonie organisée dans ce bâtiment, un cube blanc aux fines ouvertures vitrées, érigé au coeur de l'ancien ...

mardi 28 avril 2015

Grandes expos: Keith Haring, la ligne politique, du 1er mai au 30 août à la Hypo-Kunsthalle de Munich



Du 1er mai au 30 août 2015, la Hypo-Kuntshalle de Munich consacre une rétrospective de grande envergure à l’artiste américain Keith Haring (1958–1990).  Cette exposition permettra d’appréhender l’importance de son œuvre et plus particulièrement la nature profondément « politique » de sa démarche, tout au long de sa carrière, au travers des quelques 160 oeuvres qui y sont présentées

Keith Haring (1958-1990), véritable icône des années 1980,  fut l'un des artistes les plus célébrés de son époque et, aujourd'hui encore, tout le monde reconnaît son style incomparable. S´il a été exposé avec les plus grands (Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat ou Roy Lichtenstein) l´exposition munichoise se concentre sur le but principal de son art : l'engagement politique et social de l'artiste.

Keith Haring a commencé sa carrière en dessinant dans le métro new yorkais. En 1984, il voyage en Europe et participe à Figuration Libre - France/ USA, une exposition collective au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris / ARC. C'est à cette occasion qu'il dessina sur des surfaces destinées aux affiches publicitaires dans le métro parisien, aux stations Alma-Marceau et Dupleix.

Entre 1980 et 1985, Keith Haring réalise de cinq à dix mille subway drawings.

Ce travail répond en premier lieu au désir de l’artiste de produire de l’art pour tout le monde : « Le public a droit à l’art. Le public a été ignoré par la plupart des artistes contemporains. Le public a besoin d’art, et il est de la responsabilité de "l’artiste autoproclamé" de comprendre que le public a besoin d’art, et de ne pas faire de l’art bourgeois pour quelques-uns seulement, tout en ignorant la masse. L’art est pour tous. »

A New York, pendant l'ère conservatrice de Ronald Reagan,  Keith Haring  s´est donné pour mission de mettre en évidence les injustices sociale dans son travail. Il a pris une position claire contre les excès du capitalisme et s´est vigoureusement engagé pour des causes telles le désarmement nucléaire, la protection de l'environnement et l'égalité des droits pour tous, indépendamment de l'origine ethnique, de la couleur de peau, de la religion ou de l'orientation sexuelle.La rétrospective de la Kunsthalle se concentre sur les aspects politiques et socio-critiques de l'œuvre de Haring, qui ont été quelque peu négligés dans expositions allemandes précédentes, mais que la rétrospective du Musée d´Art moderne de la ville de Paris avait également mise en évidence.


HARING L'ARTISTE ET LE MILITANT

Pour la première fois depuis 15 ans en Allemagne, et pour la première fois à Munich, la Kunsthalle présente une exposition solo sur Keith Haring. Les oeuvres exposées témoignent de la diversité de son œuvre:  dessins exécutés dans le métro ( Subway Drawings), peintures à grande échelle sur des toiles et des bâches, croquis, sculptures et œuvres émaillés. Elles proviennent  de musées et de collections privées en Amérique et en Europe, certaines d´entre elles sont présentées pour la première fois depuis sa mort.

RENOMMÉE INTERNATIONALE

Mugrabi Collection
© The Keith Haring Foundation, 1987
Au moment de son décès survenu suite à des complications liées au sida alors qu´il n´avait que 31 ans et après une période créative de seulement dix ans, Keith Haring avait acquis une renommée internationale, non seulement pour son oeuvre artistique mais aussi pour son activisme politique. Après avoir contracté le HIV, Haring a exploité sa renommée et a parlé ouvertement de sa maladie. L´artiste a ainsi largement contribué à l´élimination de la stigmatisation du sida. En 1989, il créa la Fondation Keith Haring dont les  deux missions principales, encore aujourd'hui,consistent à offrir des possibilités d'éducation pour les enfants défavorisés et de sensibiliser au sida et au VIH tout en s´attaquant aux préjugés. Son influence sur sa propre génération est des plus considérables. Bien que la carrière de Keith Haring ait été courte, son idéal d´un art politique est toujours bien présent, de même que l´effet interpellant de son imagerie accrocheuse.



Kunsthalle der Hypo-KulturstiftungTheatinerstraße 8
80333 München
T +49 (0)89 / 22 44 12
kontakt@kunsthalle-muc.de

lundi 27 avril 2015

Oberammergau goes opera: cet été, Christian Stückl met en scène Nabucco de Verdi sur la scène du Théâtre de la Passion


Oberammergau est un village de Haute-Bavière que ses fameux Jeux de la Passion ( Passionsspiele) ont rendu célèbre de par le monde entier. Ces Jeux n´ont cependant  lieu que tous les dix ans et la prochaine édition n´aura lieu qu´en 2020. Le metteur en scène munichois Christian Stückl, qui dirige les Passionspiele depuis 1990 et a donc déjà trois éditions à son actif, a eu l´idée de monter cette année un grand opéra sur la scène du Théâtre de la Passion. Le choix s´est presque naturellement porté sur un opéra à thème biblique, Nabucco, de Giuseppe Verdi. 

L´opéra, créé en 1842 à la Scala de Milan évoque l'épisode biblique de l'esclavage des juifs à Babylone symbolisé par le chœur de la troisième partie, le Va, pensiero des Hébreux auxquels s'identifiait la population milanaise alors sous occupation autrichienne. Le  livret, de la plume de Temistocle Solera1, est tiré de Nabuchodonosor, un drame qu' Auguste Anicet-Bourgeois et Francis Cornu avaient écrit en 1836 et créé à Paris.

Monter un opéra à dimension politique et à thématique hébraïque  à Oberammergau, la ville des Jeux de la passion,  constitue une belle revanche de l´histoire. Les  Jeux de la Passion étaient en effet depuis leur création en 1634 jusqu´à la deuxième guerre mondiale profondément imprégnés de l’anti-judaïsme originel chrétien. De plus pendant la période nationale-socialiste, leurs organisateurs se seraient compromis avec le régime. Hitler visita Oberammergau en 1934 à l´occasion du tricentenaire des Jeux. Aussi les Jeux firent-ils l´objet de très sévères critiques de la part des principales organisations juives américaines, puis d’organisations judéo-chrétiennes et d’autorités catholiques du monde entier. Il fallut attendre Vatican II pour que l´église catholique se repente de son anti-sémitisme. A partir de 1990, Oberammergau participa de ce mouvement en modifiant profondément le texte, la musique, la scénographie et les costumes pour les débarrasser de l´anti-judaisme primitif. 

Christain Stückl, qui dirige également avec succès le Volkstheater de Munich, apporte son expertise de la mise en scène pour monter l´opéra de Verdi en collaboration avec Ainars Rubikis, le directeur musical de l´Opéra de Novosibirsk, qui dirigera l´orchestre de la  Neue Philharmonie München. Nabucco nécessite un choeur impressionnant. Dans la tradition participative des Jeux de la Passion qui font appel aux habitants de la petite ville bavaroise, les choristes proviendront de toute la région. Pour le plateau, Christian Stückl et Ainars Rubikis ont fait appel à des chanteurs renommés en provenance pour la plupart des troupes des grands opéras allemands, de Munich à Hambourg.

Avec Evez Abdulla (Nabucco), Attilio Glaser (Ismaele), Bálint Szabó (Zaccaria), Rafal Pawnuk (Grand-Pretre), Irina Rindzuner(Abigaille), Joshua Stewart (Abdallo), Virginie Verrez (Fenena) et Talia Or (Anna).

Agenda et réservations

NABUCCO
PREMIERE le 3 JUillet 2015
Ensuite les 5/17/19/24/26 JUillet2015 | 20 H

Infos en allemand: Cliquer ici

Réservations en ligne: cliquer ici

Réservations par téléphone: 
00 49 88 22 / 945 88 88
00 49 88 22 / 945 88 89 

ou München Ticket
00 49 89 / 54 81 81 81


dimanche 26 avril 2015

DANCE 2015 - Festival international de danse de Munich du 7 au 17 mai.



DANCE 2015: 14ème édition du Festival international de danse contemporaine de Munich.

DANCE 2015 aura lieu du 7 au 17 mai et présente sur les scènes culturelles les plus importantes de la ville des spectacles de danse contemporaine actuels conçus par des chorégraphes renommés ainsi que par de nouveaux talents du monde entier.
Saburo Teshigawara, Richard Siegal, Peeping Tom, Christian Rizzo, Raimund Hoghe, Helena Waldmann, Alain Platel viendront présenter leurs chorégraphies, dont des créations mondiales , dans le cadre de la Biennale munichoise de la danse. Certaines des chorégraphies seront montrées pour la première fois en Allemagne. Ainsi, pour la première fois à Munich, on pourra voir le travail de l´Américain Trajal Harrell, l'une des découvertes les plus remarquables de ces dernières années, ainsi que celui deSharon Eyal et d´Hillel Kogan, de Niv Sheinfeld et Oren Laor d'Israël, de Kaori Itodu Japon et du jeune chorégraphe chinois Yang Zhen.

Les prix des billets varient de 6 à 60 Euros.

Les spectacles ont lieu un peu partout dans la ville, dans la plupart des grandes salles munichoises: le théâtre national, le théâtre de la résidence (Théâtre Cuvilliés), le Kammerspielen, le Schaunburg, la Muffathalle, le Gasteig et le Schwere Reiter, dix étapes différentes pour un festival qui dure onze jours.

En plus de la vente de billets individuels, le festival met un nombre limité de laissez-passer en vente, qui donnent accès pour un prix fixe à la visite de 10 spectacles de votre choix.

Le programme détaillé de DANCE 2015 se trouve sur le site web du festival:www.dance-muenchen.de

Réservations
Les billets sont en vente  sur www.muenchenticket.de  ou par tél 089 54 81 81 81.

Pour les spectacles qui auront lieu au Théâtre National, au Théâtre Cuvilliés et au Schauburg, réserver par les sites internet de ces institutions ou dans leurs bureaux de réservations.

Le Festival Pass (disponibilité limitée) est vendu à un prix de 140 € / réduit 60 € uniquement au bureau du festival de la danse, Ludwigstr. 8, 3ème étage, Lun - Ven 10H à 16H

Pour suivre le festival via sa page facebook, cliquer ici

Napoléon et la Bavière: la grande expo annuelle du Land de Bavière s´ouvre le 30 avril à Ingolstatdt


La Maison de l'histoire de Bavière, le Musée de l'armée bavarois et la ville bavaroise d'Ingolstadt ont contribué à mettre sur pied l´exposition "Napoléon et la Bavière", qui ouvre ses portes à la fin de ce mois d´avril dans l'ancienne forteresse d´Ingolstadt, une forteresse qu´avait rasée Napoléon avant d'être reconstruite par le roi Louis Ier de Bavière, et qui est aujourd'hui le siège du Musée de l'armée bavaroise.
  
L'année 2015 marque le 200e anniversaire de la défaite de Napoléon à Waterloo, son abdication définitive et son exil à Sainte-Hélène. En 1815, L´Europe du Congrès de Vienne retrouvait la paix après 20 années de guerres. Au cours de ces guerres, la Bavière se rangea d´abord du côté des ennemis de Napoléon, pour devenir ensuite son alliée, et pour rejoindre enfin juste à temps le camp des vainqueurs. Elle mit alors son avenir à plusieurs reprises en jeu: le fait que les Bavarois éprouvent aujourd´hui encore des sentiments mitigés à propos de cette période de leur histoire n´est en rien surprenant.

A´l´occasion de ce 200e anniversaire, l´exposition s´est donné pour objectif de raconter l'histoire de "Napoléon et la Bavière" du point de vue bavarois. D'une part, l'alliance avec Napoléon lui apporta gloire et  célébrité et la fit entrer dans l'âge moderne. Il a donné un roi à la Bavière, avec une première constitution libérale et progressiste, et augmenta la taille de son territoire. D'autre part, les campagnes militaires constantes ont apporté mort et destruction à la Bavière, et nombre de ses soldats furent tués dans les guerres extra-territoriales. Aujourd'hui, les gens se souviennent encore des  30 000 soldats bavarois morts en Russie en 1812.

Les visiteurs de l'exposition pourront faire l'expérience de l´histoire passionnante et fascinante de ce quart de siècle. Quelques 350 pièces originales y sont exposées- certaines de grande valeur, d´autres plus discrètes, d´autres encore majestueuses ou profondément émouvantes. Elles proviennent du Musée de l'armée de Bavière ainsi que musées autrichiens, russes et français et de collections privées. Des présentations et des médias interactifs racontent l'histoire des décisions politiques ambitieuses de l´époque et illustrent leur impact sur les personnes qui les ont façonnées et vécues, et, qui plus souvent encore, ont occasionné maintes souffrances aux soldats, aux hommes et aux femmes de ce temps. Aujourd´hui la Bavière d'aujourd'hui porte de nombreuses traces de l'époque napoléonienne.

La Bavière sortit exsangue et banqueroutée de ces 25 années de guerre, mais aussi transformée car Napoléon en avait fait un royaume et un État moderne.

Maquette de l´exposition

Renseignements pratiques

Exposition "Napoléon et la Bavière" au Nouveau château d'Ingolstadt, Musée de l'armée bavaroise - Parade Platz 4, 85049 Ingolstadt, Allemagne - du 29 Avril au 31 Octobre 2015 - tous les jours de 9 à 18 heures.


Entrée: adultes € 9,00; réductions (par exemple les personnes âgées, les étudiants, les groupes de plus de 15) 7,00 €; enfants et jeunes âgés de 6 à 18 € 1,50;  écoliers en groupes scolaires € 1,00.

Visites guidées pour groupes: jusqu'à 15 personnes € 45,00, plus l´entrée - Plus de 15 personnes € 3,00 par personne plus l'admission

Informations: www.hdbg.de - Contact: http://www.hdbg.de/basis/07_das-haus_kontakt.php poststelle@hdbg.bayern.de

vendredi 24 avril 2015

La finta semplice / La fausse ingénue, le premier opéra italien de Mozart au Prinzeregententheater le 3 mai

Gravure pour la Finta semplice de Goldoni
L´Orchestre radiophonique de Munich (Münchner Rundfunk Orchester) interprétera une version concertante de l´opéra bouffe La finta semplice que le jeune Mozart composa alors qu´il n´était encore âgé que de douze ans. 

Ce dimanche 3 mai à 19H au Prinzregententheater de Munich ou à la radio en direct sur BR-Klassik (sur les ondes ou via internet). 

Wolfgang Amadeus Mozart:
"La finta semplice", KV 51
Opera buffa en trois actes (version concertante)

Avec:

Nuria Rial, soprano - Rosina, baronne hongroise, soeur de Fracasso, qui joue les fausses ingénues
Anna Lucia Richter, soprano - Ninetta, femme de chambre de Giacinta
Elena Belfiore, Mezzosoprano - Giacinta, soeur de Don Cassandro et de Don Polidoro
Leonardo Cortellazzi, ténor - Fracasso, capitaine hongrois dont les troupes sont stationnées près de Crémone
Oliver Ringelhahn, ténor - Don Polidoro, gentilhomme
Kay Stiefermann, baryton - Don Cassandro, misogyne tyrannique et avare, le frère aîné de Don Polidoro
David Steffens, basse - Simone, ordonnance du capitaine Fracasso
Francesco Moi, clavecin

Le Münchner Rundfunkorchester est placé sous la direction de Rinaldo Alessandrini.

La Finta semplice / La fausse ingénue est la première contribution du jeune Mozart à l´opéra italien. Mozart composa cet opéra-bouffe en trois actes en 1769 par Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret en italien de Marto Coltellini adapté de Carlo Goldoni. La création eut lieu au Palais de l'Archevêque de Salzbourg le 1er mai 1769. Mozart écrivit la musique en suivant les codes de la comédie utilisés par Philippe Néricault Destouches dans La Fausse Agnès ou Le Poète campagnard (1734). Les personnages sont empruntés à la commedia dell´arte. cette oeuvre de jeunesse, avec les beaux arias de Rosina et la fraîcheur du ton de la troupe, laisse déjà entrevoir le potentiel du futur compositeur d´opéras.

Tickets

BRticket, téléphone 089 / 5900 - 10 880 ou en ligne.

Source: BR Klassik

mercredi 22 avril 2015

Semaine du Ballet: le Ballett am Rhein danse "7" de Martin Schläpfer en spectacle invité

Martin Schläpfer et le Ballett am Rhein

Le Ballett am Rhein a connu un nouveau départ grâce à son directeur et chorégraphe en chef Martin Schläpfer qui le dirige depuis 2009. Il est aujourd'hui considéré comme l'une des meilleures compagnies allemandes. Le magazine "Tanz" a désigné Martin Schläpfer comme «chorégraphe de l'année» en 2010 et le Ballett am Rhein comme "meilleure compagnie de l'année» en 2013 et 2014.

La compagnie se compose exclusivement de solistes, 47 danseurs en tout, et se produit régulièrement sur les scènes de l´ Oper am Rhein à l'Opéra de Düsseldorf et au Théâtre de Duisburg ou, en spectacle invité, en France, aux Pays-Bas, en Espagne, en Autriche ou sur d´autres grandes scènes allemandes. Cette saison, le Ballett am Rhein a été invité à présenter des spectacles au Royal Opera House Muscat, au Festival Musica Sacra de Maastricht et au Théâtre national de Munich, où il présente cette semaine pour deux soirées la chorégraphie de Martin Schläpfer "7" en spectacle invité de la BallettFestwoche 2015 du Ballet d´Etat de Bavière (Bayerisches Staatsballett). Après Munich, cette chorégraphie sera dansée au mois de juin au Théâtre Stanislavski de Moscou. 

Martin Schläpfer, dont l´objectif est la création d´un «art de ballet pour le 21e siècle", nous offre une nouvelle approche du répertoire avec, aux côtés de ses propres chorégraphies, une importante présence de chefs-d'œuvre du 20e siècle créés par des chorégraphes tels que George Balanchine, Kurt Jooss, Antony Tudor, Frederick Ashton, Jerome Robbins, Merce Cunningham, Hans van Manen, Twyla Tharp, Mats Ek, Jiří Kylián, Nils Christe, Amanda Miller ou Paul Lightfoot et Sol León. Il travaille aussi intensément avec la nouvelle génération artistique, notamment avec Regina van Berkel, Martin Chaix, Marco Goecke, Uri Ivgi et Johan Greben, Young Soon Hue et Antoine Jully. Pour ses productions à l´Opéra allemand du Rhin, il bénéficie pour l´interprétation musicale de la collaboration de deux orchestres du plus haut niveau, l´Orchestre symphonique de Düsseldorf (Düsseldorfer Symphoniker) et l'Orchestre Philharmonique de Duisburg. Pour les deux soirées munichoises, l´Orchestre symphonique de Düsseldorf a également fait le déplacement, avec son directeur général de la musique, Axel Kober, qui dirige la septième symphonie de Mahler, la symphonie n° 7 en mi mineur, appelée Chant de la nuit , ou parfois simplement Chant de nuit.

L´approche chorégraphique de Martin Schläpfer est parfois qualifiée de néo-classique, le chorégraphe veut atteindre "une nouvelle intensité, un langage chorégraphique qui soit à la fois un exercice intérieur sur le plan émotionnel, et extérieur sur le plan corporel. »

"7"


Des danseurs chaussés de lourdes bottes et de redingotes noires entrent en scène comme à l´aboutissement d´un long voyage qui les a menés vers un monde qui pourrait bien leur devenir une nouvelle patrie. La musique et la danse se mêlent dans le psychodrame de ces existences poussées à bout. Et puis soudain émergent l´insouciance complète, un humour retrouvé, une naïveté enfantine, ainsi que l´excellence virtuose de la danse.



La symphonie, c´est construire un monde avec tous les moyens existants, disait Mahler pour définir ses propres créations. C´est aussi le cas du ballet "7" de Martin Schläpfer: le monde y devient un espace de représentation dans lequel les défis de l´existence semblent littéralement s´inscrire dans les corps des danseuses et des danseurs. Les différentes scènes explorent par la richesse de l´imagination les domaines dans lesquels la danse est en mesure de développer son pouvoir spécial. Il en résulte un kaléidoscope obsédant avec un déploiement de zones grises et de nuances intermédiaires. Des énergies frémissent, se libèrent et se mettent à émettre de légères vibrations. La chorégraphie s´inscrit dans l´architecture puissante de la symphonie de Mahler et suit ses déchirements intérieurs, ses tourmentes, son agitation inquiète, ses angoisses,  mais aussi ses moments de légèreté insouciante, qui ne comblent pourtant pas les profondes fractures. L´expérience du vagabondage et la recherche d´une terre sur laquelle s´ancrer permettent  aux voyageurs, aux danseurs, et par identification, aux voyageurs que nous sommes, de se/nous retrouver, d´approcher leur/notre être profond.

La scène est dépouillée, encadrée de panneaux mobiles d´un gris bleuté, aux éclairages variables, qui se détachent sur un fond noir ou blanc selon les mouvements de la symphonie, comme le paysage très sombre du premier mouvement, et les deux nocturnes des deuxième et quatrième mouvements. Les seuls éléments de mobilier sont les tabourets du dernier tableau. Les décors et les costumes sont dus à Florian Etti, les lumières sont de Volker Weinhart.



La chorégraphie suit les mouvements de cette symphonie inquiète qui parvient à transcender ses propres inquiétudes et sa double traversée de la nuit pour aboutir à un monde plus lumineux dans le rondo final. La septième décrit la lente progression des ténèbres du premier mouvement à la lumière du rondo final: elle commence lugubrement par un si mineur malaisé, comme est malaisée la progression de ces danseurs voyageurs qui arrivent lourdement vêtus et chaussés en scène, et se termine par un rondo éclatant qui finit en ut majeur, et c´est aussi à une ronde que l´on assiste au final avec l´ensemble des danseurs et des danseuses qui ont constitué un cercle avec un grand nombre de tabourets pour y participer à un grand jeu de chaises musicales qui permet, en fin de compte et de parcours, à ces vagabonds chercheurs d´un avenir meilleur de s´installer et de faire souche. Avant cette ronde, Martin Schläpfer met en scène une danseuse qui entre en scène munie d´un tabouret pour un solo au cours duquel elle explore les possibilités de cet objet, avec lequel elle fait corps, comme une personne qui prend possession d´un nouveau domicile. 

La chorégraphie de Martin Schäpfer et l´interprétation inspirée de la septième symphonie de Mahler par Axel Kober et le Düsseldorfer Symphoniker invitent le spectateur à un voyage dont il pourrait bien, pour autant qu´il réponde à l´invitation, sortir transformé.

Le programme de la soirée cite un extrait des Notes sur la mélodie des choses, de Rainer Maria Rilke, qui rend bien le sentiment qu´on emporte  au sortir de ce spectacle:

Que ce soit le chant d´une lampe ou bien la voix de la tempête, que ce soit le souffle du soir ou le gémissement de la mer, qui t´environne -- toujours veille derrière toi une ample mélodie, tissée de mille voix, dans laquelle ton solo n´a sa place que de temps à autre. Savoir à quel moment c´est à toi d´attaquer, voilà le secret de ta solitude : tout comme l´art du vrai commerce c´est : de la hauteur des mots se laisser choir dans la mélodie une et commune. / Sei es das Singen einer Lampe oder die Stimme des Sturms, sei es das Atmen des Abends oder das Stöhnen des Meeres, das dich umgiebt – immer wacht hinter dir eine breite Melodie, aus tausend Stimmen gewoben, in der nur da und dort dein Solo Raum hat. Zu wissen,wann Du einzufallen hast, das ist das Geheimnis deiner Einsamkeit: wie es die Kunst des wahren Verkehres ist: aus den hohen Worten sich fallen lassen in die eine gemeinsame Melodie.

Billetterie

Il reste des places pour la représentation de ce soir, 22 avril à 19H30. Cliquer ici pour réserver.

Crédit photographique: Gert Weigelt

mardi 21 avril 2015

Marcus H. Rosenmüller met en scène Le Comte Ory entre bowling et château.


Le cinéaste bavarois Marcus H. Rosenmüller signe sa première mise en scène d´opéra avec le Comte Ory de Rossini, un spectacle qu´il a conçu pour l´Opéra Studio du Bayerische Staatsoper. Rosenmüller s´est interrogé sur la personnalité d´Ory, un personnage qu´il avait de prime abord trouvé plutôt sympathique à la lecture du livret d´Eugène Scribe et  de Delestre-Poirson. N´était-ce là qu´un vil séducteur profitant de l´absence des hommes partis à la Croisade pour faire tomber un maximum de femmes dans ses filets, qu´un manipulateur éhonté se déguisant en ermite puis en nonne pour faire succomber la Comtesse Adèle, femme prude et fidèle au serment juré à son frère? Rosenmüller déplace l´action du moyen âge aux années 1970, entre bowling et château, plutôt qu´entre cour et jardin, et fait du Comte Ory une rock star amateur de bowling et de jolies femmes qui l´adulent comme autant de groupies. 

Avant même l´ouverture, le Gouverneur du comte traverse la salle et interpelle le public en lui demandant s´il sait où se cache Ory qui est devenu introuvable. Le rideau se lève alors que l´orchestre entame les premières notes sur un décor aérien rêveur et poétique: deux arbres morts déracinés, entre lesquels est suspendu un hamac, planent dans le vide et surplombent un sol jonché de pommes en bois géantes. Dans le hamac se repose  le Comte Ory couché et tenant une guitare, rêvant sans doute de conquêtes et de séductions que symbolisent peut-être les pommes tentatrices qu´il surplombe. 

Alors que l´ouverture s´achève, le décor d´un bowling nous est révélé, surmonté de deux enseignes lumineuses, désignant un bowling dont l´enseigne lumineuse annonce le nom: Château (décors de Doerthe Komnick). Ory n´est plus le faux ermite que l´on sait mais une star du rock ou de la pop, en coiffe corsaire et peignoir de catcheur  qui recouvre un training lilas des plus flashy, avec un clin d´oeil appuyé à la scène du bowling du Big Lebowski des frères Coen. Rosenmüller, qui voulait actualiser l´action, a trouvé des similitudes entre le charisme de l´ermite et celui d´une idole de la chanson: la fascination des foules, l´empire qu´ils peuvent exercer sur elles, leur pouvoir de persuasion et de séduction, leurs pouvoirs de thaumaturges. Jette tes béquilles et marche! Par sa seule présence, le Comte Ory munichois guérit un homme blessé qui se débarrasse de ses cannes anglaises, son magnétisme est tel que ses adoratrices s´évanouissent. Et lorsqu´il lance sa boule sur la piste d´érable, et rate sa cible, les quilles tombent comme par enchantement. Toutes les femmes sont à ses pieds et s´offrent à lui avant même qu´il ne les y sollicite. 

La transposition ermite/roi du rock fonctionne bien et renforce l´ambiguïté de la position de toutes ces femmes laissées pour compte  en raison du départ à la croisade de leurs maris. Nombre d´entre elles sont prêtes à devancer l´appel aux jeux lascifs d´Ory et de ses compagnons. L´idée du bowling est bien trouvée, un lieu de divertissement, de rencontre et de promiscuité où le prétexte d´un jeu d´adresse permet toutes les démonstrations de la séduction et de la sensualité dans le déploiement kitsch de codes vestimentaires colorés des trainings ou des tenues d´aérobic, bien rendus par les costumes de Sophia Dreyer.  On retrouve encore une allusion à l´ermite au moment où Ory se déshabille et dévoile le tatouage du mot CIEL gravé sur son ventre. Sans doute le ciel auquel aspirent les ermites est-il différent du septième ciel auquel Ory convie ses victimes d´ailleurs souvent consentantes.

Lorsque le gouverneur démasque le stratagème du Comte Ory à la fin du premier acte, celui-ci ne se laisse pas abattre mais imagine un second stratagème pour approcher la Comtesse Adèle. A la faveur d´un terrible orage fort bien rendu par Marcus H. Rosenmüller qui fait venir des percussionnistes sur scène pour en reproduire les grondements accompagnés des jeux de lumières évocateurs de Michael Bauer, et qui munit les habitantes du château de parapluies colorés, le Comte Ory et ses compagnons déguisés en nonnes demandent aux femmes du château de les accueillir. Clin d´oeil au bowling, les religieuses sont affublées de costumes grotesques en forme de quilles avec leurs coiffes surélevées et sphériques et leurs jupes en forme de montgolfières. Elles pénètrent dans l´univers féminin du château rendu par une série de stéréotypes qui évoquent les femmes au foyer, du repassage à l´epluchage des légumes ou du vélo d´appartement aux produits d´entretien, un univers de femmes confinées qui pour tromper l´ennui se font livrer une pizza ou regardent la télé.

Des nonnes en forme de quilles de bowling

Marcus Rosenmüller excelle à rendre le ton léger et tonique de la farce qu´est cet opéra en variant les procédés du comique, comique de gestes, de caractères et de situation. La mise en scène est émaillée de belles trouvailles. Ainsi lorsque les hommes d´Ory déguisés en nonnes se transforment en vampires aux baisers sanguinolents qui s´accouplent aux femmes du château alanguies sur des tables, ou lorsque Raimbaud accompagne son récit d´une projection d´ombres chinoises sur un drap tendu. Les caractères sont plus complexes qu´il n´y parait, la comtesse n´est pas la Toute-Prude, pas plus qu´Ory n´est un Don Juan éhonté, l´ambiguïté règne en maîtresse. Le tercet final réunit le Comte, la Comtesse et Isolier dans un beau tableau. La fin rejoint le début: Adèle dans le hamac est entourée de ses deux soupirants, Ory et Isolier, assis sur des balancelles. Ory n´est pas vraiment puni du (double) travestissement d´Isolier, qui s´est déguisé en Adéle, puisqu´il finit par se retrouver dans le hamac avec la Comtesse et le page pour une scène de triolisme. Et le retour des croisés ne rétablira qu´un ordre moral apparent. Le pari de cette première mise en scène d´opéra est gagné haut la main par le cinéaste bavarois.

Elsa Benoit, Marzia Marzo et Matthew Grills
A l´audace de la mise en scène répond l´enthousiasme des jeunes talents des membres de l´Opéra Studio, avec les trois grandes révélations du Comte Ory de Matthew Grills, de la Comtesse Adèle d´Elsa Benoit et de l´Isolier  de Marzia Mazzo. Matthew Grills est un ténor aux luminosités solaires, impressionnant de justesse, rompu aux techniques du chant rossinien dont il maîtrise à  merveille le vibrato et les trémolos, avec une belle projection de voix, puissant, avec des envolées phénoménales dans l´aigu, doté d´un humour vocal des plus amusants, un acteur engagé, fougueux, qui brûle les planches, un Ory des plus réussis, en un mot fabuleux. Elsa Benoit est unanimement saluée en Comtesse Adèle, la chanteuse enchante par une myriade de qualités dont l´étendue et l´agilité vocales ne sont pas les moindres, on apprécie la subtilité et le raffinement de ses ornements qui servent d´autant mieux le personnage qu´ils ne sont pas ostentatoires, ses montées flûtées vers l´aigu sont un pur ravissement, la diction et la projection de voix sont impeccables, enfin elle séduit par la finesse et la vivacité de son jeu scénique. L´Isolier de Marzia Marzo est lui aussi un pur délice avec le double travestissement androgyne de la chanteuse qui chante un personnage masculin qui se travestit en femme pour ridiculiser l´arrogant  prétendant de sa belle. Marzia Marzo a un jeu de scène plein de subtilités , et parvient à donner le change même en débardeur! Dotée d´un timbre impressionnant, elle dispose d´un mezzo éclatant, riche et chaleureux, avec de belles couleurs sombres. On a là trois jeunes chanteurs de tout premier plan, qui semblent tous trois promis à un très bel avenir et dont on suivra la carrière avec grand intérêt. La Ragonde de l´américaine Rachael Wilson est tout aussi remarquable. Le Raimbaud de John Carpenter et le Gouverneur de Leonard Bernad,  avec tous deux de belles profondeurs, sont de belle tenue, tout en manquant parfois de différenciation dans l´expression émotionnelle, mais il est vrai que leurs personnages sont moins définis et plus univoques  que ceux des rôles principaux. Tous les chanteurs passent bien au-dessus de l´orchestre, important (plus de 30 instrumentistes) au regard du volume du théâtre rococo qu´est le Cuvilliés. La chef d´orchestre, Oksana Lyniv, se montre extrêmement attentive à tempérer la fougue joyeuse de l´orchestre pour l´harmoniser avec la performance des chanteurs et l´expressivité de leurs personnages. Elle est un chef précis, minutieux, très mobile et expressif, et, à entendre sa rigueur, on comprend que Kirill Petrenko l´ait choisie pour assistante au Bayerische Staatsoper. Elle semble éprouver un réel plaisir à interpréter la vibrante musique du Maître de Pesaro et nous le partage en donnant une grande soirée d´opéra comique.

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Crédit photographique: Wilfried Hösl